Le conseil des ministres franco-allemands s'est tenu, ce lundi, pour la 14e fois. Angela Merkel est arrivée en fin de matinée à Paris pour rencontrer Nicolas Sarkozy. Au programme : la crise économique de la zone euro, la dette grecque et la situation en Syrie. L'occasion avant tout de se montrer toujours plus proches.
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, le 2 novembre 2011 lors du G20 de Cannes. (francediplomatie/Flickr)
La France et l'Allemagne ont rarement été aussi proches. Le couple Merkozy s'affiche partout et fait beaucoup parler de part et d'autre du Rhin. Trois semaines après avoir dit qu'elle soutiendrait Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle à venir, Angela Merkel a rappelé qu'il était "normal de soutenir des partis amis". Le Président français a, lui, souligné que l'amitié franco-allemande n'était "pas un choix mais un devoir".
Grèce : pas d'accord-pas d'argent
"Il ne peut y avoir de nouveau programme d'aide financière à la Grèce si elle ne conclut pas avec la troïka" (NDLR : Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), a réaffirmé Angela Merkel. Le Président et la Chancelière ont également proposé de bloquer sur un compte les intérêts de la dette grecque, "pour être sûr que cet argent soit durablement disponible".
L'harmonisation fiscale
Le Président français a parlé de la création d'une zone fiscale étroite entre la France et l'Allemagne, notamment pour l'impôt sur les sociétés. Cette zone permettrait de rapprocher encore davantage les deux pays pour "créer une zone de stabilité en Europe". Nicolas Sarkozy a jugé bon de préciser : "La France ne jalouse pas l'Allemagne, mais elle s'en inspire", répondant à ceux qui craignent un simple copier-coller du système allemand. Il a rappelé que l'Allemagne avait un "taux d'impôt sur les sociétés plus bas mais une assiette plus large que la France". Pour lui, il faut élargir l'assiette de l'impôt sur les sociétés françaises pour baisser ses taux. La chancelière souhaite, elle, que ces mesures soient "finalisées avant le 50e anniversaire du Traité de l'Elysée". Le général De Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer avait signé ce traité en 1963 en vue d'une coopération renforcée entre la France et l'Allemagne.
La taxe sur les transactions financières
Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ne sont pas revenus sur la taxe Tobin. Et pour cause : il s'agit d'un sujet de discorde entre les deux pays. Nicolas Sarkozy avait pris la Chancelière de court en annonçant, il y a un mois, la mise en place de la taxe dès le 1er août en France. Angela Merkel n'a pas le soutien de sa coalition sur la question et réclame une instauration de la taxe au niveau européen. Le projet de loi doit être déposé en France ce mercredi.
La Syrie
Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il contactera ce lundi, au nom de la France et de l'Allemagne, le président russe Dimitri Medvedev. La Russie avait mis son veto samedi 4 février à une résolution du Conseil de sécurité condamnant les violences en Syrie. Le Président français a rappelé que " la France et l'Allemagne ne laisseront pas tomber le peuple syrien ". Les deux pays ont également évoqué la formation d'un Club des amis de la Syrie.
À défaut d'annonces fortes, le 14e conseil des ministres franco-allemands aura surtout permis aux dirigeants français et allemands d'afficher leur entente. Les questions de fond seront peut-être abordées lors de l'entretien télévisé commun, diffusé ce lundi 6 février sur France 2 à 20h et la chaîne allemande ZDF.
Dorothee Haffner