Depuis le lancement du vote, les réactions sont mitigées. À une semaine de sa fin, de nombreux jeunes engagés ont fait leurs choix et les expriment haut et fort.
Qui a eu l’idée de lancer une grande consultation pour décider de l’avenir de l’Alsace sur l’échiquier de la Grande Région ? C’est Frédéric Bierry qui est à l’origine de cette consultation citoyenne pour pousser l’Alsace à divorcer du Grand Est.
Cette consultation se déroule jusqu’au 15 février. Tous les Alsaciens peuvent y participer, il suffit de répondre par oui ou non à la question suivante : l'Alsace doit-elle sortir du Grand Est et redevenir une région à part entière ?
Trois modes de vote sont possibles, par internet sur la plateforme « entre-vos-main.alsace.eu », Par bulletin, dans des urnes de proximité dans les points d’accueil de la Collectivité européenne d'Alsace (CeA), ou par voie postale aux adresses respectives des deux sièges de la CeA.
La consultation qui fâche
Depuis son lancement, cette consultation citoyenne a suscité beaucoup de réactions. Soixante jeunes alsaciens de tout bord politique ont signé une tribune transpartisane intitulée « Oui à une nouvelle région Alsace ».
Ils sont pour la naissance d’une nouvelle région Alsace et veulent « reprendre leur destin en main ». « Depuis la réforme de 2014, on ne nous a pas demandé notre avis, on a eu des pétitions initiées par des particuliers ou des groupes de personnes, des manifestations, mais c’est la première fois qu’une collectivité propose une consultation de la sorte », indique Victor Vogt, conseiller d’Alsace et maire de Gundershoffen.
Cinquante personnalités des arts, de la culture et du spectacle en Alsace ont appelé à participer à la grande consultation citoyenne. Ils se mobilisent sans donner de consigne de vote. « L’appel des 50 » estime que cette consultation a un double intérêt : au-delà de la question posée, on demande leur avis aux Alsaciens, par un moyen de démocratie directe.
Pour Marcello Rotolo, le conseiller régional du groupe politique « La Gauche solidaire et écologiste », ce n’est pas parce que « l’Alsace est la région la plus riche des trois anciennes régions » qu’elle doit se replier sur elle-même. Pour lui, cette consultation ne doit pas être indépendantiste : « Ce qui m’inquiète, c’est qu’on n’est pas là pour l’autonomie de l’Alsace. »
Le mode de consultation dérange
De son côté, Marcello Rotolo, conseiller régional et maire de Soultz, a adopté avec la majorité de son conseil municipal une motion « en faveur du maintien de l’Alsace dans la région Grand Est », avec trois votes contre. Ce qui lui pose problème par rapport à la grande consultation citoyenne, c’est sa légitimité. « N’importe qui peut voter. Vous pouvez voter deux fois, alors qu’avec un référendum les choses seront plus représentatives », estime l’élu.
La consultation se déroule dans un cadre juridique précis, et sous le contrôle de l'huissier de justice Maître Deneuville. Victor Vogt assure que les votes doubles sont supprimés automatiquement. Ce dernier affirme qu’après le succès de cette consultation, « l’Alsace ne sera pas déplacée géographiquement en dehors de la France ».
« Dans une Vème République où le rapport est vertical, une institution va dans un sens horizontal pour demander aux deux millions d’habitants leur avis, alors la légitimité est là », soutient Victor Vogt.
Un sondage réalisé par Ifop en novembre 2021 révélait que 64% des Alsaciens voulaient sortir du Grand Est. L'enquête soulignait également que les plus de 50 ans étaient majoritairement favorables à cette position (de 70 à 74 %), contre 50 % pour les jeunes de 18 à 24 ans.
Achraf El-barhrassi