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En novembre 2019, la dernière tour située au 12 rue Kepler, se vide peu à peu. Il ne reste plus qu’une quinzaine de familles. © Madeleine Le Page

Rues piétonnes, jardins partagés, bacs de compost, espaces verts… L’écoquartier de la Brasserie présente les atours d’un habitat moderne en 2019. Cerise sur le gâteau, les immeubles à hauteur modérée, espacés les uns des autres et aux devantures colorées, bénéficient d’un chauffage géothermique au sol, neutre en carbone. 

Niché entre la route de Mittelhausbergen et la rue Ernest Rickert au sud de Cronenbourg, l’écoquartier de la Brasserie a accueilli ses premiers habitants il y a cinq ans.  Aujourd’hui, 1200  personnes vivent cette expérience originale d’habitat. Sur ces lieux se situait l’ancienne brasserie Kronenbourg, le géant de la bière alsacienne. L’enseigne trône à présent sur l’hôtel récemment construit à cet emplacement. L’entreprise a cédé son terrain en 2006 à la SERS, une société d’aménagement locale. L’ancienne équipe municipale décida alors d’utiliser ce terrain pour y construire le premier écoquartier de la ville. Pari gagné pour Serge Oehler, l’actuel adjoint à la mairie chargé du quartier Cronenbourg : "C’est un secteur qui apporte une belle diversité au quartier et une dynamique habitante très intéressante qui a permis d’ajuster avec les habitants des espaces qui ont dû être repensés à l’usage."

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Les jeunes du quartier s'affrontent sur les deux tables de ping-pong du gymnase de l'Aquarium. © Manal Fkihi

Cinq étages plus haut, Monique Grall a investi les lieux un mois après Noëlle, en juillet 1969. "Pendant les travaux je suis entrée sur le chantier. Je me suis tout de suite dit c'est ça que je veux", se souvient celle qui vivait alors rue Becquerel, à une centaine de mètres plus loin, avec mari et enfants. Cinquante ans plus tard, elle est toujours là : "C’est chez moi. C’est à moi !"

Un ami l’a aidé à construire une voûte qui sépare le salon et la salle à manger, remplacer la moquette par un parquet flottant, rajouter une douche dans la salle de bain et refaire l’isolation. "J’y ai mis du fric", s’exclame-t-elle. Attachée à son petit cocon elle prévient avec ironie : "Si on me fiche dehors il y aura un feu de joie". Pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, Christine Boutin, alors ministre du Logement, militait pour le relogement des personnes dans les HLM sous-occupés. "Je vivais déjà seule à l’époque. Elle voulait foutre les gens comme moi dehors", s’indigne Monique. Aujourd’hui, on ne lui demandera jamais de partir.

J’aime bien dire que je connais presque chaque caillou de Lavoisier.

Les nombreux repas de famille ont rassemblé jusqu’à 40 personnes autour de sa table. "Pour mes 33 ans on était 33", raconte-t-elle le regard plongé dans les vieilles photos de l’album de famille précieusement conservées. Puis ses enfants se sont mariés, ont quitté le domicile familial. "Je vis seule ici mais je n’ai aucun complexe. J’y ai passé les deux tiers de ma vie", assure celle qui s’est séparée de son mari en 1996.

"Mon appartement c’est mon terrier"

Depuis le départ de ses enfants, Monique collectionne toutes sortes de choses : 44 jeux d’échec, 47 parapluies, 2600 fèves, 4500 livres et beaucoup d’autres collections. Elle en dénombre une quinzaine qui s’étalent dans chaque recoin de l’appartement. "Je vais bientôt manquer de place, reconnait-t-elle dans un éclat de rire. Avant, on fêtait Noël ici. La maison était décorée. Mais c’est plutôt moi qui vais chez eux maintenant." La table à manger est aujourd’hui jonchée d’échiquiers.

Dans le salon, des œufs de décoration sont posés sur des livres qui n’ont pas trouvé de place ailleurs. Derrière le grand canapé familial bleu azur, une grande bibliothèque Ikea datant du début des années 2000 est comble. Pour satisfaire ses envies de collectionneuse, les chambres sont devenues des débarras : "Mon appartement me permet de voyager. Je ne suis jamais seule. Je suis entourée de tous ces auteurs, de ces objets qui ont une âme." Monique a déjà consulté les prix des nouveaux logements sociaux de l’écoquartier de la Brasserie : ils s’avèrent plus petits pour un loyer équivalent à celui de son appartement actuel. "Les trois pièces sont quasiment aussi chers que les cinq pièces si le logement est neuf, reconnait Paul Strassel. Quel intérêt il y aurait à payer autant pour plus petit ?"

 

Loeiza Larvor et Manon Lombart-Brunel

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Au rez-de-chaussée, de jeunes basketteurs s'entraînent au shoot. © Manal Fkihi

Le CNRS en corps étranger

13 novembre 2019

Le CNRS en corps étranger

Installé dans le quartier depuis 1960, le CNRS reste un acteur méconnu.

Le chœur de Saint-Sauveur

Vous savez, ma première chorale, j’avais 8 ans”, sourit Jean-Paul Gendner, 73 ans. Cet ingénieur de recherche à la retraite n’est pas ce qu’on pourrait appeler un novice à la chorale Cantallia, bien qu’il ne soit arrivé “qu’en” 2004.

Cette chorale, née en 1997 de la fusion de l’ensemble vocal de la paroisse protestante de Koenigshoffen et de la chorale paroissiale de Cronenbourg, réunit tous les mardis soirs à l'église Saint-Sauveur ses 45 choristes, dont une majorité de Cronenbourgeois. Certains sont là depuis le début comme Doris Machejek, 72 ans, dont 22 à Cantallia. La chorale a su fidéliser ses membres et en attirer de nouveaux, à l’image de Chantal Foesser, petite nouvelle de 65 ans.

La chorale alterne entre sacré et profane, en français et en anglais. Forçant parfois le chef de chœur, Clément Charlon, élève au Conservatoire de Strasbourg, à faire travailler la prononciation. Si l’atmosphère est chaleureuse, elle n’en est pas moins sérieuse, surtout à l’approche des représentations de Noël. C’est d’ailleurs cette ambiance studieuse et détendue qui plaît aux choristes, ainsi que le partage d’un intérêt commun et la présence de jeunes chefs en formation très investis. Les chanteurs ont leur recette pour amadouer les profs. “Je repars avec des confitures toutes les semaines”, avoue le jeune enseignant avec un sourire.

Léa Giraudeau

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Quand le temps le permet, les enfants jouent dans la cour devant Les Disciples avant de retourner chez eux. © Claire Birague

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Monique Grall est membre de la CLCV (Consommation logement cadre de vie), une des plus importantes associations de consommateurs en France. En 2005, elle était en première ligne pour empêcher la destruction de la tour Lavoisier par la mairie de Strasbourg. © Manon Lombart-Brunel

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Tania Dos Santos, gérante du salon de coiffure Vagues et Coiffures, constate qu'il y a une diminution du nombre de commerces dans le quartier. © Eva Moysan 

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