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"Je suis très triste, c’est mon magasin préféré. Ils avaient un rayon sans gluten et ma fille ne mange que ça", déplore Imma Rosiello, une autre habituée.

Le jardin de l'école élémentaire Erckmann-Chatrian. © Laurent Offerle-Guillotin

Silence, ça poussera

Mais le week-end, ses chemins se gorgent de badauds, venus à pied, en calèche ou en barque. La plupart se rendent dans une des auberges construites au bord des nombreux cours d’eau qui traversent la zone. Particulièrement prisée : l’auberge de la Tour Verte, aujourd’hui station essence, constitue alors le cœur névralgique de la Montagne-Verte. Selon l’historien Louis Schneegans (1812-1858), c’est même elle qui lui aurait donné son nom.

Le faubourg englobe alors le quartier de l’Elsau et la ville d’Ostwald, jusqu’au Canal du Rhône au Rhin à l’est3. Pour profiter de l’eau, beaucoup s’arrêtent aux bains du Herrenwasser, en face de l’île Weiler, aux abords de laquelle les rameurs du club d’aviron Stella commencent leur entraînement. Sur l’Ill, des joutes nautiques tranchent avec la paisibilité ambiante. Une tranquillité qui pousse même certains Strasbourgeois à y bâtir leur maison de campagne.

"C'est un bout de la vie du quartier qui s’en va avec cette triste décision. J’aimais bien venir ici. Le rayon des produits locaux était vraiment super pour faire attention à notre consommation, acheter des produits d’ici", affirme Laurent, encore hébété par la nouvelle. À quelques semaines de la fermeture, dans les allées, les rayons sont déjà dégarnis, avec des étagères et des palettes laissées vides. La fermeture est un choc pour les clients.

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La cour de l’école élémentaire du Gliesberg attend d’être végétalisée. © Camille Carvalho

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Le jardin de l’école primaire Erckmann-Chatrian borne la cour bétonnée. © Laurent Offerle-Guillotin

La viande halal, un point fort 

Les amateurs se retrouvent dans le quartier, sur la bien nommée "île aux pêcheurs", aujourd’hui située à Ostwald, pour partager un moment en famille et entre amis. Plus loin, près du pont de l’Elsau, c’est un des nombreux agriculteurs du quartier qui profite de l’Ill pour faire boire et laver ses chevaux avant de retourner au labour. 

En ce XIXe siècle, le canal est encore le moyen le plus pratique et le moins cher pour le transport des marchandises. Sur l’eau, le trafic le plus important reste industriel. En remontant vers le nord du quartier, on s'écarte le long du canal de la Bruche pour laisser passer les ouvriers tirant leurs barques, chargées de pierres de grès rose destinées à l’entretien de la cathédrale, de fourrage ou de tonneaux de vins. Ici, le canal est trop étroit et l’eau trop peu profonde pour ramer. Alors il leur faut poser le pied à terre, attacher une corde au bateau et marcher jusqu’au quai de la Flassmatt, où toutes les marchandises sont débarquées. Les bateaux, trop petits et trop chargés pour emprunter l’Ill, risqueraient de chavirer. Blessée au flanc, la barque de notre batelier passera par l’atelier de Daniel Grieser, restaurateur de bateaux7, avant de repartir.

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Carte postale de l’île aux pêcheurs, 17 novembre 1903. © Collection Jean Paul Meyer

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