Le climatologue Jean Jouzel a remis samedi un rapport sur l'évolution du climat en France. D'ici à 2100, les températures ne cesseraient d'augmenter. En Alsace, les spécialistes constatent déjà les effets du réchauffement climatique. A long terme, tout l'écosystème pourrait être modifié.
Hausse des températures, précipitations plus importantes et événements météorologiques extrêmes plus fréquents, le rapport sur l'évolution du climat rendu samedi par le climatologue, Jean Jouzel, à Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, sonne comme un signal d'alarme.
En Alsace, les hivers devraient être plus doux et humides, les étés plus chauds et plus secs à l'avenir. Ces dix dernières années, la hausse des températures s'est déjà accélérée dans la région : « De 2000 à 2010, la température a augmenté de 0,4°C en Alsace, précise Yves Hauss, responsable des études et de la climatologie de Météo France Nord-Est, on a pris 1°C depuis les années 1950. » L'objectif européen de limiter à 2°C la hausse des températures semble difficile à tenir. « Depuis 15 ans, le climat s'est décalé. Strasbourg a aujourd'hui les températures de Lyon en 1950. Selon le scénario le plus optimiste, Strasbourg sera, en 2050, au stade de Montélimar en 1950, sinon, ce sera Marseille ou au-delà. »
« En août 2003, on était aux températures de Marseille »
Quel que soit le scénario, les températures augmenteront, assure Yves Hauss. « Même si on arrête d'émettre des gaz à effets de serre, le réchauffement climatique ne reviendra pas en arrière. Le CO2 reste en moyenne 100 ans dans l'atmosphère. »
Le rapport sur le climat prévoit également des événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents. Yves Hauss l'a constaté en Alsace : « En août 2003, on était aux températures de Marseille tout comme en juillet 2006. » La canicule de juillet 2010 à Moscou reste dans la mémoire des spécialistes. « On ne peut pas exclure que ça arrive aussi chez nous. Ca a fait énormément de dégâts, toute la végétation est morte. »
La faune et la flore ne se déplacent pas assez rapidement pour suivre le réchauffement climatique. « Les forestiers ne savent pas si ce qu'ils plantent aujourd'hui va dépérir. » Les animaux sont les plus touchés par les conséquences de l'évolution climatique. « On voit parfois des insectes ou des oiseaux que les botanistes n'ont jamais vus ici. » Attirés par un climat doux, ils ne trouvent pourtant pas l'écosystème dont ils ont besoin.
Pour limiter les conséquences du réchauffement climatique, les experts mettent l'accent sur la réduction des gaz à effets de serre. En Alsace, Yves Hauss insiste lui aussi sur l'importance de ces mesures. Il détaille trois points : employer davantage les transports en commun pour plus d'efficacité énergétique, consommer autrement et développer les énergies renouvelables. « Il y a vraiment de quoi faire, sauf qu'il faut que la volonté politique soit derrière.»
Anne-Claire Gross