Le musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg ouvre vendredi l'exposition "Doré & Friends", consacrée à l'influence majeure qu'exerce toujours l'illustrateur du XIXe siècle né à Strasbourg sur la bande dessinée et le cinéma.
Alors que le musée d'Orsay vient d'ouvrir sa rétrospective sur Gustave Doré, le musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg invite à découvrir la filiation qui unit depuis longtemps les dessinateurs et cinéastes à l'artiste strasbourgeois. Et pour entrer dans une exposition qui célèbre l'imagination, quoi de mieux que de débuter à contre-courant ? Le visiteur est accueilli par plusieurs photos de Gustave Doré, né à Strasbourg en 1832 et mort en 1883. Viennent ensuite des caricatures de l'artiste, croqué par ses collègues de l'époque. Des dessins pour donner le ton, car c'est bien la facette la plus connue de Gustave Doré qui est mise en avant dans l'exposition "Doré & Friends" : l'illustrateur et son influence durable sur les artistes.
Engagé dès l'âge de 15 ans au Journal pour Rire, Gustave Doré s'impose rapidement comme l'un des illustrateurs les plus doués dans la presse et la littérature. Beaucoup connaissent sa mise en images des contes de Perrault et des fables de La Fontaine, mais Doré est un artiste accompli.
De nombreuses œuvres originales, issues de ses livres comme de ses travaux pour la presse, sont disposées dans les allées du musée. On y retrouve un de ses premiers livres, Des-agréments d'un voyage d'agrément. Sorti en 1851, celui-ci l'impose, à l'instar du Suisse Rodolphe Töpffer, comme l'un des précurseurs de la bande dessinée, alors encore balbutiante. Il y raconte, sous la forme d'un carnet de bord, le voyage en Suisse d'un artisan et y explose les codes du récit alors en cours à l'époque.
BD et cinéma
Le neuvième art a la part belle dans cette exposition : les dessins novateurs et surabondants de détails de Doré côtoient des artistes avant-gardistes récents. Le dessinateur satirique Willem (Grand Prix à Angoulême en 2013), Blutch et Winshluss, tous présents dans l'exposition, poursuivent dans la narration déstructurée, entamée par Doré dans l'illustration. A l'étage du musée, place est faite aux illustrateurs contemporains comme Iris Levasseur, Antoine Marquis et Julien Carreyn. Pour conclure l'exposition, une salle projette plusieurs extraits de films et les confronte aux dessins de Doré.
Le cinéma n'est pas non plus resté imperméable à l'influence de Gustave Doré. Ses univers fantastiques se retrouvent aussi bien dans les décors de King Kong et de Terry Gilliam (le Baron de Münchausen), que chez Jean Cocteau (La Belle et la Bête) et Jacques Demy (Peau d'Ane).
Et pour ceux qui ne seraient pas encore rassasiés, la monumentale peinture Le Christ quittant le prétoire, son chef d'oeuvre de près de 6 mètres sur 9, est visible en permanence au musée.
L'exposition "Doré & Friends" se tiendra jusqu'au 25 mai.
François Delencre