Entre l'UMP et l'UDI, pas de véritables différences dans les programmes ; c'est surtout l'image des candidats François Loos (UDI) et Fabienne Keller (UMP) qui a incité ces militants à changer de camp. Portraits croisés.
Chassé-croisé au centre-droit pour les municipales à Strasbourg. Certains militants UDI ont rejoint les rangs de Fabienne Keller, tandis que d'autres ont abandonné l'UMP pour suivre François Loos. Pourtant, pas de réelles divergences entre les programmes des deux candidats ; pour ces transfuges, c'est surtout la personnalité des deux têtes de liste qui les a convaincus.
Des UDI restés fidèles à Keller
Jean-Charles Quintiliani, 66 ans, cadre retraité des Impôts. Cet ancien membre du PS (1978 à 2006), suspendu par l'UDI pour son soutien à Fabienne Keller, évoque sa fidélité pour l'ancienne maire de Strasbourg, avec qui il travaille depuis 2008.
À l'époque, il s'était inscrit dans la politique d’ouverture initiée par Nicolas Sarkozy et dans la mouvance de la "gauche moderne" de Jean-Marie Bockel. Pour lui, il n'y a pas de problème avec l'UDI.
Celui qui a été adjoint au maire de Strasbourg et vice-président de la communauté urbaine de 1989 à 2001, sous les mandatures de Catherine Trautmann, espère que François Loos et l'équipe de Fabienne Keller trouveront un accord lors du second tour. "Politiquement, on devra nécessairement se retrouver, estime-t-il, et on travaillera ensemble pendant six ans si on gagne, c'est tout."
Catherine Zuber, 60 ans, est conseillère municipale depuis 2001. Adjointe en charge de l'action sociale pendant le premier mandat de Fabienne Keller, elle lui reste fidèle quand la mairie passe à gauche en 2008.
En janvier 2013, pour la première fois, la centriste non-encartée adhère à l'UDI. Un an plus tard, elle est exclue du parti centriste. "Nous aurions dû, selon eux, être tous unis derrière François Loos... mais ma fidélité à Fabienne Keller ne pouvait pas entendre cela !"
En 13 ans de collaboration au sein du conseil municipal, un lien fort s'est tissé entre les deux femmes. "C'est à la fois de la confiance, du respect, et de l'amitié", témoigne Catherine Zuber, numéro 7 sur la liste de Fabienne Keller.
Bornia Tarall, 56 ans, siège au conseil municipal depuis 2008. Membre du groupe d'opposition mené par Fabienne Keller, cette militante UDI la soutient depuis mai 2013. "J'estime qu'elle a toutes les qualités requises pour être la meilleure candidate à la mairie de Strasbourg", explique-t-elle. Un choix vécu comme une trahison par le parti centriste, dont elle a été suspendue.
Numéro 3 sur la liste de Fabienne Keller, Bornia Tarall estime que les programmes des listes UDI et UMP sont "très convergents". Pour elle, c'est surtout la "personnalité" de Fabienne Keller qui fait la différence. "C'est une femme de proximité, qui a beaucoup d'humanité, et qui est vraiment respectueuse de la parole des habitants."
Des UMP séduits par Loos
David Saglamer, 45 ans, aménageur foncier en bureau d'études. Membre de l'UMP depuis de nombreuses années, il a été contacté par François Loos il y a deux ans, alors qu'ils étaient tous deux au Conseil régional. "Ca peut paraître étonnant de voir un UMP rejoindre l'UDI de François Loos, mais c'est la même famille", estime-t-il.
Pour autant, le numéro 9 de la liste de François Loos n'a pas rompu avec son parti. "Il n'y a aucun problème avec l'UMP, assure-t-il. Je discute régulièrement avec eux, ce sont des amis. Pour moi, rien n'a changé." Il salue au passage l'esprit ouvert de son parti : "ils me laissent quand même soutenir un candidat de l'UDI".
A l'origine de sa transition, les idées ne sont pas en cause. "C'est surtout pour l'homme, explique-t-il. François Loos est quelqu'un de très humain. Un vrai humaniste, intelligent, dynamique, à l'écoute, respectueux."
Michel Girard, 68 ans, médecin gastro-entérologue. Son engagement politique ne date pas d'hier. Déjà élu en 1983 sur la liste de Marcel Rudloff, puis en 2001 avec Fabienne Keller et Robert Grossmann, il milite cette fois pour le candidat UDI François Loos. "L'homme m'a toujours intéressé depuis de nombreuses années", avoue-t-il.
Resté à l'UMP, la notion de trahison lui semble inappropriée pour qualifier ce changement. "A l'UDI, il y a des gens qui sont non-encartés, des indépendants et c'est intéressant de voir comment fonctionnent ces sensibilités différentes autour d'idées communes."
"Européen, social et républicain", il se dit à sa place dans ce "melting-pot" et se reconnaît dans les "qualités d'ouverture, d'écoute et de confiance" du candidat UDI, un "polytechnicien qui pense très vite".
De toute manière, les deux parties s'accordent sur un point ; au deuxième tour, une alliance sera nécessaire pour contrer la liste de Roland Ries. Catherine Zuber, colistière de Fabienne Keller, ne voit "pas énormément de différences" entre les deux candidats : "Fabienne Keller est une centriste de l'UMP, François Loos, un centriste du Parti Radical."
Marion Bastit, Hélène Faucher, Maxime Le Nagard et Luc Sorgius