Jeudi, les salariés de l’usine Depalor de Phalsbourg ont mis fin à la séquestration de leur direction. Ils espèrent une reprise du dialogue.
L'usine de Phalsbourg avait été ravagée par les flammes en juillet 2013. Cuej/Florence Tricoire
Leur action coup de poing aura duré 24 heures. Lancée mercredi, la séquestration s'est terminée jeudi peu après midi. Les trois membres de la direction retenus à l'usine de panneaux de particules de bois Depalor de Phalsbourg (Moselle) ont pu regagner leur domicile en début d'après-midi. Une détention relativement courte liée à l'intransigeance de la direction. "Le PDG du groupe suisse Krono [qui possède l'usine mosellane, ndlr] n'accepte les négociations à la seule condition que nous les relâchions, s'est justifié Michel Beltran, délégué CFDT de Depalor. On va donc lever le dispositif"
Pour autant, cette décision n'est vue par le syndicaliste "ni comme une reculade, ni comme une victoire". Elle ne fait pas l'unanimité parmi les salariés.
Cette impression d'abandon est liée à la décision du groupe de ne pas reconstruire l'usine, ravagée par les flammes en juillet 2013. Six mois plus tard, les 142 salariés Depalor avaient appris qu’ils perdraient leur emploi. Krono Swiss justifiait sa décision par des pertes financières très importantes : l'usine mosellane aurait perdu 21 millions d’euros entre 2007 et 2012.
Un épisode marquant qui a compliqué les relations entre salariés et direction. C'est dans ce contexte de difficile négociation que la séquestration des responsables est intervenue, les ouvriers ne s’estimant pas "respectés".
Un Plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) avait été évoqué en décembre dernier. Il est resté lettre morte depuis. Les salariés souhaitent donc parler directement au PDG du groupe. Parmi leurs revendications : l’obtention d’un "catalogue" vantant les capacités du site de production, dont 60% n’a pas été détruit. Un document jugé indispensable pour démarcher de nouveaux repreneurs.
En relâchant les cadres, le syndicat a respecté sa part du marché, espérant que le dialogue reprenne dans les prochains jours. Quant aux trois dirigeants, après avoir appris qu’ils pouvaient à nouveau « vaquer à leurs occupations », ils sont repartis en catimini.
Si la direction ne tenait pas parole, l'action pourrait prendre un tour européen. Les salariés avaient déjà manifesté dans une usine du groupe en Autriche, en décembre dernier.
Romain Geoffroy et Florence Tricoire