Après les affrontements de jeudi matin le nombre de morts et de blessés s'alourdit. (Photo AFP)
Des dizaines de personnes ont été tuées jeudi matin dans la capitale ukrainienne au cours d'affrontements. La diplomatie européenne songe à des sanctions envers le régime du président Ianoukovitch.
Après un mardi déjà sanglant, les hostilités ont repris de plus belle ce jeudi matin place Maïdan, à Kiev, entre les forces de l'ordre et les opposants au président Viktor Ianoukovitch. Le bilan humain est encore difficile à évaluer : les chiffres varient de 25 morts selon l'Agence France Presse à 100 d'après le service médical du mouvement de contestation.
La diplomatie n'a donc pas réussi à éviter ces nouvelles scènes de violence. Ce jeudi matin, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius était présent à Kiev avec ses collègues allemand et polonais. Ensemble, ils ont rencontré des membres de l'opposition ainsi que le président Ianoukovitch.
Les policiers tirent à la kalachnikov
Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européennes se penchent à présent sur les sanctions à infliger à l'Ukraine. Mais rien de concret n'a encore été signé. Les ministres devaient se retrouver jeudi après-midi à Bruxelles pour se prononcer sur l'adoption de « mesures ciblées contre les responsables des violences et de l'usage excessif de la force », signale une source diplomatique. Le document qui sera soumis aux ministres des Affaires étrangères prévoit aussi « la mise en oeuvre d'un embargo sur les armes » et « une interdiction des équipements utilisés pour la répression », sans plus de détail sur le type de matériel visé.
Une chose est sûre : les forces de l'ordre ont tiré à balles réelles sur les manifestants. Des vidéos de policiers utilisant des kalachnikovs et des fusils de sniper circulent sur internet. « Pour préserver la vie des policiers, il a été décidé de les ramener sur des positions plus sûres et d'utiliser des armes, en légitime défense, s'est justifié le ministère de l'Intérieur dans un communiqué jeudi après-midi. Les policiers ont le droit d'utiliser les armes à feu ». Les autorités indiquent également que 50 membres des forces de l'ordre étaient hospitalisés après ces émeutes et 68 ont été capturés par les manifestants.
Cette vidéo mise en ligne par Radio Svoboda montre les forces de sécurité tirant sur les manifestants.
Mais le pouvoir ukrainien peut toujours compter sur le soutien de la Russie. En déplacement à Bagdad, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a perçu les menaces de sanction de l'UE comme une « tentative d'intimidation ». « De tels actes ressemblent à du chantage », a-t-il déclaré.
Loïc Bécart (avec AFP)