Depuis hier après-midi, les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ont fait au moins 26 morts à Kiev. Face à une situation de "guerre civile", les dirigeants étrangers appellent Viktor Ianoukovitch à trouver une solution politique d'urgence.
Les cocktails Molotov pleuvaient toujours sur la place de l'Indépendance mercredi midi à Kiev (Photo : Daniel Sanford/BBC)
Les ministres européens se sont réunis mercredi matin pour discuter des événements en Ukraine. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a déclaré que "l'Union Européenne répondra par des mesures ciblées contre les responsables des violences en Ukraine". De plus, le ministre des Affaires étrangères polonais, Radoslaw Sikorski, a annoncé sur son compte Twitter son départ prochain pour l'Ukraine. "A la demande de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, je vais me rendre en mission à Kiev" a -t- il déclaré. Mercredi soir, il était en route pour la capitale ukrainienne, où il sera rejoint demain par ses homologues français Laurent Fabius et allemand Frank-Walter Steinmeier.
De son côté, le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, a décrété mercredi le deuil national. Il a attribué à l'opposition la responsabilité des violences. "J'appelle l'opposition à marquer une distance avec les groupes radicaux qui utilisent la violence" a-t-il annoncé. "En restant sur la place de l'Indépendance, ils s'associent aux radicax. Dans ce cas, le dialogue avec eux sera tout à fait différent" a-t-il ajouté, en menaçant de recourir à la force pour mettre fin aux protestations.
La responsable de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a appelé "toutes les forces politiques en Ukraine à assumer leur responsabilité et chercher des voies pour mettre fin à l'escalade de la violence". Le pape François s'est aussi dit "préoccupé par les violences ayant lieu en Ukraine" et a appelé "toute les parties présentes à cesser toutes les actions violentes".
De possibles sanctions
Mercredi après-midi, la secrétaire d'Etat aux Finances autrichienne, Sonja Stessl, s'est prononcée pour le blocage des comptes bancaires détenus dans son pays par des oligarques ukrainiens. Plus tôt dans la journée, le président français François Hollande affirmait que "l'Union Européenne doit prendre en considération l'adoption de sanctions contre l'Ukraine". Cette position a été soutenue par celle du ministre des Affaires étrangères suèdois, Carl Bidt, qui a déclaré que "l'UE n'hésitera pas à (prendre) des mesures contre les intérêts des personnes associées à la répression et la violence en Ukraine". Pour lui, le président ukranien Victor Ianoukovitch "a du sang sur les mains".
La Maison Blanche a, quant à elle, dénoncé les violences "totalement scandaleuses" qui se sont déroulées à Kiev et renouvelé son appel au président ukrainien à apaiser la situation.
Pour sa part, la Russie, proche du président ukrainien, a dénoncé mercredi la "tentative de coup d'Etat" et rejeté la politique de sanctions et de médiation des Occidentaux. "Sur le fond il s'agit d'une tentative de coup d'Etat", a déclaré dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, accusant de nombreux pays occidentaux d'avoir "essayé par tous les moyens de s'ingérer" et d'avoir "encouragé l'opposition à agir hors du terrain légal" et d'avoir "menacé de sanctions".
Au milieu des accusations croisées de responsabilité des violences, la haute commissaire des droits de l'Homme aux Nations Unies, Nevi Pillay, a annoncé que l'ONU demande "une enquête urgente et indépendente sur les violences en Ukraine".
Qassam Muaddi (avec AFP)