Un doctorant en sociologie en situation de handicap a eu l'idée de photographier le regard des autres sur lui, lors de balades en fauteuil dans les rues strasbourgeoises
« Envisage-moi ». Le titre de l'exposition inaugurée ce vendredi dans le bâtiment l'Escarpe de l'université de Strasbourg est aussi le parti pris de Sahand Aleboyeh. Ce doctorant trentenaire de l'université de Strasbourg a décidé, pour collaborer à cette installation temporaire, de photographier le regard de ceux qui l' « envisagent » dans la rue.
Pour cette expérience pratique, son objectif était de « capter l'instant-clé et son évolution » grâce au mode rafale de son appareil photo. Il lui a fallu six jours pour trouver les émotions qu'il cherchait.
Fin observateur, Sahand regarde sans doute plus les gens que les gens ne le regardent. Il est convaincu que dans la rue les passants ne voient que lui au premier regard. « Ce qui choque, ce qui n'est pas habituel saute aux yeux », explique-t-il. Ce chercheur en sciences du sport réalise une thèse sur l'influence de la pratique sportive sur les étudiants étrangers handicapés.
Président de l'association 100 différences qui promeut la diversité au sein de l'université, Sahand est convaincu que l'accessibilité n'est pas le problème central. « Quand le handicap passe au second plan, la relation amicale ou sentimentale s'exprime pleinement ». Pour lui, il ne s'agit pas de nier le handicap, mais de mieux être accepté. Et de compter moins de regards méfiants braqués sur lui dans la rue.
Clément Lacaton