La Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles et les Jeunes Agriculteurs du Bas-Rhin se sont rendus ce mercredi devant le Leclerc de Strasbourg pour une action coup de poing. Le but ? Peser dans les négociations avec la grande distribution et imposer la bonne application de la loi EGAlim 2.
Comme tous les ans, les agriculteurs manifestent devant une grande surface. L’heure est à la négociation des prix – et donc, au bras de fer. Cette année, la colère gronde devant Leclerc : le « scandale » de la baguette à 0,29€ proposée par l’enseigne leur reste en travers de la gorge. Un prix trop bas pour eux, symbole de leur faible rémunération. Le rendez-vous est fixé à 14 heures, pour l’opération « mise sous surveillance » de la grande surface. Sur l’esplanade devant une entrée du centre commercial Rive Étoile, une centaine d’exploitants de tous âges, dont quelques exploitantes, tiennent des drapeaux de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) et des Jeunes Agriculteurs. Une file de tracteurs s’étend le long de la route attenante.
Les tracteurs se sont alignés devant le magasin Leclerc de Rive Étoile pour demander à peser dans les négociations avec la grande distribution. © Enora Séguillon
Avec cette démonstration de force, les deux influents syndicats de l’agriculture entendent peser sur les négociations en cours avec les grandes et moyennes surfaces (GMS) et veiller à « l’application stricte » de la récente loi EGAlim 2. Le texte du 18 octobre 2021 promet de protéger la rémunération des agriculteurs. Une victoire pour ces syndicats, sous condition que ses modalités soient respectées : des contrats à prix fixes entre agriculteurs et clients et la « non-négociabilité » du prix de la matière première agricole. Pour les agriculteurs, les enjeux sont vitaux. À court terme, ils craignent pour la pérennité de leurs exploitations. À moyen terme, c’est la transmission aux prochaines générations qu’ils pensent menacée.
« On a face à nous une grande distribution, dont Leclerc, qui détruit la valeur de l’agriculture, de l’agro-alimentaire mais aussi la valeur de l’alimentation. » Les mots de Franck Sander, président de la FDSEA 67, sonnent comme un défi à la grande distribution. Surtout à Leclerc, avec sa baguette à 0,29€. « Franchement, ça veut dire que l’agriculture, ils s’en fichent, la qualité alimentaire, ils s’en fichent, l’origine du produit, ils s’en fichent. » Alors, les agriculteurs prennent le chemin du Leclerc pour une opération communication : coller des étiquettes sur les produits à un prix trop faible, condamner des rayons, indiquer les produits étrangers…
Emma Bougerol