15 mai 2020
Mercredi 13 mai, le Parlement a approuvé la décharge des comptes de la Commission pour 2018. © European Union 2020 - Source : EP
Les eurodéputés ont approuvé la plupart des comptes de l’Union Européenne pour 2018. Néanmoins, ils demandent à la Commission des règles plus strictes pour lutter contre les fraudes et les conflits d’intérêts.
Réunis en session plénière les 13 et 14 mai, les députés ont approuvé, après un long travail d’examen, l’essentiel des dépenses de l’Union européenne pour l’année 2018 (499 pour, 136 contre et 56 abstentions). Le Parlement joue un rôle crucial dans le contrôle budgétaire européen via cette “procédure de décharge” qui clôt l’exercice budgétaire annuel. Cette année encore, les députés ont approuvé les dépenses de la Commission, soit 94% des 160 milliards de budget annuel de l’Union européenne. Les décharges du Comité économique et social européen (CESE) et du Conseil de l'Union européenne sont quant à elles reportées à l’automne.
Dans une résolution accompagnant la décharge, les eurodéputés ont appelé à une protection accrue des dépenses européennes contre la fraude et le conflit d’intérêts. Ils se sont inquiétés des défaillances de l’État de droit dans certains États membres et ont pointé un certain nombre d’irrégularités dans l'usage des fonds, notamment des cas d’accaparement de subventions agricoles par des structures oligarchiques ou des organisations mafieuses, comme ce fut le cas ces dernières années en Italie ou en Slovaquie. “C’est un problème endémique. Nous devons sauvegarder les intérêts financiers de l’UE. C’est pour cela que nous pensons qu’il faut un contrôle beaucoup plus strict de la part de la Commission”, alerte Viola Von Cramon (Les Verts), députée membre de la commission du contrôle budgétaire. Dans l’entourage de l’eurodéputée allemande Monika Hohlmeier (PPE, centre-droit), on s’inquiète plus largement d’un manque de transparence : “On a beaucoup de difficultés à savoir qui reçoit de l’argent de la part de l’UE, et combien”.
La résolution demande également à la Commission “de proposer des lignes directrices communes pour éviter les conflits d’intérêts touchant des responsables politiques en vue”. C’est notamment le cas du Premier ministre tchèque Andrej Babis, qui est depuis plusieurs mois dans le viseur du Parlement pour conflit d’intérêts avec son holding Agrofert. Dans ce même souci de protéger les intérêts financiers, de prévenir et combattre la fraude et l’utilisation abusive des fonds de l’Union, les parlementaires ont demandé que des moyens supplémentaires soient alloués à l’Office européen de lutte antifraude et au Parquet européen institué en 2017.
Jeanne de Butler