L'ancienne ministre sera la candidate socialiste pour les municipales à Strasbourg. Une surprise de plus dans la grande carrière de la femme politique alsacienne.
Catherine Trautmann a siégé pendant dix-sept ans au Parlement européen. © International Transport Forum / Flickr
Elle a les cheveux blancs mais sa voix sonne toujours aussi clairement. Catherine Trautmann, 69 ans, est devenue mercredi 5 février la nouvelle tête de liste du Parti Socialiste (PS) pour les prochaines élections municipales à Strasbourg. Il s’agit d’une des personnalités politiques les plus influentes de la capitale du Grand Est.
En annonçant son retrait en tant que tête de liste PS pour les municipales, Mathieu Cahn lui a transmis le flambeau : « C’est collectivement que nous avons décidé que celle qui sera à-même de mener le combat et de porter le projet qui est le nôtre, c’est Catherine Trautmann ».
Mais si elle ne s’imaginait pas comme « tête de liste », Catherine Trautmann assume pleinement ces responsabilités. Elle est coutumière des surprises. Sa conquête en 1989 de la mairie de Strasbourg, bastion traditionnel de la droite, lui avait permis de devenir la première femme maire d'une ville de plus de 100 000 habitants.
Députée du Bas-Rhin de 1986 à 1988, la Strasbourgeoise a vécu la politique à tous les étages. Sur le plan local, où elle a occupé la fonction de maire de sa ville de naissance plus de huit ans. Au niveau national, en devenant secrétaire d’État en 1988 et Ministre de la culture et de la communication en 1997 au sein du gouvernement Jospin. Et à l’international, assumant durant plus de dix-sept ans un mandat de députée européenne, de 1989 à 1997 puis de 2004 à 2014.
Incontournable au PS
« Je ne suis ni une revenante, ni un fantôme », a malicieusement glissé la femme politique ce 5 février en se retrouvant face aux micros. Personnalité populaire, celle qui avait été réélue à la mairie de Strasbourg dès le premier tour en 1995, avait fait figure de pionnière en développant le tram et en encourageant la réduction des voitures en centre-ville. Et après avoir siégé au sein de l’opposition à partir de 2001, Catherine Trautmann était devenue vice-présidente de la Communauté urbaine de Strasbourg en 2008, après l’élection de Roland Ries (PS).
Malgré une frustration lorsqu’elle se retrouva deuxième de la liste socialiste pour la circonscription Est aux élections européennes en 2014, Catherine Trautmann n’a jamais renoncé à partir au combat. « La politique, c’est du mouvement », avait-elle alors lâché aux DNA.
Elle avait annoncé dès novembre 2019 sa présence sur la liste de Mathieu Cahn, ce dernier l’ayant même chargée de coordonner la conception du projet municipal, un soutien de poids et surtout nécessaire face à la favorite des sondages, l’écologiste Jeanne Barseghian, ou l’actuel premier adjoint municipal Alain Fontanel, qui fait campagne sous l’étiquette du parti présidentiel. La liste PS n’affichant pour le moment que 9 % des voix dans les sondages.
Figure de proue
Catherine Trautmann est une femme expérimentée et déterminée, qui n’avait pas attendu, il y a 31 ans, les consignes de Solferino avant de présenter sa liste pour les municipales. Affranchie et fidèle à la fois, Catherine Trautmann est une vraie figure de la gauche. L’ancienne étudiante en théologie et petite-fille de pasteur avait adhéré dès 1977 à la fédération socialiste du Bas-Rhin. Une aubaine pour un Parti Socialiste en difficulté dont le maire actuel de Strasbourg, Roland Ries, avait été exclu en octobre dernier, après avoir appellé à la création d’un « pôle de gauche dans la majorité » gouvernementale. Sauf renversement de situation, la capitale alsacienne devrait être perdue par le PS aux prochaines municipales.
La popularité de Catherine Trautmann lui permettra-t-elle de donner une nouvelle dynamique aux socialistes strasbourgeois ? «Mon ambition c'est que nous gagnions», a proclamé la nouvelle numéro 1 de la liste PS. Si elle venait à l’emporter, elle accèderait à la mairie strasbourgeoise pour la troisième fois. Devenant évidemment la première femme à y parvenir.
Jérôme Flury