Pierre de Villiers était invité à la librairie Kléber de Strasbourg, ce lundi 04 février 2019. L’ancien chef de l’état-major, limogé par Emmanuel Macron en juillet 2017, a fait salle comble et a donné un entretien devant un public conquis.
Librairie Kléber, salle blanche. Une demi-heure avant l’arrivée de Pierre de Villiers, les deux-tiers des 300 sièges sont occupés. Le général est arrivé sur le devant de la scène après avoir été limogé en juillet 2017 par Emmanuel Macron, nouvellement installé à l’Élysée, en raison d’une mésentente sur le budget de la Défense.
Cette exposition, il ne l’a jamais voulue : « Je suis un homme public par effraction, je n'ai pas demandé à me mettre en avant. » Depuis, Pierre de Villiers a embrassé une nouvelle carrière d’auteur, avec Servir et Qu’est-ce qu’un chef ?
Le général de Villiers a été chaleureusement applaudi. /Vincent Ballester
Pourtant, le voilà à nouveau mis en avant à la faveur de la crise des « gilets jaunes » : une partie de ceux-ci le qualifient d’homme providentiel pour diriger la France. Et à chaque séance de dédicaces, c’est la même chose : des personnes de tous âges, de tous genres, et de toutes conditions affluent pour rencontrer le général.
Fournir des repères
Laurent, responsable des séances de dédicaces du général depuis le tout-début, a été « scotché » de découvrir l’accueil qu’on réserve à l’ancien militaire, un homme pour qui il exprime « du respect ». « Des gens lui disent que c’est un homme comme lui qu’il faut à la tête du pays… mais il n’en a aucune envie. » L’intéressé le confirme, dès le début de son entretien : « Je ne veux pas être chef ! »
Pendant une bonne heure, l’ancien chef d’état-major présente son livre, son œuvre, sa vision des choses. Il rappelle notamment que son dernier livre « ne critique personne et ne contient pas de révélation explosive ». Le général explique que « la distance s’est creusée entre les dirigeants » et le peuple : il y a une « colère » dont il faut comprendre les racines. En clair : nos chefs ne sont pas, ou plus bons. Ce qui fait un bon chef, « c’est l’écoute : la richesse, c’est les autres », nous confie-t-il.
Il n’y avait pas assez de place : les retardataires ont dû s’entasser au fond de la salle. /Vincent Ballester
Madeleine, étudiante en langues étrangères appliquées (LEA) a été particulièrement interpelée lorsque Pierre de Villiers a évoqué « les gens en recherche de repères », parmi lesquels elle se retrouve. Cet homme la « rassure » en balayant d’un geste « les obstacles insurmontables » ; il lui rappelle d’ailleurs « son grand-père ».
Prendre en compte autrui
Alain et Patrick, qui ont connu l’époque du service militaire, ont l’habitude de se retrouver face aux auteurs et autrices venant à la rencontre de leur lectorat. Alain explique : « Sa personnalité m’intéresse, et je voulais le voir en live. J’enseigne l’économie à l’université et ça m’intéresse de le voir appliquer au monde financier sa stratégie militaire. » Le général de Villiers a en effet rejoint le secteur privé en intégrant une société américaine de conseil en stratégie d’entreprise.
Dans la file d’attente des dédicaces, on s’occupe en (re)lisant les livres du général. /Vincent Ballester
Parmi les militaires présents, Marc, réserviste travaillant en fonction publique hospitalière, trouvant « rassurant » de voir que des personnes comme Pierre de Villiers « pensent ainsi ». « Son idée de commander est la bonne – comme un vrai chef – alors que dans la vie civile – entreprise ou hôpital par exemple – règnent des capos qui ne sont pas exemplaires, ne pensant qu’à leur tête ».
Patrick décrit le général comme « un homme droit, lucide, intelligent, très ouvert et qui en a dans le cœur… Et en plus, il a de l’humour ! C’est rare, chez les militaires. »
Incarner un modèle
Nicolas, jeune chef d’entreprise, était « curieux de savoir » comment allait paraître le général : il a toujours ressenti un profond respect pour l’armée et reconnaît au général de Villiers une capacité à « inspirer le recul et à prendre de la hauteur ».
Pierre de Villiers a pris le temps de s’entretenir avec toutes les personnes venues lui demander un autographe. /Vincent Ballester
Victoria connaît bien Pierre de Villiers : c’est pour elle « un modèle » depuis qu’elle est entrée dans l’armée, en 2009 – il était déjà chef d’état-major sous Nicolas Sarkozy. Elle lui fait signer son livre. Son échange avec le général conclu, celui-ci lui demande « de continuer à servir ». Lui rappelant, via cette citation du titre de son premier ouvrage (Servir) que servir une nation, c’est avant tout servir une population. Leur unique but dans la vie à tous les deux, à leur niveau respectif.
Vincent Ballester