S’ils étaient élus, François Hollande et Eva Joly fermeraient “immédiatement” la centrale de Fessenheim. De nombreux élus alsaciens soutiennent la mesure, mais que proposent-ils concrètement pour les 800 employés de la centrale ?
Les salariés de Fessenheim, jeudi 9 février, lors de la visite de Nicolas Sarkozy à la centrale. Photo : Capture d'écran d'une vidéo AFP
"Nous voulons faire de Fessenheim un laboratoire pour le démantèlement des centrales nucléaires. Concrètement, ca veut dire maintenir des emplois sur site avec des reconversions", explique Mathieu Cahn, premier secrétaire général de la Fédération socialiste du Bas-Rhin.
François Hollande et Eva Joly l’ont promis, s’ils sont élus, ils fermeront "immédiatement" Fessenheim, doyenne des centrales nucléaires françaises. Une mesure soutenue par de nombreux élus alsaciens. Le site haut-rhinois emploie 800 personnes et fait vivre indirectement 1 200 sous-traitants et autres commerçants.
"La transition énergétique", c’est la formule magique. Mesure phare de l’accord PS-Europe écologie Les verts (EELV), la réduction de la part du nucléaire dans la production électrique - de 75 % aujourd'hui à 50 % en 2025 - n’aura pas de conséquences significatives sur l’emploi selon les deux partis. Les éventuelles suppressions de postes seront absorbées dans "les 600 000 emplois verts" au niveau national que les candidats Hollande et Joly promettent de "favoriser" s’ils arrivent à l’Elysée.
"Les socialistes considèrent que les emplois sont complètement remplaçables. Je ne suis pas un expert, mais je ne pense pas qu’un ingénieur nucléaire est substituable à un ingénieur qui construit des éoliennes !", estime Pascal Mangin, conseiller régional UMP. Pour les écologistes, il y aura effectivement un vrai travail de reconversion : "Pour l‘assurer, la formation professionnelle sera évidemment très importante. Il y a un gros effort à faire et là, nous sommes en plein dans la compétence de la Région", assure Jacques Fernique, conseiller régional EELV.
Colère des syndicats
Reconversion ? Les syndicats ne veulent même pas en entendre parler. Les salariés refusent d’être utilisés à des fins "électoralistes", par la droite comme par la gauche : "Parler d’emploi, du maintien ou de la fermeture de notre usine dans ces conditions, c’est inacceptable", s’insurge Carole Perrin déléguée CFDT représentante de l’intersyndicale CFDT-FO-CGT-CFE-CGC. En décembre dernier, les syndicats de Fessenheim se sont unis pour lancer une pétition et un blog demandant "un moratoire sur les décisions de fermeture de réacteurs" et "un débat national sur l'énergie".
Du côté du PS, comme d’EELV, les propositions sur la manière de réaliser la "transition énergétique" demeurent pour le moins floues : "Est-ce que le site de démantèlement permettra de conserver tous les emplois ? Personne ne peut le dire pour l’instant, avoue Mathieu Cahn. C’est une première. Il faut encore réfléchir. L’objectif, c’est d’éviter des plans sociaux et les licenciements. Il y a encore du temps, une centrale ne se démonte pas du jour au lendemain." De son côté, Jacques Fernique souhaite "organiser des rencontres de travail avec les syndicats et avec les négociateurs de l’accord EELV-PS pour trouver la solution la plus appropriée".
Un engouement tempéré par les syndicalistes : "Ni les Verts, ni PS ne nous ont contacté. Nous avons contacté les socialistes après leur annonce et leurs réponses n’étaient pas très claires", raconte Carole Perrin. Pour l’instant, aucune date de réunion n’est fixée.
Brice Lambert
Crédit photo d'appel : Capture d'écran d'une vidéo AFP