Procès Wagram : sous les tapis de poker, le banditisme corse

En 2013, le procès Wagram s’ouvre au tribunal correctionnel de Paris. Pendant 20 ans, le cercle basé dans le 17ème arrondissement de la capitale a rempli les poches des barons du gang de “la Brise de mer”. 16 prévenus, tous plus ou moins proches de la mafia corse, sont jugés pour extorsion, association de malfaiteurs et blanchiment d’argent.

Par Emma Chevaillier et Laura Poli

Blanchiment et extorsion ébranlent le cercle Wagram. Pendant trois semaines d'un procès aux multiples rebondissements la justice tente de lever le voile sur cette vaste affaire.

© Emma Chevaillier et Laura Poli

© MMI Haguenau

La fermeture des cercles de jeux à Paris, une ambition politique

Les cercles de jeux à Paris ont eu, durant des années, pignon sur rue. Ils attirent les fans de poker et de jeux de hasard et amassent plusieurs millions d’euros par an. Loin de toute philanthropie, une partie de ces gains finit directement dans les caisses de la mafia corse. Les cercles relevant de la loi de 1901 sur les associations, leur comptabilité passe largement sous les radars des autorités. Dès 2008, sous le gouvernement Fillon, l’État commence à réagir. Huit établissements de jeux parisiens sur les dix existant dans la capitale ferment. Le cercle Wagram, embourbé dans un procès d’extorsion de fonds, met la clef sous la porte en 2013. Pour éviter tout retour en arrière, l’Assemblée nationale vote en 2016 une loi autorisant la création d’établissements de jeux dans la capitale pour une durée de trois ans. Ces cercles s’appellent désormais “clubs” et ont le statut de sociétés commerciales, permettant un suivi attentif de leurs comptes par les organes de l’État.