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L'actu du mardi 14 mars : drôles de visiteurs dans l'actualité internationale


16 mars 2023

Lituanie : souvenirs douloureux de la Russie

 

Alors que la Lituanie célébrait ce 11 mars le 33e anniversaire de son indépendance avec l’URSS, le Président Gitanas Nausėda s’est rendu au Parlement européen pour soutenir l’adhésion de l’Ukraine dans l’Union européenne. « Je rêve de voir venir ce jour où il y aura des députés européens élus en Ukraine dans cet hémicycle et nous pourront voir le drapeau ukrainien flotter au vent aux cotés des drapeaux des autres états membres », s’enthousiasme le dirigeant. Pour lui, le défi de l’Europe est clair : la paix, la prospérité et la démocratie ne peuvent être garantie que par l’élargissement de l’UE à l’Ukraine. « L’Ukraine, pays candidat, a pleinement apporté la preuve qu’elle avait sa place dans l’UE ».

Après des siècles de domination de leur voisin russe, la Lituanie est particulièrement touchée par l’invasion en Ukraine. Le massacre de Boutcha a réveillé de douloureux souvenirs de 1944, avec l’avancée de l’Armée rouge. Pour l’eurodéputée Vilija Blinkevičiūtė (S&D, sociaux-démocrates), la Lituanie a fait l’expérience de la Russie totalitaire et connaît « le prix de la liberté et du sang ».

Le président lituanien Gitanas Nauseda en conférence de presse aux cotés de Roberta Metsola, mardi 14 mars. © Europarl Banque d'images

 

C’est pourquoi, comme les autres pays baltes, la Lituanie soutient la mise en place d’un Tribunal spécial pour punir les crimes d’agression et appelle les pays de l’UE à renforcer les sanctions dans le secteur nucléaire contre la Russie. Le pays n’a également pas hésité à accueillir plus de 74 000 réfugiés ukrainiens.

Favorable à l’envoi d’armes pour aider l’Ukraine, le dirigeant appelle les autres États membres à continuer. Ce pays aux trois millions d’habitants, a quant à lui, soutenu l’Ukraine à hauteur 1,4% de son PIB : 40 millions d’euros de radars tactiques et six millions d’euros pour un drone de combat.

 

 

La Commission interrogée sur la sécurité énergétique 

La guerre déclenchée en Ukraine par Vladimir Poutine le 24 février 2022 a eu d’importantes conséquences sur l’approvisionnement en énergie de toute l’Union. Des difficultés d’acheminement qui persistent et qui inquiètent les parlementaires. 

Les questions se sont donc multipliées au sujet de l’approvisionnement en gaz pour la prochaine saison hivernale. Interrogée dans l’hémicycle à ce sujet, la commissaire à l’Énergie Kadri Simson a répondu en rappelant que la Commission avait conclu des partenariats avec la Norvège ou encore l’Azerbaïdjan pour sécuriser les livraisons. « De nouvelles interconnexions ont aussi été mises en place avec la Grèce et la Bulgarie », a-t-elle tenu à préciser. 

Malgré des mots se voulant rassurants, l’avenir ne s’annonce pas radieux. Plusieurs eurodéputés de droite se sont inquiétés d’un récent rapport de l’Agence européenne de l'Énergie, pointant à court terme, un risque de pénurie de gaz pour l’hiver prochain avec un manque de près de 57 millions de mètres cubes.

 

 

Pas de court-circuit européen pour le marché de l'énergie

« La crise énergétique liée à la guerre a montré les lacunes du marché que nous devons combler », affirme la commissaire de l’Énergie Kadri Simson qui a présenté la réforme du marché ce mardi. Au niveau européen, le prix de l’électricité est basé sur le gaz. Mais avec la guerre en Ukraine et la pandémie, le coût de cette énergie, en majorité russe, a explosé. Les consommateurs ont donc vu leur facture d'électricité bondir. En France, le prix de l'électricité a été multiplié par douze. En juillet dernier, la présidente de la Commission européenne avait donc appelé à la réforme de ce marché conçu dans les années 90. Ce mardi, Kadri Simson a résumé la proposition de cette réforme en trois points clés : baisser le coût de l’électricité et la rendre moins fluctuante à court-terme, accélérer le déploiement des énergies renouvelables et permettre aux consommateurs d’avoir différents contrats et fournisseurs suivant leur besoin pour éviter les déconnexions. 

Mais les pays réfractaires, comme l’Allemagne, ont obtenu qu’il n’y ait pas de réforme structurelle du marché. Elle est jugée superficielle notamment par l’Espagne partisane d’une rupture, et la gauche. L'eurodéputée Cornelia Ernst (GUE/NGL, extrême gauche) s’exaspère : « En juillet dernier, la présidente de la Commission [...] avait promis une réforme complète. Ce n’est rien de la sorte. »

 

Israël : une amitié dans la tourmente

« L’amitié, c’est aussi savoir faire preuve de franchise, et je pense que les vrais amis sont capables de parler des sujets qui fâchent », reconnait David Lega, député suédois (PPE, droite). Mardi, la Knesset, le Parlement israélien, a adopté une clause lui donnant le pouvoir d’annuler à majorité simple une décision de la Cour Suprême sur les lois ordinaires. Cette clause, que même le président israélien Isaac Herzog n’a pu annuler, embarrasse l’Union européenne, allié politique de longue date de cette « seule démocratie dans le Moyen-Orient » selon de nombreux députés. 

Lors d’un débat au Parlement, tous les partis présents se sont accordés pour condamner cette clause, et plus largement la loi dans laquelle elle s’inscrit. Ce texte, très critiqué en Israël, prévoit également que la Knesset puisse nommer les juges de la Cour Suprême. « C’est un coup d’Etat anti-démocratique, qui foule aux pieds le droit international », dénonce la députée Maria Soraya Rodriguez Ramos (Renew, libéraux).

Josep Borrell, Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, choisit la diplomatie et vante « un système politique israélien qui a su se montrer vivace, avec cinq élections en trois ans »

Les députés ont également apporté leur soutien aux dizaines de milliers de manifestants contre le gouvernement de Benyamin Netanyahou, de plus en plus contesté. Chaque samedi depuis plus de dix semaines, ils sont des dizaines de milliers à se rassembler dans les grandes villes d’Israël.

 

 

Le Parlement entend le cri des Géorgiens

2 900 km séparent Strasbourg de Tbilissi. Pourtant dans les rues de la capitale géorgienne, les drapeaux de l’Union Européenne flottent aux rythmes des manifestations. « Demandez ce que symbolise ce drapeau à ceux qui sont prêts à tout pour nous rejoindre. C’est un projet de liberté, de droits, de démocratie et de solidarité » interpelle l’eurodéputé français Raphaël Glucksmann. Si la population de ce pays du Caucase s’est soulevée c’est pour faire abandonner un projet de loi controversé visant médias et ONG soutenus par l’étranger. Inspiré d’une loi russe, le gouvernement a finalement retiré le texte sous la pression populaire. 

Dans l’hémicycle, Olivér Várhelyi commissaire à l'Élargissement et à la Politique européenne de voisinage, a réaffirmé « l’avenir européen des Géorgiens ». Si le pays a bien déposé sa candidature pour adhérer à l’Union Européenne en même temps que la Moldavie et l’Ukraine, la sienne a été rejetée à l’inverse des deux autres. L’adhésion du pays ne se fera qu’après la résolution de ses problèmes institutionnels liés à l’Etat de droit, l’indépendance judiciaire et la liberté de la presse. La population géorgienne peut tout de même garder espoir. Elle peut compter sur de nombreux soutiens dont la députée lettonne, Sandra Kalniete (PPE, droite) qui met en garde : « Nous n’aurons pas la paix tant que ces zones grises seront déstabilisées par le Kremlin pour rester dans son giron ».

 

 

L'amour renaît entre le Royaume-Uni et l’Union Européenne

En fin de journée, les eurodéputés ont défilé derrière le pupitre de l’hémicycle du Parlement européen pour se féliciter du nouvel accord établi entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni : le cadre de Windsor. Signé le 27 février dernier par la présidente de la Commission Européenne Ursula Von Der Leyen et le Premier ministre britannique Rishi Sunak. « Il permet de tourner la page mais aussi de travailler dans la confiance réciproque », souligne le vice-président de la Commission européenne Maroš Šefčovič. Depuis le déclenchement du Brexit, il y a six ans, une pareille entente était devenue chimérique.

L’objectif de cet accord est de simplifier la circulation des marchandises vers l’Irlande du Nord. Désormais, les denrées à destination du sud de l’île seront contrôlées par les douanes, mais celles destinées à l’Irlande du Nord circuleront sans entrave. Le cadre de Windsor résout l’un des principaux points de friction provoqué par le Brexit : la frontière nord-irlandaise. En fermant la porte de l’Union européenne, le Royaume-Uni a quitté le marché unique et n’a plus eu la libre circulation des marchandises. L’Irlande du Nord s’est vue alors encombrée par les contrôles de douane rétablis. Cela à causer des tensions entre cette province du Royaume-Uni, et l’Irlande, membre de l’UE, qui ont rappelé le douloureux souvenir de la guerre civile qui les a opposés pendant trente ans. Le cadre de Windsor fait écho à l’accord du Vendredi Saint, qui a mis fin à ce conflit et fête cette année ses 25 ans.

 

 

Cadavres de cétacés devant le Parlement européen 

Sept cadavres de dauphins ont été disposés devant le Parlement européen de Strasbourg mardi. Réalisée par l’ONG Sea Shepherd, cette action dénonce les pratiques de pêche française meurtrière pour ces mammifères. 

« Des milliers de dauphins sont tués chaque année en France pour que vous puissiez manger du poisson. » Ce mardi, passagers et eurodéputés ont pu lire cette phrase inscrite en capitales blanches sur une banderole portée par des militants de l’ONG Sea Shepherd. Les corps inertes de sept dauphins ont ensanglanté une parcelle d’herbe au pied du Parlement européen. L’objectif de cette démonstration était de dénoncer les techniques de pêche non sélective utilisées par les français, responsables de la mort de 6000 à 10000 dauphins chaque année selon l’ONG. Saisie par Sea Shepherd, la Commission Européenne a demandé́ en 2022 à la France de prendre des mesures pour protéger ces espèces. Pour cela, Paris devrait imposer l’arrêt de certaines pratiques de pêche lors de pics d’échouage de dauphins sur les plages. Mais la situation stagne. L’organisation environnementale estime que l’Union Européenne devrait mettre davantage de pression sur la France. Aujourd’hui, Sea Shepherd demande que la France soit assignée devant la Cour de Justice de l’Union européenne pour son refus de mettre en place les fermetures des zones de pêche.

 

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