Vous êtes ici

Améliorer l’accès à l’emploi des personnes handicapées en Europe


11 mars 2021

Mercredi 10 mars, le Parlement européen a appelé à une meilleure intégration des personnes handicapées sur le marché de l’emploi. Le taux de chômage des personnes handicapées reste très élevé dans l’Union européenne et les discriminations persistent.

Une personne handicapée sur deux n’a pas d’activité professionnelle dans l’Union européenne. Face à ce constat, le Parlement prône l’établissement d’un marché de l’emploi plus inclusif. Aménagements du lieu de travail, mise en place de quotas ou encore égalité salariale, dans un rapport adopté le mercredi 10 mars, les députés proposent diverses mesures visant à favoriser l’accès à l’emploi des 80 millions de personnes atteintes de handicap dans l’Union.

Une législation existe déjà mais elle omet de nombreuses problématiques liées aux discriminations et n’est appliquée que partiellement par les Etats membres. « Quatre pays ne reconnaissent toujours pas l’absence d’aménagements raisonnables comme une discrimination, alors que cela fait déjà partie de leurs obligations », dénonce Marine Uldry, représentante du Forum européen des personnes handicapées.

Dans ce contexte, les eurodéputés appellent à l’instauration d’un cadre véritablement contraignant et efficace. Pour le définir, des associations et des personnes handicapées ont été consultées depuis le printemps 2020. Marine Uldry a participé aux discussions et s’en réjouit : « Toutes nos observations et recommandations apparaissent dans le texte, comme la nécessité de disposer de données chiffrées sur le handicap ».

Réduire la précarité

L’un des principaux points d’amélioration proposés par les eurodéputés vise les ateliers protégés qui embauchent exclusivement des personnes handicapées dans des emplois adaptés. « Ces ateliers les empêchent d’intégrer le véritable marché du travail et impliquent un statut beaucoup plus précaire, sans salaire minimum. Il faut les supprimer progressivement et trouver des alternatives inclusives », propose ainsi la député allemande Katrin Langensiepen (Les Verts), elle-même porteuse d’un handicap.

De son côté le député luxembourgeois Marc Angel (S&D - sociaux-démocrates) s’est battu pour une meilleure prise en compte des discriminations multiples. En effet, le handicap peut se cumuler à d’autres facteurs de discriminations comme le genre, la race ou la sexualité. Selon l’Institut européen pour l'égalité entre les hommes et les femmes (EIGE), seulement 20,7% des femmes handicapées occupent un emploi à plein temps, contre 28,6% des hommes handicapés. « Intégrer la problématique d’intersectionnalité dans le texte était l’une de nos priorités. C’est une véritable nouveauté, cette notion n’étant pas présente dans la législation actuelle », précise le député.

Nécessité de sanctions

Pour que ces mesures soient effectives, il faut aussi convaincre les employeurs et les entreprises : « Certains employeurs ont peur de s’investir et craignent davantage de lourdeurs administratives », se désole le député socialiste Marc Angel (S&D). Pour les pousser à sauter le pas, des incitations fiscales pourraient être allouées. Les entreprises qui ne joueraient pas le jeu pourraient, elles, se voir sanctionnées. La mise en œuvre effective de telles mesures dépend désormais de la Commission européenne qui a promis de faire des propositions législatives sur le sujet en 2022.

Iris Bronner

 

Imprimer la page