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Depuis des lustres, la municipalité de Bischheim rêve de réaménager le croisement de la route de Bischwiller avec la rue du Général-Leclerc. Mais le projet est encore loin de se concrétiser.
D’abord, une camionnette UPS se gare sur le trottoir pour une livraison, obligeant les automobilistes à la contourner et bloquant le peu d’espace qui subsiste pour les cyclistes. Ensuite, un bus de la ligne 3 s'arrête juste devant cette camionnette, qui devra passer en plein milieu de la voie pour continuer sa route, alors que le trafic de voitures et des cyclistes est constant dans les deux sens. Une scène somme toute courante au croisement de la route de Bischwiller et de la rue du Général-Leclerc où passent chaque jour des milliers de voitures.
Selon Fabien Weiss, ancien adjoint au maire de 2008 à 2020, un projet de réaménagement du carrefour est à l’étude depuis plus de quinze ans. La mairie propose d’aligner la rue du Général-Leclerc avec l’avenue de Périgueux afin de faciliter la traversée de la route de Bischwiller. Pour cela, la rue du Général-Leclerc doit être retracée sur une portion de 167 m pour déboucher face à l’avenue de Périgueux et elle doublerait de largeur. Un projet qui s’accompagne d’une limitation de vitesse à 30 km/h, de nouvelles places de stationnement et d’une piste cyclable bidirectionnelle construite sur le trottoir. Le tout afin de désengorger le carrefour et de fluidifier la circulation.
D’après Jean-Louis Hoerlé, maire LR de Bischheim, la pharmacie Premium Santé sera détruite au premier trimestre 2021 afin de libérer l’espace nécessaire au déplacement de la voie de circulation côté rue du Général-Leclerc. Mais la suite du scénario n’est pas encore écrite : deux bâtiments qui doivent aussi être démolis n'ont pas encore été acquis par la mairie.
Les kebabs investissent la route de Bischwiller car de nombreux locaux y sont disponibles à des prix abordables. Pour la maire de Schiltigheim, Danielle Dambach : “Les commerçants de ce type se sont installés là parce que la route de Bischwiller a perdu de son attractivité, à cause du trop grand flux de transit.”
À Bischheim, le manque de dynamisme commercial s'explique notamment par la situation économique de la ville d’après Michèle Frey, chargée de mission municipale au développement économique. “La restauration n’a jamais vraiment décollé. Bischheim est une ville de banlieue aspirée par Strasbourg [...] Si ces kebabs existent, c’est qu’il y a des clients. C’est la loi de l’offre et de la demande”, estime la chargée de mission.
Pistes cyclables manquantes, piétons, voitures, camions... Les obstacles sont nombreux pour les cyclistes sur la route de Bischwiller. La preuve en images.
Rentable ou non, le quotidien de “chef” est harassant. “On ouvre à 10h30-11h, puis on ferme à minuit tous les jours. On travaille sept jours sur sept, avec un seul jour de congé”, soupire Sultan. Une plage horaire conséquente difficile à gérer pour des entreprises dont l’effectif se résume souvent à l’entourage familial.
Un couple d'immigrés azerbaïdjanais a ouvert le Kavkaz il y a treize ans car il ne trouvait pas de travail pour nourrir ses enfants. Depuis, les dettes s’accumulent pour cet ex-policier et cette ex-professeure des universités reconvertis dans la restauration depuis leur arrivée en France.
Chez Ali Baba, Mehmet a quitté son job à l'usine pour le döner dans l’espoir de gagner plus parce que sa femme était tombée enceinte. Patron de son enseigne depuis quatre ans, il concède : “Ce boulot, je ne veux pas le faire toute ma vie.”
Certains snacks comme le Star Express et l’Assado Grill misent quant à eux sur la qualité et continuent d’assembler leurs broches eux-mêmes. La viande, qui provient de boucheries régionales, est plus savoureuse et moins sèche que celles des döners industriels. Mais c'est un choix plus coûteux et chronophage, la viande devant être assemblée tous les matins dès 10h. Un effort qui permet néanmoins de conquérir des palais plus exigeants, comme ceux des employés de bureau et de mairie.
Pour compléter leurs revenus, certains kébabiers vendent des produits d'épicerie, de l’alcool… et flirtent parfois avec l’illégalité, en proposant des cigarettes à des prix défiant toute concurrence. Une vente sous le manteau connue dans le quartier grâce au bouche à oreille. “C’est 4,50 euros le paquet ou 50 centimes la cigarette”, sait Prescillia, 18 ans.
Se démarquer pour exister
La priorité pour les “chefs”, comme ils sont appelés par leur clientèle, est de créer des “habitués”, gages de rentabilité. Le midi, la cible, ce sont les travailleurs : les ouvriers des nombreux chantiers de la route de Bischwiller et les employés de bureau. “Pour fidéliser il faut être commerçant. Il y a souvent des gars du bâtiment le midi, à force de discuter ils reviennent toujours même s'ils sont un peu loin. Le soir, j’ai surtout des habitants du quartier”, explique Mehmet.
Dans cette course aux clients réguliers, le choix des consommateurs repose sur un lien affectif entre le “chef” et son client. “Je viens toujours ici parce que c'est mon pote !”, confirme Issa, 25 ans, un habitué du Ali Baba.