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À pied, pas facile d’arpenter ou de traverser la route de Schirmeck, l’un des axes les plus fréquentés de Strasbourg, a fortiori quand on est enfant. À l’école Erckmann-Chatrian, en bordure de l’artère, les parents réclament plus de sécurité pour leurs trajets domicile-école.

Le long de la route de Schirmeck, une maman presse le pas avec sa poussette, longeant prudemment le trottoir pour éviter de mordre sur la piste cyclable. Plus loin, un homme sort de l’une des trois voitures stationnées avec les feux de détresse sur le trottoir. Il est 16h15, le parvis de l’école Erckmann-Chatrian s’anime à la sortie des classes. Des trois écoles de la Montagne-Verte, elle est la seule dont l’accès donne directement sur l’axe routier le plus fréquenté du quartier.

La plupart des parents rentrent à pied avec leurs enfants. "Moi, j'habite de ce côté, donc ça va", explique Katia, maman d’un garçon de maternelle, désignant d’un geste la rue de Crastatt non loin. Comme de nombreuses familles, elle fait le trajet via des rues peu passantes. D’autres n’ont d’autres choix que de longer ou de traverser la route de Schirmeck avec leurs enfants. "On est obligé de passer par là, mais c’est hyper dangereux", soupire Yasmine, qui habite en face d’Auchan.

La mobilisation des parents d'élèves

Clarys, représentante des parents d’élèves depuis la rentrée, est aussi venue à pied chercher sa fille, une blondinette souriante, en petite section. Maintenant que la nuit tombe tôt, la maman dit avoir peur de rentrer en marchant avec sa fille, craignant de ne pas être visible par les cyclistes et les automobilistes. Les treize parents élus de la maternelle ont réclamé la mise en place d’un deuxième panneau "École ralentir" durant le conseil d’école de l’année, le 5 novembre 2024. Il y en a déjà un au niveau de l’arrêt de bus Molkenbronn mais les parents trouvent qu’il n’est pas placé dans le bon sens de circulation. "Pas d’installation prévue en attendant les travaux de réaménagement [en 2025]", indique le procès-verbal du conseil.

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Devant l’école, les voitures stationnées sur le trottoir gênent la circulation des piétons et des autres usagers. © Eva Billion

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Le parvis du groupe scolaire Erckmann-Chatrian donne directement sur la route de Schirmeck, séparé d’elle par un trottoir partagé avec les cyclistes. © Eva Billion

Il s’agit pourtant d’une revendication de longue date. "Les enseignants sont tout à fait d’accord et le demandent depuis quelques années et rien n’est fait, déplore Clarys. On pensait avoir du poids en tant que parents, mais on n'est pas pris au sérieux."

Parkings rares et traversée dangereuse : un casse-tête pour les familles

Faute de stationnement dédié, les parents qui viennent en voiture se rabattent sur le parking de Pro-Inter ou d’Auchan, à 300 mètres. Plusieurs se garent sauvagement sur le trottoir, compliquant la circulation des piétons. Malgré cela, la création de nouvelles places de stationnement n’est pas au programme de la municipalité. Elle a d’ailleurs fermé un terrain jouxtant l’école, utilisé comme parking de fortune. Un choix assumé par François Desrues, le directeur de territoire à la Ville de Strasbourg : "on est sur une politique d’incitation à venir à pied avec l’enfant ou à vélo. C’est aussi une éducation aux mobilités et ça limite les flux de voitures."

Concernant la traversée, "on a travaillé sur les cycles des feux pour essayer d’améliorer le temps de vert pour les piétons", poursuit le directeur de territoire. Toutefois, cet ajustement est limité par d’autres priorités : "Il y a la question de l’efficacité des bus." C’est un équilibre compliqué entre favoriser les cheminements piétons et ne pas défavoriser les bus. Deux policiers municipaux sont parfois dépêchés au moment de la sortie d’école pour réguler le carrefour. Ils verbalisent les automobilistes en infraction, mais n’ont pas pour mission de faire traverser les enfants. "On ne peut pas déplacer la route. C’est aussi la responsabilité des parents. C’est censé être une école de proximité, ça leur a été demandé de ne pas venir en voiture", s’agace l’un des agents.

Emma habite à cinq minutes de l’école le long de la route de Schirmeck. "Mon grand de 8 ans, il a déjà fait le trajet tout seul. Mais je lui dis de faire très attention, de ne pas zigzaguer. Quand il est avec des copains, c’est là que j’ai le plus peur." Malgré cette traversée quotidienne, la maman paraît sereine. "À pied, tant qu’on fait attention et qu’on est respectueux, ça va. Mes enfants, j’essaie de leur apprendre à être prudents."

Eva Billion et Morgane Joulin

© Eva Billion et Morgan Joulin

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