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Pas de recrutement, pas de militants, une présence limitée aux périodes de campagne électorale : pour les partis politiques, le Neuhof n'est pas un terrain d'action.

Il suffit de consulter les listes électorales des principales formations politiques lors de la dernière élection municipale pour le constater : les partis ont abandonné le Neuhof.  A l’UMP, sur 65 candidats, une seule est originaire du Neuhof. Sur la liste du PS, d’après nos recherches, deux personnes travaillent dans le quartier. Six résidents étaient présents sur la liste UDI et deux sur celle du Front de Gauche. Alors que le Front National n’a aucun représentant du Neuhof sur sa liste. En conséquence, le quartier est faiblement représenté au conseil municipal : seulement trois élus vivent actuellement au Neuhof, soit 4,7% de l’assemblée, alors que le Neuhof représente 7% de la population strasbourgeoise.

 

L'université, plutôt que les quartiers

Les partis politiques ne viennent jamais recruter de militants dans ce quartier populaire de la capitale alsacienne, comme l’admet Mathias Valverde, coordinateur régional des jeunes socialistes : «  La campagne de recrutement, on la fait dans les facs à la rentrée. C’est beaucoup plus efficace que d’aller dans les quartiers. » La tactique est identique chez le principal parti d’opposition à Strasbourg : «  Les jeunes que l’on recrute sont pour la plupart d’entre eux des étudiants, on ne fait pas de recrutement ciblé dans les quartiers », précise Pierre Jakubowicz, l’un des collaborateurs de Fabienne Keller, qui conduisait la liste UMP à la mairie de Strasbourg.

Faute de militants, les formations sont absentes du Neuhof en dehors des périodes électorales. David Bour, 24 ans, 17e sur la liste du Front de gauche aux dernières élections municipales, vit au Neuhof et ne peut que constater cette défection : «  Si j’avais une quinzaine de personnes à disposition, je serais très heureux de pouvoir faire du tractage chaque semaine. Mais les grosses sections de militants sont dans le centre-ville. On a déjà fait des réunions publiques au Neuhof, mais en dehors des campagnes électorales, il n’y a personne. Il y a un gros manque de confiance, dû à un sentiment d’abandon. » Le constat est partagé par Yazid Knibiehly, jeune militant UDI et habitant du quartier : « Pour nous, il est beaucoup plus facile et efficace d’être dans le centre-ville car on peut toucher des gens de tous les quartiers de Strasbourg. Au Neuhof, nos actions sont limitées car il n’y a pas de grand commerce et très peu de lieux d’expression. »

Seule exception : les campagnes électorales

Les campagnes électorales sont les seuls moments où les partis investissent le Neuhof. Pour le Parti socialiste, c’est même une question vitale, explique Matthieu Cahn, adjoint au maire de Strasbourg : « Pour le PS, la victoire se joue sur la participation des quartiers. C’est la proximité qui va compter car la télé ne les mobilise pas. Certains endroits sont prioritaires. Ceux où il y a une forte abstention et une surreprésentation de la gauche c’est-à-dire le nord du quartier. » Seule exception à cette activité militante sporadique, le Front national qui a enregistré en mars 2014 un score record de voix dans le quartier (17,7% au premier tour) sans y mettre les pieds : « On a fait du boitage [distribution dans les boîtes aux lettres, NDLR] mais pas de tractage. Il y a des endroits où on ne peut pas aller car on est très mal reçu. On n’a aucune politique particulière à destination de ce quartier », précise Flavien Suck, responsable du Front national jeunesse Strasbourg.

Charles Thiallier

 

La parole à la défense

« Ils demandent à être écoutés, la lune aussi... » « Ils veulent avoir un chez-soi. » « Ce qu'ils veulent, c'est vivre, avoir un job. » Pascale Jurdant-Pfeiffer, conseillère générale du canton, est conseillère municipale et a été adjointe du quartier sous la mandature de Fabienne Keller. Annick Neff est adjointe de quartier du Neuhof pour un second mandat. Patrick Roger est un chef d'entreprise installé au Neuhof et conseiller municipal depuis 2014. Nous les avons interrogés sur leur perception des jeunes du Neuhof et de leurs attentes.

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