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06/02/20
10:55

Natchav, entre ombres et lumière

Le théâtre TJP présente Natchav, une pièce de théâtre d’ombre où s’opposent chatoiement de la liberté et obscurité des entraves. Dernières représentations le 6 février pour les plus de huit ans.

La compagnie a créé une vingtaine de maquettes pour le spectacle / Photo Les Ombres portées

Sur scène, quatre silhouettes poussent des chariots, rapidement, dans l’ombre encore installée dans la salle. Deux musiciens sont éclairés sur le côté de la scène, entourés d’un fouillis d’instruments, du tuba aux chaînes de métal. La mélodie commence. À l’écran, un camion roule sur une route de campagne.

Ce n’est pas un film, mais du théâtre d’ombre. Une vingtaine de maquettes roulent sur les planches, tirées par les acteurs/techniciens/bruiteurs qui alternent suivant les scènes. Des décors en métal, en bois, en papier ou en tissu, en noir et blanc, et en relief. Dessus est projetée la lumière d’une lampe. L’un des comédiens filme les saynètes. Apparaissent alors des ombres sur un écran installé en fond de scène. Comme un conte muet qui prendrait vie.

La compagnie Ombres portées a créé et joue Natchav, un spectacle d’une heure, accessible à partir de 8 ans. Ils donnent leurs dernières représentations strasbourgeoises au TJP, anciennement Théâtre Jeune Public, le 6 février à 16 h 15.

Des paillettes aux barreaux

Le spectacle met en scène le cirque fictionnel Natchav. Il arrive en ville, à coup de trompette, rameutant les forces de l’ordre, agacées de la présence des artistes. Repoussés aux faubourgs de la ville, les circassiens réinvestissent la ville. S’en suit une confrontation avec les CRS, ponctuées de coup de sifflets.

L’un des artistes, portant un masque d’oiseau qu’il se fait retirer par les policiers, se retrouve en prison. L’univers carcéral donne lieu aux décors les plus impressionnants. Pas tant par leur taille, mais leur ingéniosité. Les couloirs du pénitencier, les cellules des détenus, l’imposante façade prennent vie grâce à leur niveau de détail. L’ambiance musicale se fait plus sombre, la musicienne pose sa clarinette pour faire grincer une plaque de métal dressée à côté d’elle. Les images se superposent par des fondus. De la lumière blanche, impersonnelle et crue éclaire les barreaux de papiers ; de la lumière plus jaune, chaude illumine la représentation de cirque qui a lieu au même moment.

Sont opposées liberté et détention, beauté de l’art et laideur de l’enfermement. Les comédiens qui manipulaient les maquettes sur la scène s’improvisent acrobates dans des tenues pailletées. Une danseuse, présente sur scène grâce à une actrice et dans les petits décors sous la forme d’une acrobate en bois, tente un numéro d’équilibriste. Les spectateurs retiennent leur souffle. Succès, la foule applaudit. Ce sera l’une des seules interactions des acteurs avec le public. Dommage lorsqu’on se produit pour des enfants.

Histoire d’artisanat

La soirée est réussie pour les marionnettes de Natchav, malgré l’incarcération de l’un des leurs. Ils iront rapidement le libérer, grâce à leurs échelles d’acrobate et à leurs camions de cirque avant de repartir à tambour battant et trompette claironnante pour de nouveaux horizons. Tout finit bien. La morale du conte sonne comme une victoire de la générosité de l’art face l’inhumanité de l’emprisonnement. Que vive la liberté.

Le spectacle fascine plus par le savoir-faire qu’il met en scène que par l’histoire qu’il raconte. Les décors délicats relèvent presque de l’artisanat. C’est la beauté des marionnettes qui ramènent de la poésie à la pièce face à la dureté du thème abordé. On voit des figures de CRS, bouclier au poing, qui par la suite, roueront un homme de coup, des miradors entourés de barbelés, des rêves torturés. La violence, même si elle n’est pas graphique, est une partie intégrale de la pièce.

Le thème reste rude pour des enfants, même adoucis par la gaieté des numéros de cirque. Et puis l’absence de dialogue peut perdre les plus jeunes. Les moins de huit ans risquent de ne pas comprendre le spectacle sans les explications de leurs parents. Ce qui risque d’agacer le reste des spectateurs.

Judith Barbe

Infos pratiques : TJP, Grande Scène, 7 rue des Balayeurs à Strasbourg. 10 h et 14 h 15. 19 € tarif plein, 15 € tarif réduit.

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