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08/02/22
17:37

Avec Kodak, la photo argentique couleur au prix fort

Les amateurs de photographie argentique font face depuis ce début d'année à une forte augmentation des prix des pellicules couleur de Kodak, qui s'ajoute à un contexte de pénurie. Pour autant, les photographes conservent leur attachement à la couleur et cherchent de nouvelles stratégies.

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Pour trouver ses pellicules, Jean-Jacques Strauss a dû rechercher sur des sites internet étrangers, faute de stock chez ses grossistes habituels. © Laura Remoué

C'est une caverne d'Alibaba, un mini musée de la photographie argentique que renferme le Labo 1000 de Schiltigheim. En ballon de foot sur une étagère, en jeu de sept familles dans une vitrine ou en abat-jour au plafond, la couleur jaune de Kodak est partout. Partout dans ces reliques oui, mais beaucoup moins dans les frigos de pellicules à la vente. Car depuis quelques temps, les stocks sont rares et depuis début janvier, les prix ont considérablement augmenté.

En fin d'année dernière, la compagnie a annoncé l'augmentation de ses tarifs, d'une moyenne de 20%, prévue début 2022. A celle-ci s'ajoute celle de certains magasins, car pour continuer de fournir sa clientèle, « nous faisons la tournée des fournisseurs, mais quand ils n'ont plus rien, nous allons chercher sur le net », raconte Jean-Jacques Strauss. Il ne bénéficie donc plus des tarifs avantageux des grossistes : « On achète au même prix que le consommateur normal, donc une fois que l'on met une marge on est plus cher que sur le net. Il nous est même arrivé de dépanner un magasin photo qui n'en trouvait plus auprès de son grossiste. »

Kodak en quasi monopole sur les pélicules couleur

Depuis que Fujifilm se retire du marché, Kodak doit assumer le report de sa demande et n'a plus de quoi y répondre. Le vendeur Parallax Photographic Co-op rapporte que Kodak entend investir et répercute donc ses besoins financiers sur le consommateur.

Mais attention, la situation concerne spécifiquement les pellicules couleur, où Kodak est en situation de quasi monopole. Jean-Jacques Strauss sort de son frigo les films noir et blanc dont il regorge : du Ilford, Fomapan, quelques Fujifilm encore. « Il y a plus d'acteurs dans le noir et blanc, explique-t-il. On a souvent l'impression qu'on achète un film comme on achète une boîte de petits pois, mais ce n'est pas une boîte de petits pois », insiste le laborantin, car fabriquer un film couleur est beaucoup plus complexe.

Face à cette double peine de pénurie et de prix, les photographes sont contraints de s'adapter. Angélique Hubster utilise ponctuellement la couleur argentique dans ses projets personnels. Elle a d'abord modifié sa façon d'acheter au sein même de la gamme Kodak : « Les portra sont devenues presque introuvables, donc je suis partie sur les gold. »

Un nouveau public en demande

Dans sa boutique de Bourg-en-Bresse, Timothé Rimbert n'a reçu, lui, que « dix peloches » Kodak gold depuis octobre. Il constate que ses « clients habituels continuent d'en demander malgré le prix, mais ils en prennent moins ». C'est le cas du photographe Ranx, basé à Lyon : « Mes moyens financiers ne me permettent pas de stocker, donc je vais continuer d'acheter comme avant, juste moins de Kodak. Je vais plutôt prendre des films chez Lomography maintenant. » Quant à son collègue Eiikkii, du collectif « Globe children », il a plutôt choisi de réduire sa part de photographie couleur, au profit du noir et blanc.

Jean-Jacques Strauss se veut encore confiant. « Nous allons continuer de payer cher pour que l'entreprise puisse continuer à produire, si elle s'arrête on a plus rien. » S'il espère voir d'autres entreprises se lancer dans la production de films couleur, il sait combien la tâche est ardue. Au début de la décennie 2010, l'arrivée du numérique a failli mettre fin à l'argentique, mais le charme de la pellicule est parvenu à séduire à nouveau les plus jeunes ces dernières années. Avec des acteurs modernes comme Lomography, cette génération a pris la relève pour s'installer comme une clientèle stable. Jean-Jacques Strauss se montre rassuré : « On peut se dire désormais qu'il est acquis que l'argentique va rester. »

LAURA REMOUÉ

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