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« Oublie le code pénal, oublie la Constitution, la loi c’est nous »

Rafael Balza Mujica est arrivé seul en septembre 2018 à Strasbourg, pour rejoindre son neveu, installé depuis dix ans. « Le changement a été brutal », confie cet exilé vénézuélien, qui était procureur sur l’île de Margarita. Il a dû fuir après s’être prononcé publiquement, avec 70 autres procureurs de l’île, contre l’initiative du gouvernement de Nicolas Maduro de créer par décret une Assemblée nationale constituante en 2017, parallèle à l’assemblée existante élue.

« Douze jours après nous avons reçu une lettre de destitution, ça a été notre cadeau », se souvient, amer, l’homme de 48 ans. A partir de là, il a exercé comme avocat privé et criminologue. Mais n’a pu échappé au harcèlement des autorités. « Tous les juges me connaissaient, ils savaient qui j’étais, je ne pouvais pas travailler. Les documents juridiques étaient subtilisés par le tribunal, je ne gagnais aucun procès ». Forcément, les clients se sont fait de moins en moins nombreux.

Le procureur dissident a commencé à recevoir des appels menaçants régulièrement. « Nous savons où tu habites, où vit ta fille », rapporte-t-il. Puis vint l’estocade finale, 15 jours avant son départ, alors qu’il avait déjà commencé à vendre ses biens.

« Je montais dans ma voiture à la sortie d’un centre commercial, j’ai reçu un coup de poing dans la nuque », raconte-t-il. La scène est encore vive dans sa mémoire. Rafael Balza s’est alors retourné, et a reconnu le manche d’un Glock coincé dans la ceinture de son agresseur. « Tu es un traître, nous allons te tuer », lui a lâché l’un des deux hommes, dont il se rappelle la chemise rouge. Les deux individus ont tenté de le frapper, il a répondu comme il a pu, avant de les voir enfourcher leur moto. « Ca ne m’était jamais arrivé avant », souffle-t-il.

« J’ai eu envie de le frapper »

Avant de prendre l’avion, le 7 septembre, son bagage est contrôlé par les autorités, comme le veut le procédure classique. Mais lorsque le lieutenant découvre l’argent liquide qu’il emmenait avec lui – 600 euros -, le ton change.

« Il m’a ordonné de lui donner la moitié », assure l’ex-procureur qui a eu beau plaider qu’il était dans son « bon droit », rien n’y fait. « Oublie le code pénal, oublie la Constitution, ici la loi c’est nous », lui intime le lieutenant. Rafael Balza obtempère.« J’ai eu envie de le frapper. Mais là-bas, tu n’as d’autres choix que de subir ces abus. »

Le juriste a déposé plainte, et après avoir vendu sa voiture, sa moto et vélo pour « pouvoir payer le billet d’avion », il a rejoint enfin la France.

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Cape, cravate, badges, baguette et écharpe : le costume du parfait sorcier demande peut demander beaucoup d’accessoires. /Vincent Ballester

L’investissement dépend de chacun. Un simple pull coloré peut suffire, mais bien souvent, quelques accessoires (cravate siglée, baguette magique, badge) achetés en boutique geek viennent s’ajouter. Les fans les plus dévoué(e)s dépensent plusieurs dizaines (voire centaines) d’euros pour les baguettes et uniformes officiels, commandables en ligne. Comme pour rendre plus réel cet univers pourtant fictif.

«Je dirais qu’on est pas obligé d’avoir beaucoup d’accessoires», affirme Sihl. «Même en ayant pas grand-chose sur soi, ce n’est pas pour ça que je suis moins fan qu’un autre : c’est notre passion qui le définit vraiment.»

Hors-évènements, il n’est pas rare de se balader avec une écharpe et/ou un sac repéré au premier coup d’œil par les autres Potterheads. Sur le campus de l’Unistra, il est fréquent de croiser une écharpe Serpentard ou un porte-clés Serdaigle. 

Sort Cogneur est une association d’étudiantes que la passion d’Harry Potter a unies alors qu’elles partageaient le même banc à la faculté des langues de Strasbourg. Aujourd’hui, ce sont les meilleures amies du monde, et elles organisent d’épiques chasses aux trésor qui s’inscrivent dans le thème.

En revanche, Sarah n’ose pas (encore) se promener avec la réplique de la canne de Lucius Malfoy (l’un des méchants de la saga), en ébène avec une tête de serpent argentée comme pommeau («J’en suis très fière», confie-t-elle). Mais elle aussi se balade avec une jolie écharpe Gryffondor. De quoi donner l’impression aux Potterheads d’appartenir à la même famille… 

Vincent Ballester

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Dernièrement, en librairie spécialisée, un Potterhead a repéré de fort beaux livres sur l’univers cinématographique d’Harry Potter. Le propriétaire, ravi d’enrichir sa trésorerie grâce à la dévotion de ces fans, a confié «avoir fait passer les 1 000 euros à son chiffre d’affaires du jour grâce à lui»… Quand on aime, on ne compte pas ?

Audrey, fonctionnaire pour l’Eurométropole de Strasbourg, est souvent grimée en Serpentard de la tête aux pieds. Mais elle sait clairement compter et se poser des limites, elle : «Quand je vais aller au Primark qui contient une énorme boutique Harry Potter à Londres, clairement, je n’emmènerai pas ma carte bleue. Je prendrai un billet de 50 livres sterling, et ça s’arrêtera là !» Effectivement, le danger du découvert réside dans chaque boutique qui vend des produits dérivés…

Margot se montre plus philosophique, et moins matérialiste : «Les personnes qui prétendent être plus fan que toi car ils ont une collection énorme n’ont rien compris. Je n’ai pas forcément beaucoup de choses, mais ce que j’ai me rend heureuse. Avoir lu les livres et vu les films, c’est ce qui fait de moi une fan d’Harry Potter car ma passion a commencé grâce à ça.»

Comment s’habillent les Potterheads ?

La scène se passe dans une rue de Strasbourg, un jour où l’on rediffuse Harry Potter 1 au Star Saint-Exupéry. Un Potterhead trottine. Un trentenaire sourit en voyant voler au vent l’écharpe jaune siglée du blason des Poufsouffle, l’une des quatre maisons de l’école de magie de Harry. Une vieille dame fronce les sourcils en constatant qu’une longue cape noire pend dans le dos de l’individu. Et deux adolescentes blasées ne paraissent même pas remarquer la réplique d’une baguette magique qu’il tient dans la main droite. 

Pour beaucoup, montrer son attachement à Harry Potter passe par se costumer. Pas dans la vie de tous les jours, certes. On se voit mal acheter de la lessive ou voir sa banquière avec une cape de sorcier sur le dos… quoique ? Mais pour se rendre aux conventions et autres évènements sur le thème, c’est l’idéal.

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Une récente (et coûteuse) acquisition. /Vincent Ballester

Que font les Potterheads ?

Margot, 19 ans, dont 13 ans de vie commune avec Harry, donne un bon résumé des activités de tout Potterhead qui se respecte : «Je regarde les films dès que je peux, je relis les livres, je vais aux évènements et marathons avec mes amis, et j’en parle avec eux évidemment… J’écris des histoires sur Harry Potter, je porte les habits, j’écoute la musique… Voilà quoi, ça fait vraiment partie de ma vie !» Et comment serait sa vie s’il n’y avait pas eu Harry Potter ? Margot n’y va pas par quatre chemins : «Ma vie aurait été… nulle !»

La magie ne s’arrête jamais : chaque événement permet de fraterniser, comme ceux de l’automne 2018 : une époque propice pour pratiquer le culte d’Harry Potter, qui fêtait ses 20 ans. Les cinémas rediffusaient les films, les associations organisaient des évènements à gogo, et les médiathèques et librairies ouvraient grand leurs portes. C’est à cette occasion qu’il était possible de fraterniser avec une poignée de Potterheads, de monter des groupes, quasiment des lobbies. Via ces groupes, les fans se font tous les évènements dans le thème. Notamment des sorties au cinéma, la dernière remontant à la sortie du deuxième volet des Animaux Fantastiques.

Avoir une passion commune, pratiquer les mêmes activités, partager des moments conviviaux, voilà qui donne l’impression d’appartenir à une (très) grande communauté. Ce que souligne Sihl : «J’aime partager cet univers que j’aime énormément avec d’autres personnes. Ça rend l’expérience meilleure et ça permet aussi de faire des nouvelles rencontres de personnes aussi fan que moi !»

Sarah a participé à beaucoup d’événements, elle aussi. Elle a d’ailleurs la gentillesse de ne pas vilipender son meilleur ami, qui a failli lui faire attraper une pneumonie lorsqu’il l’a traînée, par grand-froid, à une chasse au trésor Harry Potter qui avait lieu toute une après-midi d’automne au parc de l’Orangerie.

Combien ça coûte ?

Il y a jusqu’à présent sept livres originels, quatre livres supplémentaires, huit puis dix films officiels, des adaptations à foison en jeux-vidéo, sans oublier des dizaines de figurines, peluches, et accessoires qui nécessitent parfois de dépenser plusieurs centaines d’euros. Le balai d’Harry Potter coûte par exemple plus de 300 euros. En clair, être un Potterhead, ça peut vite coûter cher.
 

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Chaque année, la librairie Kléber de Strasbourg organise une Nuit Harry Potter. /Vincent Ballester

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