I do not know much about gods; but I think that the river is a strong brown god - sullen, untamed and intractable.
Patient to some degree, at first recognized as a frontier; useful, untrustworthy as a conveyor of commerce; then only a problem confronting the builder of bridges. The problem once solved, the brown god is almost forgotten by the dwellers in cities - ever, however, implacable, keeping his seasons and rages, destroyer, reminder of what men choose to forget. Unhonoured, unpropitiated
by worshippers of the machine. - T. S. Eliot (1888-1965) from Four Quartets
Hindu mythology tells us that river Yamuna is a goddess and the water has the power to wash away sins. However, the 22 kilometers of Yamuna that flows through Delhi is no longer fit for ablutions, divine or otherwise. « The amount of untreated sewage and industrial effluents that are directed towards the river are enough to make it very sick. Today, the state of Yamuna in Delhi is such that the thickness of the waste does not allow it to flow, except in the monsoon months » said Dr. Soni.
4% of the river flows
According to the Central Pollution Control Board (CPCB), only 4% of the Yamuna actually flows through the Capital. Ironically, this stretch is responsible for over 70% of the river’s pollution. The pollution levels of the Yamuna are such that the water is unfit even for bathing. That, however, does not stop slum dwellers from taking a bath in the river. R M Bhardwaj, Senior Scientist, CPCB, explained the limitations of the government while dealing with domestic sewage and industrial effluents disposal. « Water is a state subject. In the capital, we have the most extensive sewage treatment plants (STPs) in place. However, the amount of waste water produced by Delhi does not reach the STPs because of the lack of sewage pipelines », he said.
Pour la seconde année consécutive, l’Etat du Maharashtra, 112 millions d’habitants dont plus de la moitié de ruraux, est durement touché par la sécheresse. Alors que le plateau occidental, très urbanisé, bénéficie d'une mousson abondante, les plaines orientales, essentiellement agricoles, ne reçoivent que de maigres précipitations. Les détresses et les mesures d'intervention s'y concentrent.
Sans accès aux médicaments les plus efficaces, les populations les plus pauvres sont les premières victimes des infections dues aux eaux souillées.
De l’eau à domicile, certes, mais impure la plupart du temps. Saletés, mauvaises odeurs, et même parfois vers arrivent au robinet. Utilisée pour boire, faire la cuisine, la lessive et se laver, l’eau transmet des maladies, notamment diarrhées et infections, dont femmes et enfants sont les premières victimes.
En Inde, la diarrhée est responsable de 12 % des décès d’enfants, une maladie qui affecte principalement les petits de moins de cinq ans, avec une mortalité plus importante avant deux ans. L’un des principaux agents de la diarrhée, le rotavirus, cause chaque année l’hospitalisation de 884 000 enfants en Inde (un coût pour le pays estimé à 3,4 milliards de roupies -55 millions d’euros-). Et près de 100 000 d’entre eux en meurent.
Selon le Plan d’action mondial intégré pour prévenir et combattre la pneumonie et la diarrhée, les deux principales causes de la mortalité, la population indienne est la plus touchée au monde avec 386 000 décès par an attribués à la diarrhée, devant le Nigeria (151 000), la République Démocratique du Congo (90 000), l’Afghanistan (82 000) et l’Ethiopie (73 000).
L’insalubrité de l’eau, un assainissement insuffisant et un manque d’hygiène sont les principaux facteurs de ces infections. Dans de nombreux bidonvilles, les eaux usées sont évacuées par des canaux à ciel ouvert. Un quart des habitantsde ceux de Delhi n’ont pas accès aux installations sanitaires, les besoins étant faits en plein air. Les femmes et les jeunes filles souffrent particulièrement de cette situation. Pendant leurs règles, elles mettent de côté de petites quantités d’eau dans des pots souvent sales, pour se nettoyer.
Depuis 2005, le ministère fédéral de la santé et du bien être de la famille indien a mis en place les ASHA (Accredited Social Health Activist) laissant aux Gram Panchayat (administrations villageoises) le soin de créer et nommer ces travailleurs sociaux. Ce sont majoritairement des femmes, issues de la communauté où elles interviennent. Ces ASHA ont un rôle de conseil, de prévention auprès des femmes, notamment pour les encourager à se rendre à l’hôpital afin de bénéficier d’examens prénataux et d’un accouchement dans de bonnes conditions sanitaires.
Dans le district de Beed, 300 familles vivent dans ce camp de regroupement de bétail de Warwati, l'un des 75 subventionnés par l'Etat. La priorité est de sauver les bêtes, principal outil de travail et première source de revenus.
© Baptiste Cogitore/Cuej
Seuls ou en famille, ils ont quitté leurs terres asséchées. Depuis janvier, 400 000 personnes seraient arrivées à Pune, deuxième ville du Maharashtra.
Les bus colorés défilent dans un vacarme assourdissant, saccadé par les coups de sifflets des contrôleurs. ll est 17h au terminal de Shivajinagar, gare routière de Pune où débarquent les voyageurs en provenance du Marathwada, région dévastée par la sécheresse qui frappe le Maharashtra.
Une main d’œuvre à prix imbattable
« Ils sont de plus en plus nombreux », assure Ranesh D. Sawant, responsable de la station de bus de Swargate. Il voit régulièrement arriver des familles originaires d’Aurangabad, Beed, Jalna, Latur, Nanded, Parbhani, Usmanabad, districts touchés par le manque d’eau. « La sécheresse actuelle est plus dure que celle de 1972, assure l’avocat Bastu Rege, responsable de Santulan, une organisation de travailleurs sociaux qui aide les migrants en difficulté. La vague des migrants récents vient s’ajouter aux migrants d’alors, toujours entassés dans les taudis depuis 40 ans. Il n’y a plus de place pour les accueillir. » Il estime à près de 400 000 ceux qui sont arrivés à Pune cette année. Un chiffre impossible à vérifier car les migrants ne sont pas enregistrés par la municipalité.
Sans structure d’accueil, les plus nombreux vivent dans la rue. Les chanceux deviennent domestiques ou journaliers dans la construction, affectés aux chantiers de peinture, de drainage, de charpenterie. Pour trouver ces emplois, ils se massent tous les matins à l’aube sur les « marchés au travail » où les camions d’entreprise viennent ramasser une main d’œuvre à un prix imbattable.
Le pont de Dandekar est l’un de ces points d’embauche. Rahul Sonawane, président local du Bhartiya Majdur Sangha, un des plus grands syndicats indiens, affirme qu’ils sont entre 400 et 500 à s’y rassembler chaque matin, soit 100 à 200 de plus qu’en temps normal. « Mais avec la mousson qui arrive, de plus en plus restent sur le carreau car on entre dans la période creuse pour le travail », explique-t-il.
En plus de son rôle de médiateur entre travailleurs et employeurs, Rahul Sonawane gère ici un abri qui accueille entre 40 et 50 migrants par nuit. Deux murs coiffés d’une tôle. Ce soir, à 21h30, ils sont une dizaine, venus de Jalna, Satara et Solapur, à partager un canapé éventré et deux chaises posés sur la dalle de béton qui leur servira tout à l’heure de sommier. A la lueur d’une ampoule, ils évoquent ces deux hommes arrivés la veille, à moitié morts de soif après trois jours de voyage et émerveillés par l’abondance en eau de la ville. Demain matin, comme tous les jours, ils chercheront à se faire embaucher à quelques mètres d’ici. Seule la moitié d’entre eux auront la chance de recevoir un salaire pour la journée. Les autres se débrouilleront pour vendre des ballons, louer leurs bras à la pièce, ou devront se résoudre à ne pas manger.
Lisa Agostini, Jessica Trochet
La pénurie fait l'affaire de compagnies privées, qui fournissent les paysans du Maharashtra par camions-citernes.
Sur les routes défoncées du district de Jalna, le ballet des citernes est incessant. Tirés par de gros camions ou de petits auto-rickshaws, ces réservoirs d’eau montés sur essieu maintiennent sous perfusion 7 500 kilomètres carrés de terre altérée. Ils multiplient chaque jour les va-et-vient entre points d’eau et villes, villages ou entreprises et exploitations.
Un marché prometteur
Dans une des zones industrielles de Jalna, un alignement de panneaux affiche la spécialité de petits ateliers : fabricants de citernes. En construire une de 10 000 litres coûte près de 30 000 roupies. Elle sera vendue le double. Ces ateliers se comptaient sur les deux mains l’an dernier. En 2013, Amit Kulkarni, journaliste local au Daily Pallavrang affirme en avoir dénombré près de 100. Ils tournaient encore à plein régime mi-avril. Mais à l’approche de la mousson, la demande a chuté, et une atmosphère de désoeuvrement annonce la fin de saison. Elle aura été bonne. Prasad Tanpure, ancien député du Maharashtra, estime que la barre des 50 000 tankers construits a sans doute été franchie cette année, soit un profit de 2 milliards de roupies, réalisé sur les acheteurs publics et privés.
Incapable de satisfaire au droit d’accès à l’eau potable que la loi reconnaît aux quelque 1,6 million d’habitants éparpillés dans ce district rural, l’administration a concédé cette mission à deux compagnies privées, en partageant équitablement le territoire. Leurs quelque 600 camions-citernes font chacun deux à trois trajets par jour. Il faut parfois 160 km pour un aller-retour. Certains villages éloignés ne les voient qu’une fois par semaine. L’Etat, par l’intermédiaire du préfet de district, leur verse 135 roupies pour 1000 litres livrés. L’eau est mise gracieusement à disposition dans des réservoirs publics souvent creusés dans le sol d’immenses lacs artificiels desséchés.
Business as usual
S’il répond ainsi aux besoins essentiels, le service public est loin de satisfaire la demande inextinguible suscitée par la canicule, qui a éveillée la vocation d’une armée de petits entrepreneurs opportunistes. En réalité, c’est le secteur privé qui permet à la population du district de Jalna de boire -presque- à sa soif. Mais pas à moindre coût. Les marchands d’eau négocient les tarifs au téléphone. Et c’est surtout la distance avec le puits le plus proche qui détermine la facture. Si le prix moyen pour 1 000 litres oscille entre 250 et 350 roupies, des villageois du sud du district disent acheter la même quantité plus de 600 roupies.
Ramanlal Nand est dans la partie depuis 2003. Entre janvier et mi-juin, il approvisionne chaque jour une cinquantaine de familles à Jalna. Pour augmenter sa marge, il a investi, en 2007, dans le creusement d’un puits au pied de sa maison, en contractant 1 million de roupies d’emprunt auprès d’une banque et de prêteurs privés. Le jeu, dit-il, en vaut la chandelle. Grâce à la forte demande cette année, il a presque doublé son chiffre d’affaires. Revers de la médaille, son puits est maintenant presque à sec et il ne peut plus honorer ses commandes. Seule une bonne mousson lui permettra de relancer son business l’année prochaine.
Maxime Coltier, Rémy Dodet