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© Yann Rudeau

Les sans-abris peuvent également compter sur les maraudes comme Coup d’bol ou Le bonheur d’un sourire, qui quadrillent chaque jour les rues du quartier. Une fois par semaine, les bénévoles d’Ô cœur de la rue 67, vont à la rencontre des précaires. Un itinéraire évolutif, qu’ils adaptent à l’approche du marché de Noël de Strasbourg. “Les SDF doivent quitter les rues empruntées par les touristes sous la pression des forces de l'ordre”, indique Mehdi Bouzouad.

Au-delà de la distribution alimentaire, c’est aussi l’occasion de créer des liens et de prendre en compte les besoins de chacun. “C’était bien une paire de chaussures en 42 qu’il te fallait ?”, demande Xavier à un homme emmitouflé dans une couverture le long du quai Saint-Jean.

Un peu plus loin, dans la rue du Maire-Kuss, les passants, valises à la main, pressent le pas. Enzo, Elie et Capsule, leur chien, sont assis sur un carton à proximité d’un distributeur de billets. Un emplacement de choix pour faire la manche.

Le jeune homme de 25 ans, bonnet vissé sur la tête, porte une barbe de trois jours et une doudoune chaude sur les épaules. Elie, 22 ans, a le visage rehaussé d’une frange brune et courte qui dénote de ses longueurs rousses.

Le couple est à la rue depuis plus de cinq ans. Lui, par convictions anarchistes, elle, par contrainte après avoir quitté le foyer familial. Ils ont arpenté les rues de Lyon, Metz ou encore Besançon, mais, selon eux, Strasbourg est la ville la plus accueillante. 

Effet d’aubaine pour les particuliers : le quota fixé par la mairie pour les véhicules thermiques chez Parcus et Indigo est atteint. Ces privés louent aussi leurs places à des tarifs plus avantageux. Entre 80 et 100 € pour le mois, contre 100 à 120 € aux parkings Sainte-Aurélie et Wodli. Y garer sa voiture une dizaine d’heures par jour revient à environ 8 €. En huit à dix jours, une location chez un particulier est déjà rentabilisée.

Guillaume Colleoni et Erwan Drouillac

Des places en or

Des particuliers louent leurs places de parking. Une source de revenus pour eux, une alternative aux garages en silo pour les automobilistes.

Murielle s’est installée à proximité de la gare il y a une dizaine d’années. Locataire d’un appartement, cette commerciale de 42 ans rencontrait des problèmes pour se garer. Elle a alors investi environ 13000 € dans une place de parking, rue du Faubourg-de-Saverne. Quelques années plus tard, elle déménage à la campagne. Mais elle décide de garder son emplacement pour le louer à d’autres particuliers et compléter ses revenus. Comme Christine, qui sous-loue le sien 80 € par mois. Yann, quant à lui, investit dans l’immobilier depuis plus de deux décennies pour préparer sa retraite. Il cible les boxes et les places de parking. Sur la dizaine qu’il possède à Strasbourg, il en loue cinq au quartier Gare.

Des tarifs avantageux

C’est un secteur “très recherché”, selon Yann. Pour lui, c’est la difficulté à s’y garer qui pousse à opter pour la longue durée. La mairie “a mal pris en charge la problématique du stationnement”, affirme-t-il. La clientèle ne se limite pas aux usagers du train. Le dernier locataire de Christine travaillait dans le secteur des Halles et s’y rendait en voiture.

Les subventions comme moyen de subsistance

Avec des rentrées d’argent aléatoires, la pérennité économique d’une association comme Les Petites Cantines dépend des subventions et des dons. Dans son cas, ils s’élèvent à 40 000 € par an. Ils proviennent, entre autres, de l’Eurométropole et d’agents privés (tels que AG2R, Malakoff Humanis ou la fondation Carrefour).

Cette augmentation fait écho au développement de l'intérim en France, facilité notamment par l’adoption de la loi Borloo en 2005. Grâce à cette dernière, les agences peuvent recruter en CDI et CDD. D’après Céline Brenner, responsable de Samsic Emploi, la concentration d’enseignes n’est pas un handicap : “Un intérimaire qui vient dans l’une des agences, viendra aussi dans les autres pour avoir plus de chances d’obtenir une mission.”

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Tracé des fortifications de Strasbourg et des bastions attenants. © Plan issu du livre de Philippe Bruscher, De la ceinture fortifiée de Strasbourg à la position de la Bruche : 1870-1918.

Le Wagon Souk, Carijou et les Petites Cantines sont trois acteurs de l'économie sociale et solidaire du quartier gare. © Mathilda Idri et Anis Boukerna

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© Thomas Bonnet

L’entreprise Parcus, qui concentre toutes ses activités dans le Bas-Rhin, exploite notamment le Sainte-Aurélie. Avec les 21 ouvrages qu’elle gère, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 9,8 millions d’euros en 2021. Et pas moins d’1,2 million d’euros de résultat net après impôts. Resté stable ces dernières années, ce montant se compose essentiellement des recettes horaires et des abonnements. Jour, nuit, week-end… Pour les différentes formules, les tarifs sont fixés en accord avec la mairie : 281 € par trimestre pour les résidents du quartier, contre 420 € pour les autres.

Ce business florissant a poussé le Wodli, en 2020, à s’enrichir de nouveaux services. Bornes de recharge pour les véhicules électriques, atelier de réparation pour les cycles, espaces à vélos de 100 places… Des innovations qui répondent à de nouvelles demandes et permettent d’engranger des recettes supplémentaires.

Guillaume Colleoni et Erwan Drouillac

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