06 février 2013
Protection de l’ours polaire et des requins, lutte contre le braconnage, c’est le programme que le Parlement européen souhaite voir défendu par l’Union européen en mars lors de la réunion de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).
Strasbourg veut défendre l’ours blanc, les requins-marteaux, et mettre fin au trafic de cornes de rhinocéros et d’ivoire. Dans une résolution adoptée à une large majorité ce mercredi, le Parlement européen a demandé à la Commission européenne et au Conseil de l’UE de défendre cette position lors de 16e conférence des parties (COP 16) de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), qui se déroulera du 3 au 14 mars prochains à Bangkok (Thaïlande).
Principal accord global de conservation des espèces sauvages, la CITES vise depuis 40 ans à empêcher leur surexploitation due au commerce international. Cette convention contraignante a été ratifiée par 177 pays (appelés « parties »), dont les 27 Etats membres de l'UE, et protège 5 000 espèces animales et 28 000 végétaux, en fonction de la gravité du risque d'extinction qu'elles encourent.
Protection des espèces menacées
Aux côtés des Américains et des Russes, Strasbourg veut protéger l’ours polaire, particulièrement menacé par le changement climatique et la disparition progressive de son habitat naturel. Les députés souhaitent que l’Union soutienne l’inscription du plantigrade à l'annexe I de la CITES, la plus contraignante puisqu'elle comporte les espèces menacées d'extinction et en interdit le commerce. Le Canada, qui abrite environ 16 000 des 20 à 25 000 ours blancs, devrait toutefois s’avérer être un adversaire coriace. Le pays à la feuille d’érable met en avant le droit des Inuits à maintenir leur tradition de la chasse l'ours.
Pour la première fois, des espèces marines devraient être incluses à la CITES. Ce sera le cas de plusieurs espèces de requins jugés sensibles à la surpêche, que Strasbourg souhaite voir inclus dans la liste des animaux dont le commerce doit être contrôlé (annexe II). Le requin-taupe et plus encore le requin-marteau sont particulièrement menacés. Leurs ailerons sont consommés en soupe dans certains pays asiatiques (Japon, Chine ou Philippines). Leur viande est également prisée au Mexique, en Tanzanie et dans certains Etats membres de l’UE (Espagne, Italie et France).
Braconnage
Eléphants et rhinocéros, victimes d’un braconnage intense pour leurs défenses et cornes, devraient être davantage protégés. Les eurodéputés ont demandé à l'UE d'adopter une position ferme sur la chasse illégale et la chasse de trophées, en renforçant la lutte contre le trafic international. L'UE devrait renouveler son engagement financier envers le programme de suivi de l'abattage illicite d'éléphants (MIKE, Monitoring the Illegal Killing of Elephants), recensement aérien des populations d’éléphants d’Afrique et des actes de braconnage.
Les pays asiatiques, où le marché du luxe est en pleine expansion, sont parmi les principaux débouchés pour ces produits. Au Vietnam, la corne de rhinocéros est synonyme de richesse. A poids égal, une corne équivaut à deux fois le prix de l’or. Le Parlement européen demande donc aux Etats membres et la Commission d’accentuer les pressions sur ces pays dans leurs négociations commerciales.
Une exigence de transparence
Enfin, les eurodéputés demandent que les parties de la CITES affichent clairement leur vote lors de l’inscription de nouvelles espèces à la convention. Strasbourg réclame notamment la fin du recours au vote à bulletin secret. « Cette pratique engendre des doutes quant au respect des critères scientifiques dans l'inscription des espèces », est convenue Lucinda Creighton, représentante de la présidence irlandaise du Conseil.
Afin de défendre ses propositions avec force devant la COP, les députés ont demandé à la Commission européenne et au Conseil de parler d’une seule et même voix lors de la conférence.
Renaud Toussaint