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Ranger les rangers

Un engagement se rompt pour différents motifs. Et quand bien même, cela ne signifie pas que ce dernier cesse complètement. Exemple avec trois anciens sapeurs-pompiers volontaires qui ont remisé l’uniforme au placard.

Hubert Charpentier, président du comité de la Croix Blanche de Schirmeck. Crédit : Document remis

Difficile de combiner gardes à la caserne, temps d’astreinte et vie familiale pour les soldats du feu. Hubert Charpentier, 59 ans, a été sapeur-pompier volontaire pendant 15 ans au centre de secours de Schirmeck. Il a fini par se retirer en 1986, pour redonner la priorité à sa vie de famille.

« Je suis devenu pompier parce que j’avais ça dans le sang, j’étais passionné », explique-t-il. Après la naissance de ses enfants, il a dû faire un choix. « J’étais aussi engagé à la Croix Blanche. Résultat, je n’avais plus de temps libre. Il fallait suivre de nombreuses formations pour continuer à être bénévole à la caserne, poursuit-il. Quand on est jeune, on est motivé et on ne compte pas ses heures. On peut partir à 5h du matin le dimanche pour une garde de douze heures sans problème. Les choses se compliquent dès qu’on commence à avoir une vie de famille. Je ne voyais plus assez mes proches. »

Hubert Charpentier a quitté le corps des sapeurs-pompiers à 28 ans. Il n’a pas pour autant coupé les ponts avec le secourisme. Aujourd’hui, cet Alsacien reste investi à la Croix Blanche et préside le comité de son village. Un engagement moins contraignant. « Il n’y a pas de système d’astreinte et je choisis les postes que je vais assurer », confie-t-il.

Pas facile de se désengager

Jean-Luc Urban, lui, a été pompier volontaire à la caserne de Duppigheim, puis à Molsheim, pendant plus de 33 ans. Il compte parmi ceux qui ont été jusqu’au bout, qui sont arrivés à la fin du service autorisé (1) . Il garde néanmoins un pied dans le monde des soldats du feu, puisqu’il fait toujours partie de l’amicale de Molsheim.

Il est surtout pompier salarié à l’aéroport de Strasbourg depuis 1995. Une fonction qui n’a rien à voir avec le Service départemental d’incendie et de secours. « Ici, on gère surtout les petits bobos. Par exemple, un gars qui s'est coupé, qui a fait un malaise dans l'avion. On intervient aussi en cas de crash. Ce n'est pas le même rythme ni la même ambiance qu’au centre de secours. C'est plus reposant, on n’enchaîne pas les interventions. »

Jean-Luc Urban est pompier salarié à l’aéroport de Strasbourg depuis 22 ans. Crédit : Marie BERTHOMÉ

Jean-Luc Urban est pompier salarié à l’aéroport de Strasbourg depuis 22 ans. Crédit : Marie BERTHOMÉ

Être pompier, c’était mieux avant

Il y a les passionnés qui n’arrivent pas à décrocher complètement, mais aussi ceux qui rendent définitivement leur tablier. C’est le cas de Didier Rietsch. Après 45 ans d’engagement, il a décidé de stopper sa carrière de volontaire à la caserne en 2016. « Quand je me suis engagé, on gérait essentiellement des feux de cheminée, de forêt et des nids de guêpes. Aujourd’hui, dans la plupart des cas on porte assistance aux personnes.

Les pompiers sont appelés pour tout et n'importe quoi

C’est bien beau d’aider les gens, mais ce n’était pas notre métier il y a 15 ans, lâche l’employé aux espaces verts. En plus, les sapeurs sont appelés pour tout et n’importe quoi maintenant. » Il se souvient d’une intervention particulièrement frustrante : « Une femme appelle la caserne parce que son mari s’étouffait. Une fois sur place, on a constaté qu’il toussait beaucoup. La situation était loin d’être critique. »

L’ancien volontaire, originaire de Geispolsheim, déplore aussi le comportement des nouveaux engagés qui « ne considèrent plus les grades. Les jeunes d’aujourd’hui ont bénéficié d’enseignements théoriques et n’ont pas d’expérience de terrain. Pourtant ils se prennent pour des cadors et se permettent de nous donner des leçons ». Malgré l’amertume, Didier Rietsh garde un bon souvenir de ses années d’engagement, qu’il ne regrette pas une seule seconde.

Elsa VANDE WIELE

(1) Chez les sapeurs-pompiers volontaires, la limite d’âge est de 55 ans pour les sous-officiers et de 60 ans pour les officiers.

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