Randonnée et cours de chant avec les associations Tunaweza et Ballade
Une coopération entre associations, indispensable pour accompagner les migrants
À Strasbourg, les associations engagées en faveur des migrants collaborent souvent pour mener à bien leurs projets et obtenir des financements.
Chaque année, en juin, les associations strasbourgeoises d’aide aux migrants organisent ensemble « la semaine des réfugiés ». Cet événement témoigne de la solidarité qui les unit alors même que chacune a son domaine de spécialité : aide à la demande d’asile, accompagnement professionnel mais aussi sport ou musique. Complémentarité et diversité font la force du réseau.
« La semaine des réfugiés, c’est l’occasion de se connaître davantage. On a la tête dans le guidon toute l’année et là, ça nous permet d’échanger », se réjouit Thomas Chandesris, bénévole dans l’association Tunaweza.
Allier savoirs et expériences, idées et compétences : la coopération est bénéfique aux organisations d’aide aux migrants comme à leurs bénéficiaires. Elle est même parfois indispensable. À son lancement en 2018, l’association Kabubu, qui propose des activités sportives gratuites, a pu ainsi s’appuyer sur ses homologues pour se faire connaître auprès de leur public.
« On arrive maintenant à mobiliser des participants sans faire appel à d’autres structures, affirme Antoine Campigotto, unique salarié à Strasbourg de Kabubu. Mais quand on s’est implanté ici, on ne pouvait pas faire autrement. »
Un sujet peu priorisé par les bailleurs de fonds
Se coordonner facilite aussi la recherche de financements. En unissant leurs forces, Kabubu, Tunaweza et deux autres associations strasbourgeoises ont décroché une subvention de la Fondation de France pour organiser un évènement pour les fêtes de fin d’année. Les 5 000 euros ainsi obtenus leur ont permis de proposer à leurs bénéficiaires deux randonnées dans les marchés de Noël, un évènement sportif et une soirée. « Les financeurs demandent de plus en plus à ce que l’on monte des projets avec d’autres associations, confie Antoine Campigotto. Cela leur évite de recevoir quinze demandes et de devoir y répondre individuellement. »
Pour les associations, cette course aux financements, dont dépend leur capacité d’action et la rémunération des salariés, est jonchée d’obstacles. À Tunaweza, « on répond aux appels à projet quand on a une idée. Ça ne marche pas à tous les coups mais globalement, on finit toujours par trouver de l’argent », nuance Thomas Chandesris.
Récolter des fonds est d’autant plus difficile que l’enjeu des migrants n’est pas forcément prioritaire pour les bailleurs de fonds. Au niveau national, il existe bien un programme, piloté par le ministère de l’Intérieur, pour soutenir l’intégration des étrangers. Mais il ne cible que les personnes ayant déjà un titre de séjour. « Les gros financements publics sur cette thématique portent rarement sur les demandeurs d’asile », regrette Antoine Campigotto. Ces derniers représentent pourtant un quart des bénéficiaires de Kabubu.
Marine Lebègue et Clara Grouzis