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Face au rejet

De l’Italie aux Pays-Bas, en passant par la Hongrie : partout en Europe, les partis nationalistes et anti-migrants recueillent de plus en plus de voix. À Maastricht, ville symbole de la construction européenne, l’extrême droite est arrivée en tête des dernières élections législatives.

L'extrême droite aux portes de l'Europe

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© Erwan Drouillac et Mathilde Lopinski

« Il y a une politisation de la haine menée par l’extrême droite. »

Président de SOS Racisme depuis 2014, Dominique Sopo s’inquiète de la montée de l’extrême droite en Europe. Pour limiter la propagation de ces idéologies, l’enseignant mise sur la pédagogie.

Vous militez au sein de SOS Racisme depuis la fin des années 1990. Le sentiment anti-migrant est-il plus fort aujourd’hui qu’à l’époque ?

Les réalités sont toujours ambiguës. On a d’une part l’expression dans la société d’un niveau de tolérance plus important qu’au cours des trente dernières années. Mais on a aussi l’affirmation d’une extrême droite forte. On constate notamment le retour d’actes racistes de rue venant de la part de groupuscules d’extrême droite. On l’a vu avec les tentatives de « ratonnades » après le meurtre de Thomas à Crépol : ce sont des groupes très actifs qui essayent à nouveau de faire régner la terreur. C’est quelque chose d’assez inquiétant.

Comment expliquez-vous la montée de cette extrême droite ?

Photo du président de SOS Racisme, Dominique Sopo
Dominique Sopo est le président de SOS Racisme depuis 2014. © Mathieu Delmestre

Il y a un travail de politisation de la haine mené de façon consciencieuse par l’extrême droite. À la fois l’extrême droite politique, mais aussi l’extrême droite médiatique. On a aussi une classe politique très défaillante qui est incapable de rester ferme sur ses valeurs. On l’a vu avec le vote de la loi immigration à l’Assemblée nationale. La majorité présidentielle a accepté un accord qui reprend toute une série de marottes anti-migrants de l’extrême droite : préférence nationale, droit du sol, lien entre immigration et délinquance…
On est dans une situation où on a des éléments angoissants, comme la mondialisation, la crise de notre modèle social… L’extrême droite propose des solutions immondes, mais qui trouvent un écho auprès de la population.

Giorgia Meloni en Italie, Viktor Orban en Hongrie, Geert Wilders aux Pays-Bas : l’extrême droite est-elle en passe de prendre le pouvoir en Europe ?

On retrouve les mêmes défaillances de la droite libéralo-conservatrice dans ces pays, cette façon dont la droite traditionnelle a accepté de rompre ses digues avec l’extrême droite. On le voit en Grande-Bretagne avec la radicalisation des conservateurs, on le voit aussi en Italie où Forza Italia est devenue une force d’appoint de l’extrême droite.
Nous ne sommes pas encore dans une montée irrésistible de l’extrême droite, mais nous sommes dans un moment de fragilité de nos démocraties en Europe par rapport à ces idéologies qui prospèrent.

Peut-on limiter la diffusion des idéologies xénophobes ?

Cela passe surtout par de la pédagogie. Il faut expliquer que l’origine des personnes n’est pas toujours en lien avec des agressions, que ce n’est pas parce que des arabes agressent un blanc que c’est forcément du racisme anti-blanc : tout dépend du motif d’agression. Il est vrai que ça peut jouer sur une forme d’évidence. C’est pour cela qu’il faut aussi s’intéresser à pourquoi des gens ont envie de croire à ça. Il faut donc de la pédagogie, surtout auprès des plus jeunes.

Erwan Drouillac et Mathilde Lopinski