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CASTAGNE

T'ar ta gueule à la manif

Maryline OTTMANN

Le plus souvent, les manifestations restent pacifiques. Mais la violence s’immisce parfois dans les cortèges. Certains manifestants la provoquent, d’autres la rejettent.

Manifestation antifasciste “Paris fera taire Zemmour” , le dimanche 5 décembre 2021 © Maryline OTTMANN

La violence, des militants l’utilisent telle une arme pour faire passer leur message. À l’opposé, d’autres la considèrent comme un obstacle à leurs revendications.

La violence pour protester
Manifestant en tête de cortège, fumigène à la main. © Maryline OTTMANN
L'humour pour désamorcer
Denis et Marie-Jo font partie de la Brigade activiste clownesque. © Maryline OTTMANN


Les forces de l’ordre craignaient des débordements lors de la manifestation du 5 décembre 2021 contre la candidature d’Eric Zemmour à l’élection présidentielle. Les participants se sont préparés à cette éventualité.

“Paris fera taire Zemmour”  : un après-midi avec les manifestants.
Quentin, photographe en manifestations, se protège depuis un an et demi. © Maryline OTTMANN


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EN DÉFENSE

Services d'ordre : l'union fait la force

Emma BOUGEROL, Elia DUCOULOMBIER et Sophie POUZERATTE

La hausse des violences de la police et de l’extrême droite dans les manifestations poussent les services d’ordre des syndicats, partis et collectifs à s’adapter. Ils changent leurs stratégies et renforcent leur coopération.

Le service d’ordre de la Jeune garde, discret, se charge de faire avancer les journalistes et de protéger le cortège de tête, le 5 décembre, à Paris © Élia DUCOULOMBIER

“Pas de facho dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos !” Dimanche 5 décembre 2021, près de trois mille personnes, rassemblées dans les rues de Paris pour protester contre la candidature d’Éric Zemmour à la présidentielle, scandent ce slogan. Si la foule est énergique et déterminée à faire entendre sa voix de Barbès à la Villette, la manifestation se déroule sans heurt. Cet après-midi-là, aucun nuage de lacrymo ne perturbe le cortège. Seuls les fumigènes des groupes antifascistes voilent parfois le ciel. La police et la gendarmerie ne semblent pas craindre de débordements. Elles se tiennent à l’écart, presque invisibles.

Dans ce rassemblement aux airs tranquilles, certains manifestants restent pourtant aux aguets. Ce sont les membres des services d’ordre (SO). Ce dimanche, la plupart ne portent qu’un autocollant sur leurs vêtements pour se différencier les uns des autres. Du côté de la Jeune garde, le groupe antifasciste co-organisateur de la manifestation, on préfère éviter les signes distinctifs et garder les visages masqués.

On n’est pas là pour jouer les gros bras.”

À gauche du spectre politique, les plus grosses organisations ont toutes leur propre service d’ordre. Syndicats, partis, collectifs, ils partagent un objectif commun : veiller à ce que chacun puisse manifester en toute sécurité. Ce dimanche, des membres de la CGT Spectacle sécurisent les abords du camion de tête quand le SO de la Jeune garde est chargé de tenir à distance les journalistes pour ne pas entraver la marche. “Il y a l’aspect ‘sécurité’ mais aussi ‘organisation du cortège’ : faire attention à ce que les gens ne se promènent pas pour aller voir ce qui se passe devant, surveiller si ça avance, si ça bouge, si ça ralentit, etc”, détaille Julien, membre du comité directionnel du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). Ce dimanche, c’est cet encadrement de la manifestation qui l’occupe la majeure partie du temps. À la fin du rassemblement, certains SO doivent tout de même intervenir. Un homme, visiblement ivre, prend à partie des manifestants. À plusieurs, ils l’escortent à l’écart de la foule, alors que les participants se dispersent peu à peu.

Raphaël, porte-parole de la Jeune garde, à la manifestation contre Éric Zemmour. © Emma BOUGEROL

“On n’est pas là pour jouer les gros bras.” Cette phrase est reprise par la plupart des organisations interrogées, soucieuses de l’image que les SO peuvent renvoyer. “Notre rôle, ce n’est pas d’être menaçant ou dissuasif, assure Julien. Mais si des gens venaient à s’en prendre à notre cortège, on se réserve la possibilité de l’être.”

Sans faire la police, les organisations doivent coopérer avec les autorités. Pour qu’une manifestation soit légale, elle doit être déclarée. Elles doivent alors décrire le parcours de la marche, exposer ses enjeux, et apposer leur signature en bas d’un dépôt de déclaration d’une manifestation. Un de ces documents, daté de 2016, précise : “Chaque organisation syndicale […] doit mettre en œuvre les mesures nécessaires pour isoler d’éventuels fauteurs de troubles dans le cortège ou signaler les individus dont le comportement présente des risques pour la sécurité de la manifestation.” Le rôle de cet encadrement est explicite : il doit assister les forces de l’ordre. Pour le policier Stéphane Morisse, sa présence est capitale. “L’absence de SO complique la tâche de la police. S’il y en a vraiment un, il n’y a généralement pas de débordement. C’est quand les SO sont dépassés que la police va intervenir.” Mais le secrétaire national délégué à l’Est de la France pour SGP Police précise qu’aujourd’hui, il est “difficile d’éviter ces débordements”

Les militants mandatés pour faire le SO du NPA encadrent leur cortège. Leur signe distinctif est minimaliste : un simple autocollant au logo du parti jaune et rouge. © Élia DUCOULOMBIER

Mais quelles sont ces “mesures nécessaires” mentionnées dans la déclaration de manifestation ? Même pour les organisateurs, un flou persiste. “On est dans une zone grise. On comprend qu’on peut avoir du matériel de protection, et que la police est pour l’instant tolérante quand on a du matériel un peu plus offensif. Reste que ça peut changer du jour au lendemain”, explique Frédéric Bodin. Sur l’usage de la violence, et ce matériel “un peu plus offensif”, les responsables de SO restent évasifs. Ils ne s’épanchent pas sur la façon dont ils gèrent les éléments violents, dans ou hors du cortège.

Des relations tendues avec la police

Les rapports entre manifestants et forces de l’ordre sont de plus en plus compliqués. “Depuis quelques années, dès qu’il y a le moindre débordement, la police en profite pour s’attaquer à la manifestation”, constate amèrement Frédéric Bodin. Avec sept collègues, ils se partagent la coordination nationale du SO de Solidaires. Pour le syndicaliste, “depuis 2016, la police traite les cortèges syndicaux comme elle traite ceux des partis. On n’a plus le droit aux faveurs et à la tolérance dont ils pouvaient faire preuve à notre égard. Ça nous a obligé à évoluer.”

Les responsables de services d’ordre interrogés font remonter l’augmentation de la violence de la police aux mobilisations contre la loi Travail du printemps 2016. “J’ai vu des manifestations avec Philippe Martinez, dans le carré de tête, avec une casquette renforcée et des lunettes de piscine, raconte Frédéric Bodin. Se dire que le numéro 1 de la CGT est obligé de manifester comme ça, c’est tout bonnement incroyable !”

Sophie est SO depuis vingt ans et remarque l'augmentation de la violence. © Élia DUCOULOMBIER
Faire face à l’extrême droite

Dans la rue, les SO font aussi face à des groupuscules d’extrême droite violents. “Dans les organisations politiques et syndicales, ces questions ont été longtemps négligées. Beaucoup ont nié son caractère dangereux – on voit le résultat aujourd’hui, critique le porte-parole national de la Jeune garde, Raphaël Arnault. Heureusement, il y a eu des prises de conscience en interne.”

Alors, les organisations antifascistes ont décidé de se saisir de la question à leur manière. La Jeune garde est moins timide que les syndicats sur son mode d’action : “Face à la violence extrême, on doit aussi pouvoir répondre par la violence.” Ses militants organisent leur autodéfense, une manière pour eux de “reprendre la rue”. Initiatrice de la manifestation du dimanche 5 décembre aux côtés de la CGT et de Solidaires, la Jeune garde participe depuis sa création en 2016 aux services d’ordre des manifestations lorsqu’elle en est partie prenante.

À la différence des SO “traditionnels”, type NPA ou Solidaires, “tous les membres de la Jeune garde sont en capacité de répondre aux attaques de l’extrême droite”, raconte son porte-parole. C’est aussi le cas à l’Action antifasciste, qui n’a pourtant jamais eu de SO officiel. “Si l'extrême droite essaye d'attaquer ou de s'imposer dans n'importe laquelle de nos mobilisations, nous ripostons.” Lors des mobilisations, les groupes antifascistes ont un atout : ils reconnaissent les membres des groupes violents, à qui ils ont l’habitude de faire face, et anticipent leurs potentielles attaques.

Un pour tous, tous pour un

L’augmentation de la répression policière et des attaques des militants d’extrême droite poussent les services d’ordre à coopérer pour mieux se protéger. Né en 2018, le collectif #NousToutes, qui lutte contre les violences sexistes et sexuelles, a profité du soutien de services d’ordre syndicaux dès sa première manifestation. Ce sont principalement les membres de Solidaires qui prêtent main forte au collectif pour assurer la sécurité lors des rassemblements. Une aubaine pour Yuna, qui a coordonné le service d’ordre de la manifestation du 20 novembre 2021 : “C’était extrêmement rassurant d’être épaulées par des personnes expérimentées et d’avoir la vision très positive et sororale des autres organisations.” Si les SO syndicaux font profiter de leur expérience, c’est le collectif qui reste en charge des décisions liées à la sécurité. “#NousToutes donne la ligne politique : ce qu’on accepte ou pas pendant la manif, comment on choisit de procéder s’il y a des risques de violences.” Le groupuscule identitaire Némésis, qui se revendique féministe, est venu perturber le cortège du 20 novembre. Face à ses membres, la consigne était claire : surtout ne pas faire preuve de violence. “On a fait corps et on n’a pas bougé”, se souvient Yuna.

Élisa a fait le SO d'une manifestation #NousToutes à l'âge de 18 ans. © Sophie POUZERATTE
“Le SO c’est l’affaire de toutes et tous”

Pour encadrer les manifestations féministes ou encore écologistes, les organisateurs font souvent appel à des syndicats pour prêter main forte. Une activité récurrente chez Solidaires, qui aide régulièrement des mobilisations amies. Mais c’est surtout la transmission des connaissances qui est importante pour Frédéric Bodin : “Notre idée, c’est qu’il y ait des camarades des groupes intéressés qui viennent pendant nos formations pour prendre ce qui les intéresse dans notre manière de faire, puis de l’adapter à leur niveau sur le terrain.” Ce partage de savoirs veut permettre à chaque groupe militant de constituer sa propre défense. “On pense que c’est bien que toutes les organisations, les mouvements, les collectifs, se dotent de leur propre SO. C’est l’affaire de toutes et tous”, conclut Frédéric Bodin.

Héroïnes95, collectif féministe du Val-d’Oise, refuse d’organiser un événement tant qu’il n’est pas en mesure de proposer son propre service d’ordre pour assurer la sécurité des manifestants. “À chaque fois, le choix est de ne pas organiser de rassemblement. Nous ne sommes pas assez nombreux-ses pour pouvoir vraiment assurer la sécurité sur un événement qui rassemble du monde, et qui pourrait attirer on ne sait qui”, regrette Eina, membre du collectif. Après plusieurs attaques survenues lors des dernières manifestations féministes, le collectif a décidé de former ses membres aux questions de sécurité, en faisant lui aussi appel à des membres de syndicats pour leur expérience.

“Rendre la manifestation accessible à tout le monde” : les nouveaux enjeux du SO

Faire partie du service d’ordre, ce n’est pas seulement assurer la sécurité des autres membres de l’organisation, c’est aussi incarner certains idéaux. Comme toutes les composantes d’un mouvement, les SO sont eux aussi porteurs de messages politiques, qui se transforment au fil des évolutions sociétales. Cherchant à impressionner ou à rassurer, ils incarnent les lignes idéologiques de l’organisation à laquelle ils appartiennent. Lors de la manifestation du 20 novembre 2021 à Paris, organisée par le collectif #NousToutes, la consigne était claire. “On voulait avoir le maximum de femmes ou de minorités de genre dans le SO. C’est une volonté politique que ces personnes-là soient visibles et encadrent la manifestation. C’est essentiel pour faire passer le message que les femmes sont puissantes et qu'elles sont capables d’assurer la sécurité”, raconte Yuna, qui co-organisait le service d’ordre de l’événement. Ainsi, plusieurs collectifs de lutte contre les LGBTphobies privilégient un service d’ordre composé majoritairement de personnes membres des minorités d’orientation ou de genre. À la clé, une démonstration d’indépendance du groupe, qui assure sa propre protection. Les syndicats et organisations plus anciens tentent de s’adapter à ces évolutions. “Ces nouvelles générations posent de nouvelles questions y compris sur les formes d’organisation et de protection. Elles inventent, réinventent, modifient des choses auxquelles on n’avait absolument pas pensé – aussi perturbant que ça puisse être pour un homme blanc de 50 balais”, plaisante Frédéric Bodin, co-organisateur du SO de Solidaires. Au gré des manifestations et des mouvements sociaux, les missions des services d’ordre évoluent. Lors des manifestations #NousToutes, un espace “calme” est réservé à ceux qui pourraient être perturbés par le bruit de la foule, comme les personnes neuroatypiques. Inspiré par ces exemples, le collectif féministe Héroïnes95 tient à rendre ses événements accessibles aux personnes en situation de handicap. “Plusieurs fois je me suis dit que si elles veulent venir, il faudrait qu’il y ait un.e ou deux militant.es qui soient complètement mobilisé.e.s pour les accueillir et les aider”, se souvient Eina, membre du collectif. Pour nous, c’est aussi ça, assurer la sécurité. Ce n’est pas seulement prévenir en cas d’agression, c’est aussi rendre la manifestation accessible à tout le monde.”


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SOS

Street medics au chevet des manifs

Maryline BOUDOT et Paulina FLAD

Dans le contexte du mouvement des Gilets jaunes, le nombre de blessés pendant les manifestations a notablement augmenté. Les Street medics se donnent pour mission de leur apporter les premiers soins.

En cas de besoin, les secouristes de la rue sont faciles à identifier par les manifestants. © Paulina FLAD

Immergés dans les manifestations, les Street medics interviennent au plus vite pour soigner les blessés. Bénévoles, ils paient eux-mêmes leurs déplacements et leur matériel : compresses, bandes, pansements, écharpes, poches de froid instantanées, désinfectants, gants jetables, sérums physiologiques, etc.

En France, il n’y a pas d'organisation officielle des Street medics. Ils se coordonnent sur les réseaux sociaux. Pas besoin d’avoir suivi une formation aux premiers secours pour rejoindre leur rang : le volontariat suffit.

Si une part d’entre eux, habillée en civil, se voit comme des manifestants qui aident leurs camarades, les autres se considèrent neutres et estiment que leur devoir est de soigner tout le monde, policiers compris. Ils se distinguent par une croix rouge portée sur leurs casques et leurs t-shirts blancs.

Les soins au milieu du chaos

À seulement 19 ans, Clément passe de nombreux week-ends en manifestation. Depuis trois ans, il soigne les blessés en tant que street medic. Sa formation aux premiers secours de niveau 2 (PSE2) lui permet d’intervenir sans hésiter. Il arbore une croix rouge sur son sac, son casque et son t-shirt blanc afin d’être identifiable. Samedi 11 décembre 2021, à Paris, Clément était présent sur la manifestation des Gilets jaunes et anti-vax.


Former pour soigner

Après avoir été abondamment gazé lors de sa première manifestation avec les Gilets jaunes fin 2018, Louis décide d’endosser le costume de street medic. Aujourd'hui, il détient le PSE2, le plus haut en secourisme. Depuis 2019, il transmet son savoir-faire au sein du collectif Street medic formation, à Paris.

Louis donne des formations pour devenir street medic à Paris. © Paulina FLAD

Face aux violences policières

Nicolas était manifestant dès le premier acte des Gilets jaunes en 2018. Effrayé par les débordements en manifestations, il quitte le mouvement. Jusqu’au jour où un ami lui propose de devenir street medic. Ce rôle lui permet de continuer à manifester tout en se sentant utile. Cependant, il a vite compris que la croix rouge sur son t-shirt ne le protégeait pas des violences policières.

Nicolas est street medic depuis le début du mouvement des Gilets jaunes. © Paulina FLAD

Street medic et militant

Militant autogestionnaire et anarchiste depuis 2016, Ahmed ne manifestait jamais au premier rang des cortèges. Face à l'explosion du nombre de blessés pendant les manifestations des Gilets jaunes, il décide de devenir street medic. Il fait désormais partie d’un collectif parisien qui s’oppose aux violences policières.

Ahmed fait partie d'un collectif de street medic à Paris. © Ahmed

Exposé à des blessures graves

Sébastien est gilet jaune. Ostéopathe de métier, il est devenu street medic pour utiliser ses capacités au mieux. Mais il n’imaginait pas que les manifestations seraient si violentes et ne s’attendait pas à être confronté à des blessures aussi graves.

Sébastien a été street medic avant d'arrêter à cause de la gravité des blessures. © Paulina FLAD

Les armes et les blessés

Depuis novembre 2018, le documentariste David Dufresne compile les signalements des violences policières survenues dans les manifestations dans tout type de manifestations sur son compte Twitter. Il a commencé à regrouper les cas avec le début du mouvement gilets jaunes, qui a entrainé une augmentation des violences policières. Jusqu’en juillet 2021, 992 signalements y ont été publiés. Ensemble avec David Dufresne, Mediapart a publié ces chiffres sur son site web Allô Place Beauvau qui documente les pratiques policières dans le cadre du maintien de l’ordre des manifestations. Mediapart y ajoute des cas de violences policières avérées ou suspectées hors manifestations.

Les trois armes qui causent la plupart des blessures les plus graves. © @MMI


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AU POSTE

Le bâillon de l'interpellation

Géraud BOUVROT et Hadrien HUBERT

Depuis les manifestations de 2016 contre la loi Travail, le maintien de l’ordre se durcit. Entre novembre 2018 et juillet 2019, selon Amnesty International, 11 203 Gilets jaunes ont été placés en garde à vue. 5 962 d’entre eux, parfois arrêtés sans motif valable, ont été libérés sans poursuites.

De la rue à la garde à vue, le chemin est parfois très court. © Élia DUCOULOMBIER

Militant syndical de longue date, Frédéric Vuillaume, 49 ans, n’avait jamais été confronté à la police ou à la justice avant le mouvement des Gilets jaunes en 2018. Depuis, il cumule 3 procès, 7 gardes à vue et 14 amendes. Il apprend malgré lui à connaître les rouages de la justice française, et à s’en servir.

Frédéric Vuillaume dans son local syndical, à Besançon. © Hadrien HUBERT

Avocat au barreau de Paris, Alexis Baudelin est de toutes les manifestations pour la défense des libertés. L’avocat de 31 ans fait partie de la Black Robe Brigade, un collectif d'avocats manifestants créé en 2019, au moment du projet de réforme des retraites. Le 12 décembre 2020, il est placé en garde à vue pendant cinq heures après une interpellation par la BRAV-m. Sa connaissance du droit est un atout lorsqu’il se retrouve face aux forces de l’ordre.

Alexis Baudelin dans une manifestation contre la loi Sécurité globale. © Alexis BAUDELIN

Ian, militant anarcho-communiste de 35 ans, a eu affaire plusieurs fois avec la justice, en particulier lors de mobilisations étudiantes. En 2017, après une action menée dans son université, il écope d’une peine de prison avec sursis. Mis en garde à vue pour une autre affaire quelques mois plus tard, il décide de fuir au Mexique par crainte d’une incarcération. Aujourd’hui revenu en France, il habite la région Occitanie et n’a pas renié son engagement. Mais le risque de la prison n’est jamais très loin.
*Ian a demandé à ce que son nom et sa voix soient modifiés

Le militant ne souhaite pas être reconnu. © DR

Âgé de 28 ans, Julien est un strasbourgeois, de tendance anarchiste. Politisé depuis ses 16 ans, c’est au moment de la loi Travail, en 2016, qu’il s’est radicalisé dans son engagement. Il a participé à de nombreuses mobilisations, dont celle des zadistes contre le Grand contournement ouest de Strasbourg (GCO). Mais sa première garde à vue, en 2020, a mis un coup de frein à son engagement.

Julien s'est rendu à de nombreuses reprises sur la ZAD du GCO. © Fabrice SERRARIO