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Le bar, poisson d'intérêt européen


12 mars 2015

La surpêche du bar dans les eaux européennes, causée par une surconsommation de ce délicieux poisson, menace depuis 2012  la survie biologique de l'espèce, a rappelé jeudi à Strasbourg  le commissaire Johannes Hahn, s'exprimant au nom de son collègue Karmenu Vella . Ni les mesures d'urgence comme l' interdiction temporaire et ciblée de sa pêche au chalut, qui prendra d'ailleurs fin en avril 2015, ni les règles nationales de limitation des prises autorisées aux pêcheurs amateurs ne suffisent désormais à assurer durablement sa préservation.

La résolution adoptée par le Parlement dans la foulée, à l'initiative d'Alain Cadec, président de la commission de la pêche, par  501 voix pour, 57 contre et 40 abstentions, vise précisément à répondre à ce défi, en amont de la négociation conduite au sein du Conseil de l'Union.

En juin 2014, un avis du Conseil international pour l'exploration de la mer (CIEM) a officiellement reconnu le statut d'espèce "en danger" à ce poisson carnivore. La diminution des stocks, principalement dans la mer du Nord, la mer Celtique et dans l'Ouest de l'Ecosse, inquiète les scientifiques. Ce diagnostic fait basculer le bar dans le ressort des compétences exclusives de la Commission.

La transition d'un contrôle essentiellement national des activités de la pêche au bar à sa gestion communautaire est délicate pour les États membres, qui vont perdre une partie de leur autonomie, mais aussi et surtout pour les pêcheurs professionnels et amateurs dont les pratiques vont devoir changer. On estime ainsi à 1,3 millions les pêcheurs à la ligne français, à qui l'on attribue le quart des captures de ce poisson, et dont dépendent indirectement des milliers d'emplois dans le secteur des loisirs.

La résolution Cadec vise à rendre cette transition moins douloureuse. Elle demande à la Commission d'appliquer au bar les règles de la nouvelle politique commune de la pêche, en vigueur depuis le 1er janvier 2014. Première priorité: : la mise en place d'un "plan de gestion pluri-annuel" de l'espèce, donnant une vision sur le long terme de l'impact de sa pêche dans les eaux européennes.  Dans l'idéal un seuil minimum de bars devra être maintenu et protégé au niveau communautaire. Au-delà de ce seuil, seul un petit pourcentage pourra être capturé. Mais l'application de ces restrictions doit prendre en compte plusieurs facteurs.

Pêcheurs amateurs et pêcheurs professionnels ne peuvent pas faire l'objet des mêmes mesures. Pour les premiers, il s'agira de limiter les prises quotidiennes : par exemple  trois par jour et par pêcheur, comme c'est actuellement le cas jusqu'en avril. A cela devrait s'ajouter une taille minimale de capture. En France, elle est aujourd'hui de 42 centimètres. Pour les pêcheurs professionnels, l'effort pourrait porter sur une interdiction absolue la pêche au chalut pélagique durant la période de reproduction.

Il est aussi nécessaire, pour le PE, de régionaliser ces mesures. « La pêche au bar est différente en mer du Nord et en mer Adriatique: dans les petites îles de la mer Adriatique, des familles entières en dépendent », soulignait ainsi un député grec au cours du débat qui a précédé le vote.  Les plus touchés seront les pêcheurs français, qui réalisent plus de 70% des captures dans la zone la plus menacée, mais aussi les belges et les néerlandais.

Prenant acte des propositions du Parlement,  Johannes Hahn s'est déclaré optimiste sur la conclusion rapide des négociations engagées avec le Conseil, avant de rappeler qu'il "faut agir au plus vite". Le temps est en effet compté, insiste Alain Cadec, car une fois un accord conclu entre les deux institutions, « il faudra environ deux ans pour sa mise en place ».

Marie-Charlotte Roupie

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