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La Commission interpellée sur les perturbateurs endocriniens


09 mars 2015

Le Parlement a interpellé la Commission, ce lundi 9 mars, sur le retard qu'elle a pris pour identifier les perturbateurs endocriniens (PE). Ces substances chimiques présentes dans de nombreux pesticides, plastiques, cosmétiques et conditionnements alimentaires sont susceptibles de modifier le système hormonal et d’être à l’origine de diverses maladies (cancer, infertilité…). Or cette définition des critères est une première étape nécessaire pour règlementer ensuite leur utilisation par les industriels, et notamment interdire certaines substances nocives.

La Commission avait initialement jusqu’au 31 décembre 2013 pour déterminer les critères des perturbateurs endocriniens. En juillet 2013, elle décide pourtant d'évaluer au préalable l'impact économique d'une règlementation de ces molécules sur les entreprises européennes, suspendant de fait le processus de règlementation jusqu’en 2016.

L’auteur de la question orale, le socialiste italien Nicola Caputo, s’est appuyé sur un article du Guardian publié il y a un mois pour rappeler que si la Commission avait tenu sa promesse en 2013, 31 pesticides entrainant des troubles endocriniens auraient pu être interdits.

Le commissaire européen à la santé et à la sécurité alimentaire, Vytenis Andriukaitis, médecin de formation, n’a pas voulu commenter cet article. « Il n’y aura ni compromis ni compromission sur la santé », assure-t-il. Il a rappelé que des études étaient publiées tous les jours sur ce sujet et que les scientifiques avaient des avis très partagés, d’où la nécessité de réaliser une étude d’impact. Il a également assuré vouloir travailler en toute « transparence » notamment par le biais de consultation publique et d’un site web .

Cette déclaration n'a pas suffi à convaincre. Plusieurs orateurs ont accusé la Commission d’avoir cédé à la pression des lobbies de l’industrie chimique au détriment de la santé des Européens. « Faites en sorte que la santé passe devant l’intérêt des industriels », a adjuré le Vert belge Bart Staes. « Il est frappant de voir que la Commission au lieu de défendre l’environnement et la santé cède a des intérêts amis », a surenchéri Lynn Boylan (GUE, Irlande).

Repoussant ces accusations de pression de l’industrie, Vytenis Andriukaitis a affirmé que « ce n’était pas le cas et qu’il voulait travailler de façon transparente ».

Le dossier des PE n’est pas nouveau et cristallise les tensions au sein de l’UE. En novembre 2014, la Suède a lancé une action en carence contre la Commission devant la Cour de Justice de l’Union. Plus récemment, une étude publiée jeudi dernier dans le Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism, met de nouveau en cause les PE. Selon plusieurs scientifiques américains et européens, l’exposition aux PE coûterait 157 milliards d’euros chaque année à l’UE en dépense de santé, soit 1,23% de son PIB. 

Estelle Pattée

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