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Les hauts diplômés bientôt mieux accueillis en Europe


12 mai 2016

Le Parlement européen a adopté une directive en discussion depuis 2013 dont le but est de faciliter l'accueil d'étudiants et de chercheurs étrangers au sein de l'Union européenne.

Mercredi 11 mai, le Parlement européen a adopté une directive visant à attirer davantage d'étudiants et de chercheurs extra-communautaires au sein de l'Union européenne. L'objectif affiché est de redonner plus de compétitivité aux États membres. "Cela fait trop longtemps que notre continent s'est replié sur lui-même”, estime la députée suédoise Cécilia Wikström (ALDE, libéraux) rapporteuse du texte. Elle défend depuis trois ans cette directive qui vise à harmoniser les conditions d'entrée et de séjour des non-communautaires hautement diplômés dans les Etats membres.

D'ici 2018, les étudiants non-européens pourront travailler 15h par semaine en parallèle de leurs études et disposeront de 9 mois après l'obtention de leur diplôme pour chercher un travail. Une opportunité également offerte aux scientifiques à la fin de leur contrat. Pour rendre l'Union européenne plus attractive pour les chercheurs étrangers, par rapport notamment aux pays d'Amérique du Nord, la directive prévoit aussi d'assouplir les conditions d'accueil de leur famille et de donner à leur conjoint la possibilité de travailler.

Question sensible

Pour Marie Deroche, directrice de la recherche à l'Université de Strasbourg, la lenteur des traitements pour les titres de séjour peut décourager les chercheurs étrangers. “Lors d'une demande de carte de résident, les délais d'instructions du dossier peuvent prendre entre 6 et 8 mois.”

La question demeure sensible. “Lorsqu'il s'agit d'immigration, il est toujours difficile d'imposer des délais communs aux États membres", explique l'eurodéputée britannique Jean Lambert (Les Verts), "Ce type de directive en est réduite à préconiser des mesures à appliquer aussi rapidement que possible, sans pouvoir imposer de réelles contraintes de temps."

Marie Deroche met également le doigt sur la mobilité des scientifiques à l'intérieur de l'Union. “Actuellement un ressortissant extra-communautaire ne peut pas effectuer un séjour de plus de 3 mois au sein de l'UE. Il serait plus simple d'avoir un seul visa, qui permette de circuler librement dans l'espace Schengen.” Dans ce sens, la nouvelle directive incite les Etats membres à faciliter les déplacements à l'intérieur de l'Union et à assouplir les conditions d'octroi d'un visa pour les chercheurs extra-communautaires.

"Droit des élites"

Relancer la compétitivité de l'Union européenne avec l'aide des scientifiques et des hauts diplômés des pays tiers ne fait pas l'unanimité. “Cette immigration n'aura qu'une seule conséquence : augmenter le chômage !”, s'exclame le député grec Eleftherios Synadinos (Non-inscrit). L'idée que l'arrivée de ressortissants étrangers puissent priver les jeunes européens d'emplois inquiète également la députée française Dominique Bilde (ENF, extrême droite).

“Aujourd'hui tout le monde parle de faciliter l'accès et le séjour sur notre continent à des chercheurs et des étudiants du supérieur, s'indigne pour sa part la députée espagnole Marina Albiol Guzman (GUE, gauche radicale). Pendant que nous nous occupons du droit des élites, ceux qui fuient la guerre sont expulsés.” Une façon de rappeler que la question de l'accueil des migrants, elle, est toujours sur la table.

texte et photo: Delphine Lahondé

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