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Le maintien de l’espace Schengen divise les parlementaires européens


12 mai 2016

Le 11 mai, les eurodéputés ont débattu, à Strasbourg, des propositions de la Commission européenne pour le maintien de l’espace Schengen. Une discussion clivante alors que de nouveaux murs se dressent au coeur de l’Europe.

Fin avril, l’Autriche décidait de rétablir les contrôles au passage du col de Brenner avec l’Italie, devenant ainsi le cinquième pays à rétablir ses frontières intérieures pour lutter contre la crise des migrants. Ces récentes remises en cause de la liberté de circulation en Europe étaient l'objet d'un débat mercredi 11 mai au Parlement européen.

« L'espace Schengen est l’acquis le plus tangible de l’Europe » a défendu devant les parlementaires le Commissaire en charge des Affaires intérieures et de la migration, le Grec Dimitris Avramopoulos. A ses côtés, Jeanine Hennis-Plasschaert, ministre de la Défense néerlandaise qui représentait les Etats membres au nom du Conseil, a pour sa part soutenu la prorogation, pour six mois, des contrôles « temporaires, proportionnés et exceptionnels » aux frontières intérieures de cinq pays (Allemagne, Autriche, Suède, Norvège, Danemark) et devant permettre un retour à la normale entre les 26 pays signataires de la convention Schengen, d’ici la fin 2016.

 

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La Commission européenne et le Conseil ont présenté leur plan pour le maintien de Schengen.
© Raphaëlle Pérez / CUEJ

Une large majorité des députés pour le maintien de Schengen

L’inquiétude de la Commission et des Etats est largement partagée par les eurodéputés. Certains se questionnent sur l’utilité même du maintien de Schengen. C'est le cas des parlementaires nationalistes (ENF) et souverainistes (EFDD). Lors du débat en plénière, ils ont milité, comme à leur habitude, pour le rétablissement définitif des frontières nationales. En ce sens le député autrichien d’extrême-droite, Harald Vilimsky (ENF) considère que « Schengen est une erreur structurelle de l’Union européenne ».

A l'inverse, trois des groupes principaux du Parlement (PPE, S&D et ADLE), rejoints par la GUE et les Verts veulent impérativement maintenir Schengen. Une unité sur l’objectif mais pas sur les moyens. Le député slovène Milan Zver (PPE, centre-droit) se félicite des mesures de la Commission et du Conseil, qui permettront selon lui de "restaurer un climat de confiance », et insiste sur le besoin de renforcer des contrôles aux frontières extérieures. La Française Christine Revault D’Allonnes-Bonnefoy (S&D, socio-démocrate) s’oppose quant à elle à la prorogation accordée aux cinq Etats membres ayant rétabli les contrôles frontaliers : « Fermer les frontières n’est pas efficace contre le terrorisme », juge-t-elle. Un avis partagé par sa compatriote Marie-Christine Vergiat (GUE, gauche radicale) qui estime qu’ « en fermant les frontières, on alimente les passeurs et trafiquants, y compris entre les pays membres de Schengen ».

Une perte des valeurs nocives pour l’économie

En plus de l’inefficacité de ces mesures contre le terrorisme et la crise des migrants, les conséquences économiques inquiètent certains élus. La vice-présidente néerlandaise du groupe ADLE, Sophia In ‘t Veld se désole de voir un « Schengen placé sous respiration artificielle », et envoyant « un message nocif à l’économie ». Elle craint qu’une telle fermeture des frontières impose une hausse importante des coûts, en particulier pour les transports et le tourisme.

Enfin les dernières divergences entre les partisans du maintien impératif de Schengen concernent « la mise à mal des valeurs européennes », comme la solidarité, alerte pour sa part la vice-présidente allemande du groupe écologiste, Ska Keller.

                                                                                                                                                                           Arthur Lindon

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