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Quelles orientations pour la Banque centrale européenne?


12 février 2021

La présidente de la Banque centrale européenne a échangé avec les eurodéputés sur la manière dont son institution a réagi à la crise sanitaire. Après l’avoir félicitée, les parlementaires ont débattu des orientations futures de la politique monétaire européenne.

« La BCE est parvenue à ne pas laisser tomber les Etats membres par rapport au marché, contrairement à la crise de 2009 : nous nous en félicitons, c’est un succès », s’est réjoui l’eurodéputé allemand Sven Simon, (PPE, centre droit), lors de la présentation de son rapport sur l’action de la Banque centrale européenne (BCE) en 2020. En présence de sa présidente, Christine Lagarde, les eurodéputés ont globalement salué les décisions prises pour faire face aux effets de la crise sanitaire sur l’économie européenne. Depuis mars, elle a multiplié les manœuvres pour sauver la zone euro, selon le principe du « Quoi qu’il en coûte » (« What ever it takes ») initié par son prédécesseur Mario Draghi. Le programme d’achat d’urgence (PEPP), doté d’une enveloppe de 1850 milliards d’euros depuis sa revalorisation en décembre, a été particulièrement loué. Il a permis de maintenir la stabilité des prix et des taux d'intérêt très bas pour les emprunts des Etats membres .

Néanmoins, au cours du débat, des divergences se sont aussi fait jour entre les différents groupes parlementaires sur les orientations futures de la politique monétaire européenne. Ranimant ainsi un débat lancinant sur le mandat et les pouvoirs de la BCE. L’aile gauche du Parlement européen a notamment défendu un élargissement des moyens d’actions de la BCE pour mieux affronter les crises à venir. Beaucoup d’entre eux, dont Dimitrios Papadimoulis, eurodéputé grec (GUE/NGL, gauche radicale) ont proposé de « sortir des sentiers battus ». Selon eux, il faudrait envisager une annulation pure et simple de la dette des pays européens, détenue à 25% par la BCE. L’eurodéputée française Marie Toussaint (Verts/ALE, centre gauche et centre droit) a quant à elle exhorté l’Union européenne à avoir «  l’audace de mettre la sauvegarde du climat au mandat de la BCE » et à augmenter les moyens alloués à la transition écologique. Des réorientations fermement rejetées par le principal groupe du Parlement, le PPE, par la voix de Sven Simon : « La BCE ne doit pas devenir une banque d’investissement […], cela contredirait son rôle et serait illégal, quels que soient les amendements de la gauche et des verts. »

Quant au dossier climatique, la présidente de la BCE a rappelé sa position : «  Les banques centrales ne sont pas responsables des politiques climatiques, elles sont hors de sa juridiction ». Néanmoins, elle a conclu son discours avec une promesse : « Nous irons beaucoup plus loin pour les générations à venir ».

Rafaël Andraud

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