12 février 2021
Le Parlement européen s'inquiète de la prolifération en ligne des fausses informations et des discours de haine et appelle à une meilleure régulation des géants du numérique.
Le Parlement européen souhaite la mise en place d’un modèle numérique responsable, plus transparent et pluraliste. Lors d'un débat organisé dans le cadre de la session plénière le 11 février, les eurodéputés se sont inquiétés de la désinformation qui prolifère sur les réseaux sociaux. Les représentants des principaux groupes politiques se sont entendus pour considérer que les fausses informations et les discours de haine posent un danger pour la démocratie. Ils ont également dénoncé le pouvoir sans contrôle sur leurs utilisateurs des géants du numérique, comme Facebook et Twitter, et pointé que certaines de leurs décisions peuvent entraver la liberté d’expression en ligne en dehors de tout cadre légal. Dernier exemple en date, la suspension unilatérale par Twitter du compte de Donald Trump en janvier 2021.
Le eurodéputés ont appelé à une réglementation plus claire et à meilleure sensibilisation des plateformes numériques à leurs obligations légales, afin d'éviter les censures arbitraires de leur part. « Cela peut porter atteinte aux droits des citoyens européens » a alerté l’eurodéputée estonienne Marina Kaljurand (S&D, sociaux-démocrates). Les parlementaires se sont également accordés sur le besoin de plus de transparence sur les algorithmes appliqués pour filter les contenus. Du côté du Parti populaire européen (centre-droit), l’eurodéputée bulgare Eva Maydell a souligné que « c’est à nos tribunaux d’appliquer les règles chargées de protéger ces utilisateurs » et de décider ou non d’une suppression d’un compte.
Lutte contre la désinformation
Face à la multiplication des fakes news et des propos illégaux sur les réseaux sociaux, Sira Rego (GUE/NGL, extrême-gauche) a jugé urgent de « parvenir à un grand consensus pour lutter contre les discours nauséabonds de l’extrême-droite et aider à expulser la haine de tout espace public. » L’eurodéputée espagnole s'est particulièrement inquiétée de l’influence croissante des mouvements d’extrême-droite sur les réseaux sociaux qui nécessite selon elle un renforcement du fact-checking et de la législation européenne. A l’opposé du spectre politique, Roman Haider, eurodéputé autrichien d’extrême-droite (ID) lui a répondu que « la politique de réglementation européenne ne doit pas être un danger pour la liberté d’expression car cela serait poser un couvercle sur les interrogations des citoyens. »
La Commission européenne s’était déjà penchée sur la question le 15 novembre 2020, en présentant un projet législatif de règlements des services et marchés du numérique (DSA, DMA) afin de créer un espace numérique à la fois plus sûr et plus respectueux des droits fondamentaux. Son adoption est prévue pour 2022. Mais pour les eurodéputés il faut déjà aller plus loin pour protéger les utilisateurs.
Adrien Fuzelier