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« Il n’y a pas de raisons que la plénière n’ait pas lieu à Strasbourg »


12 février 2021

Mercredi 10 février, alors que la session plénière du Parlement européen se tenait à Bruxelles, des responsables politiques alsaciens et européens se sont réunis pour évoquer l'avenir du siège strasbourgeois de l'institution. Aucune date officielle de retour à Strasbourg n'a pu être fixée. L’eurodéputée alsacienne Anne Sander (PPE, centre-droit), qui a participé à la rencontre, nous donne son point de vue sur cet enjeu particulièrement délicat dans le contexte sanitaire actuel.

Les eurodéputés du Parlement européen travaillent entre Bruxelles et Strasbourg. En temps normal, 12 sessions plénières de quatre jours se déroulent chaque année dans la capitale alsacienne. Cependant, depuis février 2020 et le début de la pandémie, les sessions se tiennent exclusivement à Bruxelles. Comment expliquer cette situation? 

Je regrette que tout le monde soit à Bruxelles. Beaucoup d’eurodéputés habitent dans cette ville avec leur famille (environ 250) donc pour eux c’est normal de venir au Parlement tous les jours. Je peux le comprendre mais je le dénonce complètement en ce qui concerne les sessions plénières. Le président du Parlement européen, David Sassoli, n’a pas dit que ces sessions devaient se faire à Bruxelles, il a dit qu'elles devaient se faire à distance. Hors en réalité, elles se tiennent effectivement là-bas. Or, il n’y a en fait pas de raisons que les plénières n’aient pas lieu à Strasbourg. Soit on les fait effectivement à distance, soit on les fait à Strasbourg.

L’organisation des sessions plénières à Strasbourg implique des déplacements qui ont un coût budgétaire conséquent (109 millions d’euros par an selon un rapport de la Cour des comptes européenne de 2014). Malgré cela vous continuez à en soutenir le principe, pourquoi ?

Parce que c’est ce qui est prévu dans les traités. C’est le fonctionnement normal. Je ne demande rien d’exceptionnel, juste à ce qu’on applique les règles existantes. De plus, Strasbourg n’a pas été choisie par hasard. Ce choix repose sur l’histoire européenne et sur la particularité de la ville qui porte la voix des citoyens en Europe. Elle est aussi le siège du Conseil de l’Europe, de la Cour européenne des droits de l’homme, du Médiateur de l’Union Européenne, de l’Eurocorps et de nombreux organismes de coopération internationale.

Est-ce que la pandémie de la Covid-19 pourrait marquer la fin de la présence du Parlement européen à Strasbourg ?

La France ne peut pas laisser faire ça. On nous dit déjà « Pas de retour au moins avant le mois de septembre », mais ce n’est pas acceptable. On attend de l’Eurométropole une grosse mobilisation, des fonds supplémentaires et le développement d’une meilleure accessibilité pour Strasbourg. On attend de la part de la ville qu’elle ait une voix forte. On attend aussi de la part du gouvernement français qu’il renforce les services déjà présents du Parlement européen, avec une augmentation des fonctionnaires européens sur place par exemple. Si nous avions eu plus de fonctionnaires, nous aurions mieux su gérer la pandémie. Voilà pourquoi plus que jamais, on a besoin que la France tape du poing sur la table.

Mathilde Iehl

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