12 février 2021
Mardi 9 février, le Parlement européen a largement adopté un rapport préconisant de nouvelles actions en faveur de l’économie circulaire.
« Si nous ne développons pas notre économie circulaire, nous ne serons pas neutres en carbone en 2050 », a martelé l’eurodéputé néerlandais Jan Huitema (Renew, libéraux), lors de la présentation de son rapport sur l’économie circulaire adopté le 9 février au Parlement européen. Les eurodéputés ont appelé à profiter du plan de relance européen pour accélérer le passage d’une économie linéaire – sur le schéma « extraire, fabriquer, consommer, jeter » - à une économie fondée sur le recyclage et la valorisation des déchets.
Pour parvenir à ce modèle plus durable, ils estiment insuffisants les efforts entrepris depuis l'adoption du dernier plan d’action européen en 2015. Même s’ils soutiennent la volonté affichée l’an dernier par la Présidente de la Commission Ursula Von der Leyen de limiter davantage les déchets dans des secteurs comme le textile et les plastiques, ils attendent des réglementations plus contraignantes pour les industriels.
Dans leur rapport, les eurodéputés préconisent notamment que l’utilisation des matières premières et l’empreinte de la consommation - de la fabrication à la fin de vie des produits - soient soumises à des obligations légales. Ils souhaitent également que l’écoconception soit renforcée, par la fixation d'un taux minimum de matières recyclées dans les nouveaux produits.
Source : Manon Martel
Selon Jan Huitema, « il faudrait que les déchets n’existent plus, c’est à l’Union européenne de créer un système pour qu’ils deviennent des matières premières. » Malgré les mesures de 2015, le niveau de réutilisation de matières recyclées en matières premières tend à stagner dans l’Union européenne, puisqu'il est passé de 12% en 2016 à seulement 12,4% en 2019.
La mise en oeuvre d'une véritable économie circulaire obligerait de nombreuses industries à changer en profondeur leurs pratiques actuelles. Si plupart d'entre elles adhèrent officiellement à l'objectif de généralisation du recyclage, ils se montrent réservés sur l'opportunité de nouvelles normes. Pour Antonello Romano, représentant de Plastics Europe, qui rassemble les producteurs de plastiques européens : « L’industrie ne s’oppose pas aux règles contraignantes, cependant celles-ci doivent être efficaces, proportionnelles et basées sur des preuves. » De son côté, Pierre Condamine, de l’ONG Zero Waste estime que la contrainte est essentielle en matière environnementale. Il se réjouit des propositions du Parlement : « On a déjà eu plein de promesses non contraignantes des entreprises qui, très souvent, ne sont pas mises en place. Il est temps d'aller plus loin. ».
Suite au vote du Parlement, Virginijus Sinkevičius, le commissaire européen à l’environnement, s’est dit sensible aux préconisations des eurodéputés. Il leur a promis une nouvelle proposition législative de la Commission européenne sur l'économie circulaire dans les prochains mois.
Manon Martel