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L’égalité hommes-femmes : la stratégie européenne tant attendue


13 février 2020

La question de l’égalité des genres s’invite au Parlement européen. Ce mercredi 12 février, les eurodéputés ont débattu d’une nouvelle stratégie avec la commissaire à l’égalité Helena Dalli. Au programme : inégalité salariale, quotas et accès à l’emploi. 

C’est une première dans l’Union européenne. Une commissaire à l’égalité hommes-femmes, Helena Dalli, a été nommée au sein de la Commission von der Leyen. Au cœur de ses priorités, la nouvelle stratégie pour l’égalité des genres dont la commissaire a présenté les grandes lignes le mercredi 12 février face aux eurodéputés. Un enjeu pour les pays membres de l’Union européenne où les disparités entre les femmes et les hommes perdurent. 

Les inégalités salariales persistent

Inégalité salariale, difficulté d’accès au marché du travail ou impératifs familiaux, les disparités sont visibles dans tous les domaines. Avec une moyenne de 16 % d’écart salarial entre les hommes et les femmes au sein de l’Union européenne, le processus menant à l’égalité s’annonce long et complexe. Parmi les mauvais élèves, l’Estonie et la République tchèque, avec respectivement 25,6 % et 21,1 % d’écart salarial, sont en haut du classement, là où le Luxembourg (5 %) et la Roumanie (3.5 %) sont exemplaires.

Helena Dalli, la commissaire à l'égalité hommes-femmes. © Valentin Bechu

Mais la gravité de la situation est visible dès l’accès au marché du travail et aux postes de direction. Pourtant plus diplômées que les hommes dans les jeunes générations, les femmes sont surreprésentées dans les secteurs moins rémunérateurs tels que la santé et l’éducation. Au contraire, elles sont sous-représentées dans l’ingénierie et les technologies. Et ces inégalités sont présentes jusqu’en haut de l’échelle salariale : en 2018, seulement 7 % des PDG et 17 % des cadres dirigeants des grands groupes européens étaient des femmes, selon l’Institut européen pour l’égalité. "L’amélioration de l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’Union européenne permettrait de créer jusqu’à 10,5 millions d’emplois supplémentaires d’ici à 2050."

La mise en place de mesures contraignantes

La nouvelle commissaire, consciente de cette réalité et du travail à fournir, veut "une stratégie ambitieuse" qui se saisisse de "la question des inégalités des genres dans tous les domaines politiques. Nous voulons mettre un terme aux stéréotypes."  Quotas ou sanctions financières, les eurodéputés veulent des éléments concrets pour ne pas que "ce beau texte finisse aux archives de la Commission européenne", réclame l’eurodéputée portugaise Maria Marques (S&D, sociaux-démocrates). La Française Irène Tolleret (Renew Europe, centre-libéral) prend l’exemple de l’index de l’égalité mis en place dans son pays : "En France, une entreprise qui ne le respecte pas risque une sanction de 1 % de sa masse salariale. Curieusement, toutes les entreprises s’y sont mises de manière progressive. Pourquoi pas en Europe ? "

Sirpa Pietikäinen, (PPE, droite) membre de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres. © Marylou Czaplicki

Les membres de la commission parlementaire pour les droits des femmes demandent des quotas pour nommer des femmes aux postes clefs des entreprises. C’est le cas de Sirpa Pietikäinen, eurodéputée finlandaise (PPE, droite) : "Comme en politique, on a besoin de quotas au sein de la direction des entreprises. Il y a encore trop peu de femmes au cœur de l’économie et ce n’est pas une question de compétences mais une question de discrimination discrète et silencieuse."

Les eurodéputés attendent une réelle progression dans ce domaine même si les avis peuvent diverger en fonction des partis politiques. À l’instar du droit à l’émancipation féminine, le droit à l’avortement ne fait pas l’unanimité. "Il y a des différences au sein du PPE. Certains sont plus conservateurs lorsque nous débattons sur ce sujet, ou celui des droits à la reproduction. Mais nous sommes plus unis que divisés", juge Sirpa Pietikäinen.

Si les mentalités doivent évoluer au sein des pays membres, les institutions européennes elles-mêmes ne sont pas exemplaires. Pour preuve, la question des genres reste majoritairement abordée par des femmes.

 

Marylou Czaplicki et Léna Romanowicz

Sommaire plenière février 2020

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