Vous êtes ici

Le Parlement européen veut favoriser les "pesticides biologiques"


15 février 2017

Alors que la polémique enfle autour des pesticides chimiques, le Parlement européen propose de favoriser les substances biologiques à faibles risques. Mercredi 15 février, les députés ont voté une résolution pour en faire l’un des substituts prioritaires.

Seulement six substances actives biologiques à faibles risques sont homologuées dans l’Union européenne alors que plus de 300 sont certifiées dans le monde, principalement aux États-unis et au Japon. “Rien ne justifie un tel retard” s’est insurgée dans l’hémicycle Frédérique Ries, eurodéputée ADLE (libéraux démocrates). En adoptant une résolution transpartisane sur les pesticides à faibles risques ce mercredi 15 février, les eurodéputés ont voulu pousser la Commission à favoriser les phytosanitaires biologiques compatibles avec le développement durable. Contrairement aux pesticides chimiques dits “traditionnels”, ils proviennent de la nature. Ils sont donc a priori moins toxiques pour l’environnement, les animaux et a fortiori les hommes.

Vers une homologation moins rigide

L’objectif visé par la résolution est clair : faciliter le processus d’homologation des phytosanitaires biologiques. Deux orientations sont privilégiées par les eurodéputés. D’une part, davantage soutenir la recherche et développement européenne sur les substances actives biologiques. D’autre part, réévaluer en profondeur les phases d'homologation pour simplifier leur mise sur le marché. Paradoxalement, il est souvent plus facile aujourd'hui de commercialiser des pesticides chimiques que les biologiques.

Souvent les entreprises développant des substances à faibles risques doivent faire face à d'importants obstacles financiers et logistiques pour obtenir l’homologation. Du moins, c’est ce que déplore Norbert Lins (PPE, centre-droit), “les petites et moyennes entreprises phytosanitaires ne sont pas des géants de la chimie et ont du mal à suivre cette procédure.”

Une solution préférable mais pas idéale

La résolution a été adoptée à une large majorité mercredi 15 février. Pourtant, derrière le consensus, certaines divisions se sont manifestées lors du débat. Certains groupes politiques comme les Verts considèrent que les pesticides biologiques ont vocation à se substituer totalement aux phytosanitaires chimiques. D’autres, comme le PPE (centre-droit) ou l’ECR (conservateur), les considèrent comme un simple outil supplémentaire pour les agriculteurs. En ce sens, Julie Girling (ECR, conservateurs), eurodéputée britannique de l’ECR estime que si nombre de ces substances n’ont pas été autorisées, c’est parce qu’elles demeurent souvent moins efficaces que les pesticides chimiques. A cela, Angélique Delahaye (PPE, centre-droit), ajoute que le danger restera toujours présent : “ «biologique» n’est pas synonyme de «sans risque». Après tout, c’est la nature qui a produit les poisons les plus violents.” Par exemple, le cuivre, est un fongicide efficace mais qui peut durablement polluer les sols s'il est mal utilisé.

Texte et photo : Thomas Rolnik

 

 
Imprimer la page