04 février 2016
Une délégation de l'opposition vénézuélienne était présente lors de la session plénière à Strasbourg. La Mesa de la Unidad Democratica (Table de l'Union Démocratique, MUD) qui regroupe plusieurs partis opposés au président Maduro, a obtenu la majorité parlementaire en décembre dernier. L'accueil globalement chaleureux a été vivement critiqué par une partie de la gauche de l'hémicycle.
Mercredi 3 février au soir, une femme est assise dans la tribune des visiteurs du Parlement européen. Mitzy Capriles de Ledezma est l'épouse d'Antonio Ledezma, le maire de Caracas, actuellement emprisonné au Venezuela et opposant politique du président Nicolas Maduro. Accompagnée par sa fille et Maria Alejandra Aristeguieta-Alvarez, nouvelle députée de l'opposition, elle est venue assister au débat entre les eurodéputés sur la situation politique de son pays. L'enjeu: renforcer les liens entre ce pays d'Amérique latine et les 28 Etats de l'Union.
L'accueil est chaleureux. Mitzy Capriles est décrite comme une « femme courageuse » par le député italien Antonio Tajani (PPE, centre-droit).
Situation politique tendue
Le 6 décembre, la Mesa de la Unidad Democratica (Table de l'Union Démocratique, MUD), groupements de partis d'opposition au président Maduro a obtenu la majorité des deux tiers au parlement vénézuélien. Finalistes fin 2015 du prix Sakharov, décerné par le Parlement européen pour récompenser la défense des droits de l'homme, la délégation avait déjà été invitée à Strasbourg en décembre dernier avec les autres finalistes. La situation politique tendue au Venezuela à la suite de la victoire de la MUD avait cependant empêché leur venue.
Malgré leur opposition au président Maduro, les représentants du PPE et des S&D -les deux groupes les plus importants du Parlement européens- ont exprimé leur désir de voir un dialogue établi entre le nouveau parlement du Venezuela et la présidence, Ramon Jauregui (S&D) estimant que « l'espoir pour la démocratie réside dans cette cohabitation ».
Déligitatimation et harcèlement
Seule voix dissidente, celle de l'Espagnol Javier Couso (GUE, gauche radicale) qui a dénoncé « une campagne permanente de délégitimation et de harcèlement (menée par le Parlement) contre le gouvernement du Vénézuela ». Il relativise la victoire de l'opposition en rappelant « le président est élu au même titre que les députés par une élection que les observateurs ont qualifié de normale ».
Pour Javier Couso, certains membres éminents de la MUD tel que Antonio Ledezma, portent la responsabilité de morts et violences survenus au Venezuela ces dernières années et invoque le Parlement européen de ne pas « appuyer ceux qui veulent un changement déstabilisateur », désignant ainsi l'opposition vénézuélienne.
Les disputes reprennent le dessus
Le Français Edouard Ferrand (ENF, extrême droite) a saisi l'occasion pour critiquer l'extrême-gauche, « toujours admiratrice des pires dictatures marxistes ». Pour le député Front National, « les pays latino-américains ont vocation à participer à un monde multipolaire mais ils doivent sortir du marxisme mortifère qui y règne depuis des années ». Plus nuancé dans sa critique mais visant les mêmes personnes, le député croate Ivan Jakovcic (ALDE, libéraux démocrates) déclare que « ceux qui se trompent de camps devront assumer ».
Guilhem Dubernet