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Biodiversité, une urgence négligée par les dirigeants de l'Union européenne


03 février 2016

L'environnement, l'économie et le social sont directement touchés par la perte de la biodiversité. Les parlementaires sont unanimes, la législation est riche. Le souci, c'est l'application des règlements par les Etats membres.

Le rapport du député belge Mark Demesmaeker (ECR, conservateurs) sur l'examen à mi-parcours de la stratégie de l'Union européenne en faveur de la biodiversité est sans appel. Les objectifs fixés pour 2020 ne seront pas atteints. « Seuls 23 % des espèces, et 16 % des écosystèmes de l'Union européenne sont dans des états acceptables. » La situation de la biodiversité est d'autant plus alarmante que près d'un quart des espèces sauvages sont aujourd'hui menacées d'extinction en Europe. Mardi 2 février, le rapport très sévère a été adopté à une large majorité par les députés réunis en session plénière (592 voix pour, 52 contre plus 45 abstentions).

Lancée en mai 2011, la stratégie de l'Union européenne en faveur de la biodiversité peine à porter ses fruits. L'objectif était clair, enrayer la perte de la biodiversité dans l'UE d'ici à 2020. Six priorités avaient été fixées : conserver et régénérer la nature avec une meilleure application des directives « Oiseaux » et « Habitats », améliorer les écosystèmes, accroître les engagements de l'agriculture et de la foresterie, mettre fin à la surpêche et lutter contre les espèces allogènes envahissantes.

« Arrêtez cette atrophie au niveau du droit »

Au Parlement, les objectifs initiaux sont unanimement salués, c'est la transposition des règlements et non la législation qui pose problème. « Ne touchez pas à cette directive, s'il vous plaît, nous les députés nous vous soutiendrons, faites juste que les textes soient mis en œuvre » synthétise la Danoise Margrete Auken du groupe des Verts. « Arrêtez cette atrophie au niveau du droit », conjure l'eurodéputé tchèque du PPE (centre-droit), Stanislas Polčák. Les législations à propos de la biodiversité sont déjà nombreuses, mais pas suffisamment appliquées par les Etats membres.

Le député Espagnol Jordi Sebastià (Verts) va plus loin, « ce qui manque, c'est la mise en place de sanctions, de règlements qui permettraient de montrer du doigt les pays qui ne respectent pas la législation ». Le mot d'ordre des parlementaires : mettre la pression sur les Etats membres. Comment ? Peut-être en les sensibilisant davantage aux importantes conséquences économiques de la perte de biodiversité. Mark Demesmaeker souligne ainsi dans son rapport qu'« un emploi sur six dans l'Union européenne dépend de la nature .»

La nouvelle PAC 2014-2020 se veut « plus verte »

La situation apparait particulièrement urgente dans les domaines de l'agriculture et de la sylviculture, responsables des principales pertes de biodiversité dans l'UE. D'autant plus que, comme le note le Commissaire européen Karmenu Vella, en charge du dossier, « 80 % du territoire de l'Union européenne est agricole ». Pour plus d'efficacité, la stratégie Biodiversité lancée en 2011 et la Politique Agricole Commune 2014-2020 vont être coordonnées. La nouvelle PAC se veut « plus juste, plus équitable, plus verte et transparente ».

L'eurodéputé allemand Norbert Lins (PPE) compte sur cette nouvelle PAC pour faire avancer les mentalités et veut « attendre ses résultats avant de penser à de nouvelles révisions des textes ».

Alexis De Azevedo

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