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Plus d'aide pour l'Irak et la Syrie


12 février 2015

« Un génocide » pour certains députés, « la plus grande catastrophe humanitaire du monde contemporain » pour d’autres . En Syrie, on compte plus de 7,6 millions de déplacés. En Irak, plus de 2,1 millions. Les plus chanceux ont réussi à gagner à temps les pays voisins, Liban, Jordanie, Turquie qui débordent de réfugiés et ne peuvent plus affronter seul cet afflux. L’hiver a été rigoureux pour eux parqués dans des camps. Les autres ?  Certains vivent dans des zones contrôlées par Daesh, d’autres sous les barils de TNT du gouvernement Assad. Après ce constat dressé le 11 février, lors du débat sur « la crise humanitaire en Irak et en Syrie, au regard de l’Etat Islamique », les députés européens ont adopté ce jeudi 12 février une résolution sur cette crise. Ils y  appellent à la convocation d’une conférence des pays donateurs pour mobiliser l’aide humanitaire de la coalition internationale et des pays membres de l’UE. Ils y préconisent aussi une nouvelle stratégie pour l'Union.

Solidarité internationale 

Dans la continuité du discours du 19 janvier de la Haute Représentante européenne aux Affaires Etrangères, Federica Mogherini, les députés demandent une plus grande coopération avec leurs partenaires arabes dans la région (Turquie, Jordanie, Arabie Saoudite, Qatar, Iran). Elle permettrait de renforcer les services médicaux et psychologiques aux personnes déplacées, profondément marquées par les exactions commises par Daesh. Certains sont blessés physiquement (lapidation, viol, amputation), d’autres sont choqués par ce qu’ils ont vécu (mariage forcé, pendaison, crucifixion, torture, emprisonnement). Une attention toute particulière doit être accordée aux enfants et aux victimes de violences sexuelles.

Les eurodéputés déclarent également qu’ils comptent sur le soutien des pays belligérants pour veiller à l’accès des convois humanitaires tant aux frontières qu’aux lignes de conflit, et assurer la sécurité du personnel médical et des travailleurs humanitaires.

Restaurer la paix et la sécurité dans la région 

Pour de nombreux députés, l’Europe doit « s’attaquer aux racines du mal » et se doter d’une véritable stratégie multidimensionnelle dans la région. Cette stratégie comporte d’abord un volet militaro-sécuritaire. Une aide spéciale fournie aux pays arabes permettrait d’assurer la protection des civils tout en renforçant  leurs moyens de lutter contre les violences extrémistes et de combattre le financement du terrorisme (trafic d’arme, achat de pétrole dont les puits sont contrôlés par Daesh).

Le second volet est politique. Pour le Parlement, la concertation avec les pays arabes et la reprise du dialogue avec tous les belligérants est inévitable. Ainsi, il appelle à la formation en Irak d'un gouvernement pluraliste susceptible de représenter les intérêts légitimes de tous les Irakiens. De même, il souhaite voir reprendre les négociations sur la transition politique en Syrie sur la base du communiqué de Genève de juin 2012 (une solution qui exclut de fait Bachar al-Assad mais qui n’écarte pas certains membres du pouvoir actuel).

Dernier volet :  la dimension judiciaire du conflit et l’après -crise. Les députés requièrent une assistance aux victimes des différentes violations. Ils souhaitent également dépêcher une mission en Irak pour enquêter sur les exactions commises par Daesh et ses groupes affiliés, pour peut-être un jour, qui sait, pourvoir traduire devant la Cour Pénale Internationale les personnes soupçonnées de crimes contre l’humanité en Syrie et en Irak.

 

Manon Descoubès 

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