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Strasbourg, oui, mais peut mieux faire


15 février 2012

Le maintien du Parlement européen à Strasbourg a été plaidé avec force mardi dans un nouveau rapport des jeunes entrepreneurs européens (AJE) soutenu par des euros-députés de toutes tendances. Il constitue une contre-attaque aux partisans d'un regroupement du siège à Bruxelles qui fait débat depuis quinze ans.

 

Intitulé « le siège dans tous ses états», le document présenté par Pierre Loeb, président de l'AEJE, ne nie pas des difficultés et préconise des ajustements. Mais il s'oppose à tous les arguments à charge contre Strasbourg développés l'an dernier sans nuance par l'euro-député britannique Edward McMillan Scott (ADLE) dans son rapport « A tale of two Cities ».

 

Il y a d'abord la question du coût du siège et des sessions à Strasbourg qui serait, selon M. McMillan, exorbitant. Il avance une fourchette comprise entre 169 et 203 millions d'euros par an. Faux, lui oppose M. Loeb. Le coût réel, établi sur la base des chiffres du Secrétariat général du Parlement, serait trois à quatre fois moins élevé: 51,5 millions d'euros. La différence s'expliquerait par la comptabilisation par les anti-Strasbourg de coûts qui devraient de toute manière être payés si tout était centralisé à Bruxelles.

 

L'impact écologique de cette grande transhumance les oppose également. L'empreinte carbone est chiffrée à environ 19.000 tonnes de CO2 dans le rapport de l'euro-député britannique, mais ne serait que 4.200 tonnes de CO2 pour les pro-Strasbourg.

 

Le Parlement européen se réunit trois semaines par mois à Bruxelles où les commissions travaillent et une semaine en session plénière à Strasbourg. Certains bureaux sont aussi installés à Luxembourg. Les 654 euro-députés doivent ainsi migrer accompagnés de 3.000 assistants, en plus des interprètes. Ce qui est de plus en plus lourd, surtout avec l’élargissement à 27 pays.

 

Pour Sandrine Belier (Verts): « il ne s'agit pas d'une question technique mais d’une question politique ». Strasbourg, où le Parlement siège depuis 1957, « est la marque de la réconciliation franco-allemande mais aussi de la diversité géographique de l’Union européenne». Mais si le député tchèque Libor Roucek (S&D), lui donne raison, il reconnait des problèmes : «A Strasbourg il n’y a pas assez d’hébergements adéquats pour les députés et leurs assistants, quelques-uns logent en Bade-Wurtemberg, la région frontalière en Allemagne». Selon lui l’aéroport de Strasbourg n’est pas assez bien desservi.

 

Présent mardi à Strasbourg, le ministre des affaires européennes, Jean Leonetti, n'a pas manqué d'apporter son soutien au rapport Loeb. Il admet qu'une meilleure desserte de la capitale alsacienne est souhaitable : "il faut être efficace de manière pratique : comment on se rend à Strasbourg de Varsovie ? comment on se rend à Strasbourg à partir de l'ensemble des pays de l'Est ?"

 

Afin d'améliorer la situation actuelle et de désamorcer les critiques des « anti-Strasbourg », le rapport fait 22 recommandations à la communauté de Strasbourg et au Parlement. Un renforcement des capacités hôtelières ou encore une ligne de tram directe reliant la gare centrale au Parlement sont estimés nécessaires. Il préconise aussi la création d'une ligne TGV qui relie Bruxelles à Strasbourg, sans changement. Actuellement les députés se déplacent soit en avion, soit avec un train spécial qui part lundi matin à Bruxelles et qui repart jeudi après-midi de Strasbourg.

 

«Strasbourg n’a pas à s’excuser pour son Parlement» a lancé en guise de conclusion Frank Engel, député luxembourgeois (PPE).

 

Elisa Heindenreich

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