Vous êtes ici

La Russie peut mieux faire


17 février 2012

A quelques jours des présidentielles russes, Strasbourg a adopté jeudi une résolution demandant à Moscou plus de démocratie et un changement d’attitude sur la crise syrienne.

La Russie doit aller vers plus de démocratie.  Le Parlement européen, reconnait que «  les relations entre l’Union européenne et la Russie se sont développées ces dernières décennies » et « devraient s’intensifier encore davantage à l’avenir », mais demande aux autorités russes des changements dans trois domaines.

Les droits de l’Homme d’abord. La résolution adoptée jeudi, et à laquelle seuls l'extrême gauche et les eurosceptiques de l'EFD ont refusé de s'associer, déplore « la répression par la police des manifestations pacifiques organisées en réaction à des irrégularités et des fraudes électorales ». Le Parlement dénonce également des lois récemment adoptées qui restreignent « la liberté d’expression en matière d’orientation sexuelle ou d’identité de genre ».

La démocratie représentative ensuite: le Parlement appelle de ses vœux une réforme de la loi électorale russe et déplore « la décision de refuser le dépôt de candidature aux élections présidentielles de Grigori Iavlinski ».

Enfin l'attitude face à la Syrie. La résolution invite la Russie «  à permettre au Conseil de sécurité d’agir sur la base des propositions de la Ligue Arabe pour régler la crise » et lui demande « de mettre un terme immédiat à la vente d’armes et d’équipement militaire au gouvernement syrien ».

Sur des oeufs

La résolution dépasse donc largement le cadre des élections présidentielles du 4 mars. Cependant, le Parlement marche visiblement sur des œufs, pris en tenaille entre son attachement aux valeurs et la volonté de ne pas trop froisser un allié stratégique de première importance.

Le polonais Ryszard Czarnecki (ECR), a mis les pieds dans le plat à l’issue du vote. « Aujourd’hui nous condamnons la Russie mais tout ceci est de l’hypocrisie . Il vaudrait peut-être mieux se tourner vers les gouvernements des États membres qui sacrifient également les droits de l’Homme au nom des relations commerciales. Il faudrait que les représentants des États membres y réfléchissent sinon la démocratie ce sera juste des bons mots », a-t-il indiqué.

600 observateurs internationaux surveilleront, en mars prochain, les élections présidentielles en Russie. Photo Marc Schmitt/Cuej.

La résolution réclame des autorités russes une enquête approfondie sur la mort de Sergueï Magnitski. Cet avocat fiscaliste, arrêté après avoir révélé une fraude fiscale d’ampleur, est mort dans des circonstances non élucidées en garde à vue en 2009. Deux amendements appelant au réexamen de l’affaire Mikhaïl Khodorkovski, à la poursuite plus avant des investigations sur la mort du journaliste  Khadjimourad Kamalov et à la condamnation des personnes impliquées dans le meurtre de la journaliste Anna Politkovskaïa ont eux été rejetés à une très courte majorité.

Cette prise de position fait notamment suite aux élections législatives de décembre à la Douma, déclarées non conformes aux normes  européennes par l’Organisation de sécurité et de coopération européenne, à l’interdiction de présentation de certains partis aux élections présidentielles et au véto de la Russie au Conseil de sécurité sur la condamnation des massacres en Syrie.

Marc Schmitt

Imprimer la page