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Qui financera la transition énergétique ?


26 février 2014

Comment trouver des financements de long terme pour les entreprises et  remplir les objectifs de l’Union européenne en matière de climat et d’énergie à l’heure où les finances publiques sont exsangues et où les banques rechignent à prendre des risques ? C’est l’équation que tente de résoudre le rapport sur le financement à long terme de l’économie européenne adopté mercredi à Strasbourg. 

560 votes pour, 55 contre et 19 abstention, c’est à la quasi-unanimité que le Parlement européen de Strasbourg a exprimé sa position sur la consultation ouverte par la Commission sur le financement à long terme de l’économie de l’Union.

D’après le rapport du député allemand Wolf Klinz (ADLE) « les banques de l’Union européenne fournissent plus de 75% du financement à long terme, ce qui crée une forte dépendance à l’égard de cette source de financement, alors que, aux Etats-Unis, moins de 20% de l’ensemble du financement à long terme provient des banques et que ce dernier est assuré, dans une large mesure, par des marchés de capitaux très développés »

Qui pour suppléer les banques ?

Echaudées par la crise financière, les banques européennes ne tiennent plus à jouer ce rôle. Ce sont donc surtout les investisseurs institutionnels – les assurances et les fonds de pension -  qu'il faut attirer au cœur du financement à long terme de l’économie européenne.

« Même si nous ne sommes pas contre, il est important de rappeler que les investisseurs institutionnels participent déjà à l’économie réelle en finançant le trésor, c’est-à-dire la dette publique, à hauteur de 1840 milliards d’euros en France. Notre but est quand même d’abord de défendre les intérêts des épargnants » prévient déjà le secrétaire général de l’association française des investisseurs institutionnels, Philippe Haudeville.

L'intérêt des épargnants n'est pas d'investir sans garantie de rentabilité. Or s’il y a bien un secteur dont les bénéfices ne peuvent pas être maîtrisés et où les risques de perte d’argent sont élevés, c'est bien celui des investissements de long terme comme les infrastructures de transport ou la transition énergétique.

Convaincre les épargnants que ces investissements seront rentables et ne leur feront pas perdre d’argent, c’est ce que tente de garantir le recours à des solutions financières innovantes, proposé par ce rapport.

Ainsi, malgré la connotation négative qu'elle a acquise avec la crise, la titrisation « peut jouer un rôle essentiel » suggère la résolution adoptée par le Parlement. Cette fois-ci il ne s’agit plus d’utiliser le procédé pour spéculer mais pour financer l’économie réelle. Afin d’attirer les épargnants, le rapport préconise aussi le recours au rehaussement de crédit- des assurances permettant de couvrir les risques si les investissements s'avèrent désastreux pour les épargnants. Ce système de couverture pourrait être financé par le Fonds européen d’investissement et le programme-cadre pour la compétitivité et l’innovation.

Ce type de solutions suffira-t-il à inciter les futurs rertraités à miser leur épargne sur les grands chantiers européens ? L’affaire est à suivre, car un projet de loi devrait voir le jour à l’horizon 2015.

Sophie Guignon

crédit photo : Flickr 

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