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Croissance et emploi de rigueur


25 février 2014

Le Parlement européen et José Manuel Barroso ont débattu ce mardi 25 février de la coordination des politiques économiques dans le cadre du semestre européen. A l'issue de son discours, le président de la Commission a reçu une volée de bois vert de la part des députés.

 

En préambule du débat et du vote sur la coordination des politiques économiques dans le cadre du semestre européen, José Manuel Barroso a qualifié sa gestion de la crise de « positive ». Le président de la Commission s'est félicité, de "la gestion solidaire de la crise grâce aux fonds européens dans les régions et de la sortie de la récession". Puis, il a souligné les efforts fournis en matière budgétaire tout en louant les réformes "courageuses, qui portent leurs fruits " entreprises par le Portugal, l'Irlande ou l'Espagne. Ce discours d'auto-satisfaction lui a attiré les foudres de la plupart des chefs de groupes politiques du Parlement. Ceux-ci lui ont fraîchement reproché de n'avoir pas mentionné les difficultés sociales que les populations des Etats concernés traversen..

Le premier à dégainer est Philippe Lamberts, chef de file des Verts européens. "La répartition des efforts ne correspond pas à la répartition des responsabilités", fustige le belge, en pointant du doigt l'ancien premier ministre du Portugal. Nigel Farage, le charismatique leader du United Kingdom indépendant Party (UKIP), dénonce quant à lui, "la dévaluation monétaire rendue impossible à cause de l'euro", qui est remplacée "par la dévaluation des pays de la Méditerranée". Son de cloche eurosceptique que l'on retrouve chez les conservateurs britanniques : "la pire des choses serait de donner plus de poids à l'UE" pour Calanan (ECR), qui défend "moins d'impôts, moins de bureaucratie".

Un avis que ne partage évidemment pas Hannes Swoboda, chef du groupe socialiste au Parlement. Lui réclame au contraire plus d'Europe, mais pas celle de Barroso : "la politique de l'UE accroît la mortalité infantile, notamment en Grèce". L'autrichien s'inquiète également du risque de déflation et insiste pour plus d'investissements. Son collègue, Sergio Guttierez Prieto, dénonce "l'Europe de la divergence et de l'inégalité".

La Française Sylvie Goullard, au nom des Libéraux et Démocrates (ALDE) déplore quant à elle le manque de poids du Parlement et les carences « démocratiques dans le contrôle des décisions économiques et sociales en Europe ».

Les seuls soutiens du président de la Commission proviennent sans surprise du PPE. Corien Wortmann-Kool le félicite pour son action. Pour lui, «la reprise est là », et si l'emploi est toujours à la traîne, la seule solution qui vaille est « l'approfondissement des réformes structurelles ». En conclusion, Olli Rehn, commissaire aux Affaires économiques et monétaires, remplaçant au pied levé un Barroso qui s'est éclipsé, souhaite "éviter tout optimisme béat, sans tomber dans le pessimisme nihiliste".

 

MARK IONESCO
ALEXIS BOYER

 

PRIORITÉ À L'EMPLOI ET À LA CROISSANCE

 

En adoptant trois résolutions sur le semestre européen, le Parlement européen a mis l'accent sur les mesures favorables à l'emploi, les investissements, les réformes structurelles et l'approfondissement du marché unique.

La première, présentée par la commission des affairs sociales et de l'emploi, a suscité le plus de débats. Les sociaux-démocrates ont obtenu le soutien des conservateurs et des libéraux pour ajouter une dimension sociale aux priorités macroéconomiques affichées par la Commission. Le texte adopté par 514 voix pour, 118 contre et 49 abstentions. l'invite ainsi à ne pas réduire la compétitivité aux seuls coûts salariaux et à porter l'effort sur les dépenses d'investissement et d'éducation. Les parlementaires réclament également une réunion des ministres de l'emploi et des affaires sociales avant tout sommet de la zone euro, dans un rôle semblable à celui du Conseil ECOFIN.

Le second texte, proposé par la commission des affaires économiques, prône la priorité aux investissements à long terme, tout en réaffirmant la nécessité de réformes structurelles. Libéralisation du marché du travail et soutien aux PME doivent accompagner la baisse des impôts et la rigueur budgétaire. Elle a été adoptée par 545 voix pour, 120 contre et 10 abstentions.

Les parlementaires ont également, en adoptant une troisième résolution de la commission du marché intérieur, affirmé leur volonté de faire de son intégration le troisième pilier du semestre européen. Par 607 voix pour, 64 contre et 9 absentions, ils demandent à la Commission des mesures concrètes pour la création d'un marché unique de l'énergie ou encore d'un système de transport intégré à l'échelle européenne.

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