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Plancher-les-Mines, le vide au bas de La Planche
A Plancher-les-Mines (1 000 habitants), dernière commune avant l’arrivée, l’oasis que représentait Mélisey s’éloigne à mesure que les bosses casse-pattes s’enchainent. Retour dans un village typique d’une région désindustrialisée, où l’usine désaffectée continue de rappeler l’ancien temps toujours plus lointain. Les volets du café-restaurant sont baissés ; on parle de ce lieu au passé. “Nous avons des gîtes qui sont bien sollicités”, tente de rassurer Sylvie Hosette, 2e adjointe au maire. Difficile pourtant de parler de réelle dynamique, quand les quelques commerces encore debout dénotent au milieu des vitrines défraîchies et des panneaux « à vendre ». Danielle, la boulangère, déplore le temps que prend le tourisme à se mettre en place. “Nous sommes un peu déçus mais peu, c’est toujours mieux que rien, rappelle-t-elle comme une évidence, avant de détailler son propos. Le souci, c’est que tout a été lancé rapidement en 2012 (première arrivée du Tour à La Planche des Belles Filles), sans que nous ayions forcément la capacité d’accueil nécessaire. Maintenant, on commence à pouvoir mieux gérer.”
David Darloy et Arthur Massot
La Planche des Belles Filles : décryptage d'une montée déjà mythique
Liberté, minimalisme, écologie, autonomie… Ce sont les images collées à la communauté des tinystes et entretenues par les réseaux sociaux. En Alsace, "l’influenceur" qui fait connaître ce mode de vie, c’est Lars Herbillon, dont les vidéos font des dizaines de milliers de vues sur Youtube. Trois ans après avoir lancé son projet d’auto-construction à 17 ans, il se qualifie aujourd’hui de "digital nomad" et se prépare à lancer son entreprise de construction de tiny house "nouvelle génération". Pour lui, l’habitat léger "permet de pouvoir changer de projet de vie sans contraintes géographiques ou économiques".
Conséquence ou non de sa résidence, les cyclistes amateurs se font plus nombreux. “On en a vu tout l’été, ça n’a pas désempli”, affirme Laurent. Tiens, justement, Joël et Claude descendent de leur monture. Venus du Luxembourg, ils dorment dans leur camping-car, comme la majorité des voyageurs. Les infrastructures hôtelière et de restauration manquent et font pâle figure face à celles des Alpes. Pour la Grande Boucle, la scène est presque caricaturale, avec les rangées de camping-car déjà alignées, et leurs propriétaires déjà prêts à apercevoir les coureurs.
Mélisey, lieu de résidence de l’idole, s’habitue aux cyclotouristes
Une dizaine de kilomètres séparent Lure du lieu de résidence actuel de Thibaut Pinot. Au fil de la route, le territoire devient de plus en plus dynamique, comme si la seule présence du coureur revivifiait une commune et permettait d’envisager le retour d’un dynamisme perdu. Pour s’y rendre, cap au nord-est. Le bitume s’élève légèrement, il fallait s’y attendre. Suffisamment pour calmer les ardeurs d’un cycliste du dimanche, bien trop peu pour titiller les jambes d’un habitué du Tour de France. Les monts environnants se rapprochent à mesure que les lignes droites s’enchaînent. Au bout d’une d’entre elles surgit Mélisey, 1 700 habitants.
Durant le confinement, c’est ici que le sportif a passé un confinement paisible, entouré de ses chèvres Kim et Quentine. En temps normal, c’est aussi là que le triple vainqueur d’étape sur le Tour aime se ressourcer. Malgré son emploi du temps, il est intégré à la commune, d’autant plus qu’il est le fils du maire, Régis. Et aucun doute à voir les banderoles : la commune est fière de son coureur. Laurent, gérant du café-restaurant de la mairie confirme que "tout le monde le connaît ! Il ne se passe pas une semaine sans qu’on nous demande où il habite."
Le territoire tente de capitaliser sur la dynamique lancée par le grimpeur, pour devenir une terre de cyclotourisme. En hauteur, le plateau des Mille étangs a été créé spécialement à cet effet. Mais pour le moment, l’initiative reste balbutiante. “Il n’y a pas d’office de tourisme à Lure ; elle est à 7-8 km”, regrette une buraliste.
L’arrivée du Tour de France “attirera 10 000 personnes, de quoi doubler la population”, chiffre Gauthier, lycéen en semaine, sapeur-pompier le week-end. Il sera mobilisé le jour de l’étape, en renfort. Mais cette vague ne devrait être qu’éphémère, au grand dam des commerçants. “Ceux qui viennent auront leurs propres boissons ; il ne viendront pas consommer”, craint Yves, patron du Café du Nord. Surtout, tous seront partis le soir venu.
Dans le doute d’une bonne surprise, tout est fait pour que la fête soit belle. Les décorations aux couleurs du Tour se succèdent sur les façades des maisons, sur les vitrines des commerces. Pas avare de la moindre communication, le département a multiplié les dispositifs publicitaires, pour rappeler son nom aux téléspectateurs.
Alors que des personnalités politiques s'essayent sur la plateforme de diffusion en direct Twitch, l'implantation de cette thématique dans le temple du jeu vidéo s'accompagne de multiples questionnements. Analyse.